survielero

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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

samedi 27 février 2010

Projection du film "La fin de la pauvreté" à Limoux

Le Ciné-Club de Limoux
propose
Le dimanche 28 février à 17 heures
au Cinéma L'Élysée, Allée des Marronniers
Le film sera présenté par Henri Callat et suivi d'un débat avec les associations ATD-Quart Monde, LDH, Amnesty International, MRAP et Survie.
"Avec tant de richesses dans le monde,
pourquoi y a-t-il encore tant de pauvreté ?"
Aujourd'hui, plus d'un milliard de personnes vivent avec moins d'un dollar par jour. Toutes les trois secondes, un être humain meurt de faim. Ces chiffres ne résultent pas d'une fatalité mais d'un pillage de la planète par les pays développés.Tel est le message du documentaire de Philippe Diaz.
"Comment peut-on encore ignorer la pauvreté ? Ne rien faire, ne rien dire, s'apparente à de la non-assistance à humanité en danger. Le film de Philippe Diaz explique de manière claire et intelligible les mécanismes qui font de la pauvreté un mal endémique et qui s'étend..."
J. J. Beineix, producteur du film.

Autres projections en région:
Du 24 Février au 2 Mars
MONTPELLIER (34007): Cinéma LE DIAGONAL
5 Rue de Verdun
NARBONNE (11100): Cinéma CINEM'AUDE
27 Ave du Maréchal De Lattre de Tassigny 

vendredi 26 février 2010

La France, l'Union européenne et le Togo : conférences de Comi Toulabor à Carcassonne et Montpellier


Dans le cadre de la campagne
2010 : Libérons-nous de 50 ans de Françafrique !
L’association Survie Languedoc-Roussillon propose*
2 conférences-débat
de
Comi Toulabor 
Chercheur, Centre d'Études d'Afrique Noire, CNRS/Sciences Po Bordeaux,
militant de Survie

La France et l'Union européenne
dans  l’élection présidentielle du 4 mars
au Togo : où est la rupture ?
À Carcassonne
Le lundi 1er mars 2010 à 20 h.
Ancien Hôtel de Ville, salle Joë-Bousquet, 53 rue de Verdun
À Montpellier
Le mardi 2 mars, de 18h à 20h30
Espace Martin Luther King, 27 bd Louis-Blanc (tram Corum ou Louis Blanc)

Plus que celle d'avril 2005, la présidentielle de mars prochain comporte des enjeux importants pour les Togolais et aussi pour l'UE et la France. Financièrement impliquées, celles-ci le sont aussi politiquement. Si elles appellent à une élection transparente et sincère, tout indique que le pouvoir n’en prend pas le chemin.  Les vives préoccupations qu'elles se contentent d'exprimer contrastent avec les termes du contrat de bonne gouvernance électorale signé en décembre dernier avec les autorités togolaises. Il suffira que la présidentielle ne soit pas violente pour qu'elle soit acceptée et validée par la France et l'UE. Ce qui augure plus d’une continuité que d’une rupture qualitative qui risque une fois de plus de ne pas être au rendez-vous.

*Avec le soutien de : ACAT Aude, ATTAC Montpellier, CADTM, CCFD Aude, LDH Hérault, Mouvement de la Paix Aude et Hérault

mardi 9 février 2010

Togo : Election présidentielle du 28 février 2010, une nouvelle mascarade en perspective

NOTE : entretemps, la date de l'élection a été reportée au 4 mars

par Cedetim, Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique*, Mouvement de la paix, Peuples solidaires, Survie, 9 février 2010

Dans la perspective de l’élection présidentielle, les organisations signataires appellent l’Union européenne et la France à ne pas cautionner une élection qui ne serait pas démocratique et transparente et à prendre des mesures afin de prévenir toute dérive violente du régime en cas de contestations.

Depuis la mort, en 2005, du général Eyadéma resté 42 ans au pouvoir, les Togolais sont appelés aux urnes pour la deuxième fois. La précédente élection, en avril 2005, avait intronisé Faure Gnassingbé (fils du précédent), à l’issue d’un coup d’Etat électoral et d’une répression féroce, faisant selon l’ONU entre 400 et 500 morts et environ 40 000 réfugiés.

La signature, en août 2006, sous la pression de la communauté internationale, d’un Accord politique global (APG) avec les principales formations politiques, avait permis la reprise de la coopération de l’Union européenne, suspendue depuis 1992 pour « déficit démocratique ». Jusqu’ici, aucune des réformes préconisées par l’APG n’a vu le jour. En outre quasiment aucune mesure n’a été prise par le régime pour poursuivre les auteurs des crimes commis en 2005, à part la création en février 2009 d’une Commission vérité, justice et réconciliation qui pour le moment n’a pu travailler ni mener à bien sa mission.

C’est ce même régime qui organise aujourd’hui l’élection présidentielle. Or celui-ci met tout en œuvre afin que Faure Gnassingbé se maintienne au pouvoir. En effet, les conditions d’organisation du scrutin n’offrent manifestement pas toutes les garanties d’une élection démocratique et transparente avec :

- une Commission électorale (CENI) et une Cour constitutionnelle acquises au régime qui, pour des motifs fallacieux et sur ordre du régime, a écarté un des principaux concurrents à la magistrature suprême ;
- un scrutin uninominal majoritaire à un tour, à l’avantage de Faure Gnassingbé qui peut ainsi être élu sans bénéficier de la majorité des suffrages exprimés [1] ;
- une révision des listes électorales bâclée et un fichier électoral fortement contesté ;
- des achats de voix observés.

A cela s’ajoute une dérive autoritaire et sécuritaire du régime à l’approche du scrutin avec :

- une recrudescence des intimidations afin de créer un climat de peur au sein de la population ;
- la nomination du major Kouloum Bilizim à la tête de la milice des Groupes de réflexion et d’appui au parti RPT (GRAP) alors qu’il est cité dans plusieurs rapports comme instigateur et présumé auteur de nombreux actes de violences en 2005 [2] ;
- la nomination du Lieutenant-colonel de gendarmerie Yark Damehane à la tête de la Force Sécurité Election présidentielle 2010 (FOSEP) alors que, selon un témoignage, cet officier “ a dirigé les séances de torture au cours des interrogatoires [pendant la répression de 2005] [3].

L’UE, principal financeur de l’élection dans le cadre d’un “ Projet d’Appui aux Processus Électoraux ” (PAPE), porte une grande responsabilité dans l’organisation et la supervision de celle-ci mais aussi dans les risques de dérive sécuritaire. En effet c’est également elle qui finance le volet « sécurisation de l’élection », mis en œuvre par l’Agence Française de Développement (AFD). En formant et en organisant l’équipement de la FOSEP, la France, indéfectible soutien politique et policier de la dictature Eyadéma depuis plus de 40 ans, conforte quant à elle une position pour le moins trouble.

Les organisations signataires appellent donc l’UE :

- à prendre les mesures nécessaires auprès des autorités togolaises afin de garantir une élection libre, démocratique et transparente, et en cas contraire de suspendre sa coopération ;
- à renforcer les moyens du contingent des 130 observateurs afin d’assurer une observation crédible des 6 000 bureaux de vote ;
- à exiger la révocation du major Kouloum Bilizim et du Lieutenant-colonel Yark Damehane.

En outre, les organisations signataires exigent des autorités françaises :

- qu’elles s’impliquent véritablement dans l’organisation d’une présidentielle démocratique et transparente, et non pas seulement dans sa supervision et sa “ sécurisation ” ;
- qu’elles suspendent toute coopération, bilatérale et multilatérale dans le cadre du PAPE, avec les organes de police et de gendarmerie (notamment la FOSEP) dès lors qu’ils seraient manifestement impliqués dans des violations des droits de l’Homme ;
- qu’elles dénoncent et condamnent toute dérive violente du régime, si tel était le cas.

L’élection présidentielle togolaise constitue une occasion pour les autorités françaises de rompre avec une politique de validation d’élections frauduleuses ou de prise de pouvoir anti-démocratique comme elles l’ont fait durant l’année 2009 avec le coup d’État à Madagascar, l’élection d’un putschiste en Mauritanie, l’élection présidentielle truquée au Congo Brazzaville, le coup d’État électoral au Gabon ou encore le coup d’État constitutionnel au Niger.

Cette année 2010, durant laquelle les autorités françaises entendent achever la rénovation des relations entre la France et l’Afrique, ne peut s’ouvrir sur une nouvelle validation d’un coup d’État électoral au Togo.

Contact presse : Survie : Stéphanie Dubois de Prisque. Tél : 01 44 61 03 25. stephanieduboisdeprisque(a)survie.org

* Collectif regroupant Assez de coup d’Etat, Afrique en luttes (NPA), Cédétim, Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD), Les Verts, Survie, Union des Populations du Cameroun (UPC)].

[1] Bien qu’accepté par les forces politiques d’opposition, ce mode de scrutin est contraire aux dispositions de l’accord politique global du 20 août 2006.

[2] Rapports de l’ONU, de la FIDH, de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH).

[3] Rapport de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) présenté au Comité contre la torture des Nations unies en mai 2005
Lire aussi
Togo : Présidentielle du 28 février 2010 : un œil sur la France, par
Comi Toulabor, Billets d'Afrique, février 2010
Écouter l'interview de Comi Toulabor sur
Dernières nouvelles de la Françafrique, l'émission de radio de Survie Ile-de-France sur Radio Fréquence Paris Plurielle

lundi 8 février 2010

Impunité au Cameroun

Radiosurvielero
Débat sur le film Une affaire de nègres, animé par Odile Biyidi, présidente de Survie, le 16 janvier 2010 à Carcassonne
Le 16 janvier 2010, au cinéma le Colisée, à Carcassonne, Survie Languedoc-Roussillon organisait la projection du film Une affaire de nègres, d’Osvalde Lewat, présenté et commenté par Odile Biyidi, présidente de Survie, avec la participation du public. Nos reporters étaient présents.

dimanche 7 février 2010

Le prix Unesco-Obiang : Le Truand, la Brute et le Bon

par Agustín VELLOSO, 23/1/2010. Traduit par  Philippe Cazal, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : El Premio UNESCO–Obiang: el Malo, el Feo y el Bueno

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo Photo João Henriques/
AP Photo
Le Truand
Teodoro Obiang Nguema, le récalcitrant président de Guinée Equatoriale, est un homme très riche. Il a accumulé tellement d’argent et il a acquis tellement de biens que la seule solution qu’il aurait pour se débarrasser de ses billets de banque serait d’y mettre le feu.
Il ne peut pas utiliser cet argent pour parvenir au pouvoir puisqu’il jouit du pouvoir absolu depuis plus de trente ans. Son fils aîné n’a rien à lui envier question richesse et les autres membres de la famille nagent dans l’abondance. L’organisation Global Witness a publié à ce sujet en novembre 2009 un rapport intitulé « La vie cachée d’un accro du shopping, ou comment le play-boy de fils d’un dictateur africain est arrivé à dépenser des millions de dollars aux États-Unis. »

Teodorín, le fils du dictateur. Photo Javier Espinosa/El Mundo
Teodoro Obiang n’a pas non plus besoin de cet argent pour se faire une place parmi les puissants de ce monde. Ceux-ci le traitent bien et même, à certaines occasions, affectueusement. Lorsque l’ex-Secrétaire d’Etat US, Rice, l’a reçu à Washington en 2006, elle lui a dit : « vous êtes un bon ami et vous êtes le bienvenu dans ce pays ». http://www.state.gov/ 
Il a été reçu à six reprises à Pékin par Hu Jintao, qui lui a dit : « nos relations bilatérales se sont développées avec bonheur ». http://www.embajadachina.org.mx/esp/xw/t217927.htm
Obiang est en bons termes avec la gauche et avec la droite espagnoles. Moratinos, le ministre des Affaires Etrangères (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol), affirmait en 2006 que l’objectif de l’Espagne était d’ « accompagner, d’encourager, de motiver la Guinée à avancer dans le processus de démocratisation et de défense des Droits de l’Homme ». http://www.diariodeleon.es/noticias/noticia.asp?pkid=291461

Obiang et Moratinos
C’est exactement ce que pensait Aznar (Parti Populaire) qui, en 2001, alors qu’il était  Président  du Gouvernement, « le pria d’avancer dans la démocratisation de la Guinée équatoriale  ». http://www.maec.es/es/MenuPpal/Paises/ArbolPaises/Guinea%20Ecuatorial/Monografia/Documents/Guinea%20Ecuatorial.pdf
Une délégation parlementaire des deux partis cités et de Convergència i Unió, en visite en Guinée équatoriale  en 2007, apprécia « les avancées dans le processus de démocratisation ». http://www.asodegue.org/junio1607.htm
Récemment a été mis en exergue l’un des mérites les plus reconnus d’Obiang : le porte-parole du Parti Populaire à la Commission des Affaires Etrangères du Congrès des Députés d’Espagne, Arístegui, a déclaré, en janvier 2010, qu’il était « profondément hispaniste ». http://www.europapress.es/internacional/noticia-guinea-ec-aristegui-entrevista-obiang-visita-privada-guinea-ecuatorial-20100112142347.html
Malgré tout cela, l’opinion qu’ont de lui les citoyens équato-guinéens, les agences de l’Onu - et d’autres agences internationales - sur les Droits de l’Homme et le développement, ainsi que les organisations des Droits de l’Homme et le commun des mortels est soit négative soit exécrable. http://www.amnesty.org/fr/region/equatorial-guinea/report-2009
La Brute
Obiang n’ignore pas l’opinion que l’on a couramment de lui et il croit que l’argent peut l’aider à l’améliorer. C’est là qu’entrent en action les groupes de pression (les lobbies), les agences de relation publique et les cabinets d’avocats. Depuis quelques années, des pages électroniques sur internet, des éditoriaux dans la presse et des rapports sur l’évolution du pays et sur ses réussites ont commencé à s’accumuler et à rendre compte des bontés du méchant homme.
L’influence de ces cabinets de lobbying sur les centres de pouvoir est bien connue et on l’apprécie à leur nombre et à leurs gains. On a évalué à 17 000 le nombre de personnes qui travaillent dans ces groupes à Washington et à environ 15 000 à Bruxelles. http://archive.corporateeurope.org/docs/lobbycracy/lobbyplanet.pdf
Le cabinet choisi par Obiang aux USA, Cassidy & Associates, a gagné, par ses activités, plus de 23 millions de dollars en 2008. Depuis 2004, le dossier  Obiang a rapporté à la firme pas moins de 120 000 dollars par mois, selon des informations du ministère de la Justice de ce pays. http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Cassidy_%26_Associates#Contact_information
L’un des succès de Cassidy est cette déclaration de bienvenue de Rice. La photographie d’Obiang à ses côtés a tellement de valeur qu’aujourd’hui encore, plusieurs années après, elle figure en tête de la page électronique officielle du gouvernement de Guinée équatoriale, à côté des photos des paysages les plus typiques du pays. http://www.republicofequatorialguinea.net/   
La force de ces groupes de pression est mise en évidence par la déclaration de Frank Ruddy, ex-ambassadeur des USA en Guinée équatoriale  : « Il y a quelques années, les fonctionnaires ne parlaient pas des relations avec ce pays ou faisaient allusion à ses problèmes et aux terribles violations des Droits de l’Homme. Aujourd’hui, tout le monde peut croire que c’est le frère de Mère Térésa qui gouverne le pays. » http://motherjones.com/politics/2007/05/putting-lipstick-dictator
Bien sûr, la publicité positive que lui font ces groupes de pression n’est pas l’unique soutien ni le plus important sur lequel peut compter Obiang. C’est un élément de poids qui s’ajoute à l’appui que lui offrent les gouvernants de pays puissants, de sorte que les deux se complètent.
Le plus important réside dans les actions que ces gouvernants mènent, sous une forme moins visible, au sein des principales institutions internationales et nationales et dans celles à caractère bilatéral avec la Guinée équatoriale. Obiang leur renvoie aussi l’ascenseur, d’une autre façon, principalement au travers d’accords commerciaux, militaires et d’autres types avec les nations qu’ils représentent.
Il y a, aux USA et en Europe, des enquêtes officielles sur l’énorme corruption d’Obiang. Par exemple, un sous-comité du Sénat US a signalé qu’il détenait dans ce pays quelque 700 millions de dollars sur un compte de la Banque Riggs, aujourd’hui disparue (Le rapport, intitulé « Blanchiment d’argent et corruption à l’étranger », est disponible, en espagnol, sur http://www.asodegue.org/dfebrero0305.htm)
En France et en Espagne il y a des juges qui essaient d’éclaircir, manifestement sans succès grâce à la protection des amis d’Obiang, ce dont a entendu parler même le citoyen le plus insouciant : que le compte de la Banque de Santander, avec plus de 26 millions de dollars, comme les propriétés immobilières dans les Asturies, à Madrid et aux Canaries, ainsi que des biens semblables d’une valeur immense en France appartiennent aux Équato-Guinéens.
Toutefois, tout a été accaparé par Obiang à travers le contrôle de l’exploitation pétrolière aux mains de multinationales, us principalement (Voir, au sujet de la France, la tribune d’Eulàlia Solé, parue le 6 novembre 2009 dans La Vanguardia ( Vergüenza para Francia) et sur l’Espagne le commentaire publié en mai de la même année sur http://espacioseuropeos.com/?p=6764)
Pour une raison qui est probablement liée au mépris que l’ardent hispaniste ressent pour l’Espagne, la responsabilité de la publicité en sa faveur incombe, dans ce pays, à une personne incroyablement fruste.
En 2009 elle a déclaré : « Jusqu’à il y a quelques mois je ne savais pas qu’en Guinée équatoriale  on parle espagnol ». Malgré un curriculum aussi peu prometteur, elle peut dire aujourd’hui : « Je dirige avec une grande fierté, bien sûr, le Bureau d’information de la Guinée équatoriale  en Espagne et dans d’autres pays ».
Même si l’on apporte du crédit à ce qu’elle dit, on comprend d’autant moins pourquoi elle utilise, pour ses communications de directrice de ce bureau, une adresse de courrier électronique associée à Centauro, une entreprise spécialisée dans les affaires en relation avec les numéros 803 et 806, c’est-à-dire les lignes érotiques, plutôt qu’une adresse associée à l’ambassade ou à tout autre organisme officiel de la Guinée équatoriale.
Elle se présente, de manière ampoulée et maladroite, sur un forum internet sur la Guinée équatoriale  : « Salut, je suis N.B. Je suis journaliste, je travaille pour plusieurs supports et j’ai eu la chance de faire la connaissance d’Armando, qui m’a fait découvrir ce forum et un grand nombre de vos histoires. »
Comme elle ne réussit pas à atteindre la notoriété qui doit selon elle être associée à sa « fonction », elle passe ses journées à essayer d’encourager la fréquentation, bien qu’il se peut aussi qu’elle soit payée à la tâche. Dans un autre message sur le forum elle se réfère à un reportage sur la Guinée équatoriale  qui, disait-elle, allait paraître dans la revue Hola en août 2008 : « C’est moi qui ai souligné l’intérêt de réaliser ce reportage, placé exclusivement sous une approche émotionnelle, comme il convient concrètement à cette revue. »
Le Bon
L’un des conseillers en image d’Obiang lui a présenté une idée géniale : prendre l’initiative d’une action de propagande spectaculaire que tout le monde louerait pour ses mérites intrinsèques et qui soit mise en œuvre en association avec une institution prestigieuse pour l’opinion publique internationale.
Enthousiasmé par cette idée, Obiang se rendit à la Conférence générale de l’Unesco d’octobre 2007, où il annonça sa proposition de créer le « Prix de l’Unesco-Obiang Nguema Mbasogo pour la Conservation de la Vie », qui serait financé par le gouvernement de la République de Guinée équatoriale.
Compte tenu du traitement qu’Obiang réserve à la vie de ses compatriotes, le nom du prix s’avérait trop sanglant, même pour l’Unesco, qui pourtant traîne une histoire peu édifiante de relations avec des trafiquants d’armes et des dictateurs. http://www.globalwitness.org/
Sur une nouvelle idée d’un conseiller, le gouvernement de la Guinée équatoriale  présenta devant l’Unesco, le 29 septembre 2008, le document intitulé « Création du prix international Unesco-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en Sciences de la Vie » (Voir le document sur http://unesdoc.unesco.org/images/0016/001629/162938f.pdf).
Le corrupteur et la corrompue n’avaient pas prévu les effets collatéraux de cette proposition mal venue. Ce qui les en a empêchés, c’est l’omnipotence de celui qui est habitué à acheter tout ce qu’il désire avec de l’argent et l’alignement de l’Onu et de quelques unes de ses agences sur la politique néolibérale, qui les amène à saisir toute opportunité de mener une opération de propagande pour justifier leur triste existence par-delà tout autre considération, y compris leurs obligations statutaires. (Voir Prolongation de l’appel à candidatures du Prix International UNESCO-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie 2009. Initialement fixée au 25 septembre 2009, la soumission des dossiers est prolongée jusqu'au 30 décembre 2009.)
Quand cette proposition fut connue quelques gouvernements qui prévoyaient le fiasco se mirent à émettre une série de critiques et des organisations non-gouvernementales qui avaient Obiang dans le viseur exprimèrent leur dénonciation. Et en janvier 2010 on annonça publiquement que l’Unesco suspendait provisoirement le prix. L’Unesco invoqua une « révision des procédures » qui affectait aussi d’autres prix, ce qui apparut comme une tentative minable de donner un air de normalité à ces manigances avortées. http://scidev.net/es/news/unesco-aplaza-premio-de-guinea-ecuatorial-por-protestas.html
La mobilisation de ces ONG influentes et de quelques individus solidaires a réussi à contrecarrer un scandale qui, bien que peu reluisant pour les Équato-Guinéens, a au moins mis en évidence une fois de plus quelques points importants :
1.   La vénalité des organismes internationaux et leur incapacité à atteindre leurs objectifs et ceux de la Charte des Nations Unies.
2.   Les tentatives et les combines d’Obiang et de ses soutiens politiques et économiques pour obtenir ce que tout l’argent du monde ne peut pas lui permettre d’obtenir : avoir l’appui de son peuple et être respecté par le reste de l’humanité.
3.   L’importance de l’action de groupes et de personnes opposés aux abus et à la corruption des puissants.



Il ne reste plus rien à volerChroniques de Guinée équatorialeAgustín Velloso
2008


204 pp., 12 € + frais d'envoi.
ISBN 978-84-612-6762-0
Distribution et vente directe : Virus