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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

mercredi 29 juin 2011

Massacres en Côte d’Ivoire : arrêtons 
la fausse symétrie entre les deux camps

Quel rôle joue la France aux côtés d’Ouattara ?
Par MICHEL GALY, POLITOLOGUE (*), L'Humanité, 24/6/2011
Villages incendiés, habitants brûlés vifs, paysans traqués en brousse par centaines. Et parfois plus : un millier lors de l’entrée des pro-Ouattara à Duékoué, à l’ouest du pays : crime de guerre ou crime contre l’humanité ? Mais aussi des quartiers entiers d’Abidjan pillés, des militants pro-Gbagbo assassinés tous les jours pour leur nom, leur âge, leur ethnie (l’ethnocide au sud concerne en particulier les Bété, Attié et Guéré), par centaines, sans compter les torturés ou les liquidés de l’Hôtel du Golf, siège du nouveau pouvoir et base de ses escadrons de la mort.
Trois fois plus de morts – de 3 000 à 5 000 cadavres – pour les deux mois d’Alassane Ouattara, ce héros de l’Occident, que pendant les dix ans de la gouvernance de Laurent Gbagbo. Où sont les humanitaires et leurs relais, les dénonciations politiques à Paris et les résolutions de l’ONU ?
Arrêtons la fausse symétrie entre les deux camps : ces massacres sont bien le fait des pro-Ouattara, cautionnés par l’armée française et onusienne, dans une complicité implicite ou passive. Chacun sait maintenant que les hélicoptères d’assaut de la force « Licorne » et ses supplétifs onusiens ont réalisé la pire intervention coloniale depuis la répression de l’UPC au Cameroun et la guerre d’Algérie.
Décapiter l’élite politique et intellectuelle sudiste, proche de Laurent Gbagbo et du Front populaire ivoirien, au profit d’un « mercenaire » des intérêts occidentaux, selon l’expression de Jean Ziegler. Bombarder les lieux de pouvoir d’un pays qui n’a plus de souverain que le nom : présidence, résidence, camp militaire, télévision… La leçon est terrible : cinquante ans après les indépendances formelles, il n’y a plus que sujétion et humiliation ! Et voilà qui remet en cause bien des analyses à la mode : à l’aune du coup d’État franco-onusien, on n’est pas encore en « post-colonie » ni prêt à sortir de la nuit coloniale. Décidément, chaque fois que l’homme africain s’essaie à entrer dans l’histoire, on lui écrase le visage à coup de bottes.
Malgré un formatage médiatique et une certaine lâcheté chez des analystes patentés qui ont cautionné ces massacres, la vérité se fait jour. Il faut arrêter la fausse symétrie entre les deux camps et la politique d’occultation des « spécialistes des droits de l’homme » : depuis la prise du pouvoir du camp Ouattara, ce sont bien eux qui massacrent en fonction des cartes d’identité – comme au Rwanda, qui torturent ou embastillent ou déportent les opposants, tandis que les journalistes pro-Gbagbo sont traqués et que l’« État dyoula » s’est mis en place : tout le reste est révisionnisme. Quel recours à Yopougon, quartier martyr, quand les tueurs font des « patrouilles communes » avec la force « Licorne » et l’Onuci ? Plus qu’au Rwanda, notre institution militaire est complice ou coupable : où est la fameuse « éthique » dont se targuent les philosophes en kaki – notamment l’obligation de désobéir à des ordres illégaux ?
À qui a sillonné le pays depuis vingt ans, suivi les élections sur le terrain et mené de récentes missions en zone rebelle, le doute n’est pas permis : oui, les élections largement truquées au nord ont bien été « la continuation de la guerre par d’autres moyens » (Bertrand Badie) ; oui, l’ambassade de France a été et reste une officine anti-Gbagbo ; et oui, la déportation en terre ennemie et l’incarcération à la Lumumba, dans des conditions ignobles, des responsables pro-Gbagbo ont été autant planifiées que la désinformation continue ou l’armement des rebelles, jusqu’à la logistique, les pick-up ou les uniformes. C’est pourquoi les responsables onusiens ou français, donneurs d’ordres illégaux en regard des résolutions onusiennes, risquent la Haute Cour de justice ou les juridictions internationales, tandis que Guillaume Soro et Alassane Ouattara sont passibles de la CPI pour ce qui se passe en Côte d’Ivoire.À propos, comment s’appelle un régime qui massacre sa propre population, qui est arrivé au pouvoir dans les fourgons (pardon, les hélicoptères) de l’étranger, qui n’a de forces que des bandes armées incontrôlables et des délinquants sans foi ni loi ? Sans Parlement ni Cour constitutionnelle, contrôlé par deux corps expéditionnaires, en train de brader les richesses du pays sans contrôle, et de tuer, comme au Rwanda, sur des bases ethniques ? Vous avez dit « dictature » ?

(*) Auteur de Guerres nomades et sociétés nomades, aux Éditions L’Harmattan.

dimanche 26 juin 2011

Génocide au Rwanda : des tueurs parmi nous ?

La GRANDE TRAQUE sur France 2
Génocide au Rwanda : des tueurs parmi nous ?
Le documentaire de Manolo d’ARTHUIS sur le génocide des Tutsi au Rwanda et plus particulièrement sur les activités du CPCR et la présence de présumés génocidaires rwandais sur le sol français sera diffusé sur France 2 le
Mardi 28 juin 2011 vers 22h40
malgré tous les efforts des protagonistes (Mme Kanziga, Bivugabagabo et Twagira) pour faire interdire sa diffusion.
 Il sera rediffusé le Vendredi 1 Juillet vers 00h10
Durée : 70 mn
Le documentaire sera suivi d’un plateau d’une vingtaine de minutes animé par Nicolas POINCARE, avec la participation de son Excellence Jacques KABALE, ambassadeur du Rwanda en France, de Filip REYNTJENS, constitutionnaliste et politologue belge, de Maria MALAGARDIS, journaliste et d’Alain GAUTHIER, président du CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda). 
PARIS, 23 juin 2011 (AFP) - Agathe Habyarimana, veuve de l’ancien président rwandais dont l’assassinat avait déclenché le génocide de 1994, a perdu jeudi le procès qu’elle avait engagé afin d’éventuellement voir interdire la diffusion d’un reportage sur le génocide rwandais programmé par France 2. Agathe Habyarimana, qui réside dans l’Essonne, avait assigné en référé France Télévisions et le producteur Tony Comiti. Deux autres Rwandais résidant dans l’Hexagone, l’ex-lieutenant-colonel de l’armée rwandaise Marcel Bivugabagabo et le Dr Charles Twagira, également interviewés dans le documentaire, s’étaient joints à son action. Le documentaire litigieux, qui s’intitule "Génocide rwandais : des tueurs parmi nous ?", s’inscrit dans une collection de cinq documentaires d’investigation baptisée "La grande traque". Réalisé par le journaliste Manolo d’Arthuys, le reportage doit être diffusé une première fois le 28 juin à 20H40, et une seconde fois le 1er juillet à 00H20. Craignant une atteinte à leur présomption d’innocence, les demandeurs réclamaient le visionnage préalable du reportage et le cas échéant l’interdiction de sa diffusion. Dans une ordonnance rendue jeudi, le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris, Emmanuel Binoche, les a déboutés, jugeant que les demandeurs "n’apportent pas les éléments propres à laisser très sérieusement présumer que le journaliste aurait dans sa présentation du document manqué à son obligation de s’abstenir de toutes conclusions définitives, mais aurait au contraire manifesté un préjugé à leur égard, tenant de façon péremptoire pour acquise leur culpabilité avant tout jugement".

Lire aussi

Les journalistes ont-ils le droit d'enquêter sur les accusations de génocide?
Une bataille judiciaire oppose pour la première fois trois Rwandais réfugiés en France aux producteurs d’un documentaire sur le génocide de 1994.

mercredi 22 juin 2011

Toulouse, 23 juin : "DÉGAGE" : le mot du Printemps Arabe ? ارحل


Dans le cadre du Marathon des mots de Toulouse
Avocats Sans Frontières France, l’École Des Droits de l'Homme et la Mairie de Toulouse
vous invite à venir assister et participer à une conférence interactive
"DÉGAGE"  : le mot du Printemps Arabe ?
ce jeudi 23 juin 2011 dès 18h30
à la Maison des association 81 rue Saint-Roch à Toulouse
Animé par l’école des droits de l’Homme.
En présence de Kader ARIF, Conseiller municipal délégué aux relations internationales à la Mairie de Toulouse.
Intervenants :
    Radia NASRAOUI, tunisienne, défenseur des droits de l'Homme
    Anour KOUSRI, avocat tunisien engagé pour la défense des droits de l’Homme
    François CANTIER, Président d’Avocats Sans Frontières France
    Nathalie MULLER, avocat, membre d’ASF France
    Rasha NAJEM, libyenne, enseignante à l'Université de Toulouse                  
    Mansour SAYAH, professeur de lettres à l’Université de Toulouse

 ارحل (Erhel)=dégage (photo du Caire, février 2011)

lundi 20 juin 2011

Areva, un avenir radieux sous les cocotiers: bientôt une enquête parlementaire ?

De l’uranium africain aux paradis fiscaux de la Caraïbe
par Rosa Moussaoui, L'Humanité, 15/6/2011
Une holding du géant nucléaire français Areva est immatriculée aux îles Vierges britanniques, 
un paradis fiscal.
De l’Afrique australe à la mer des Caraïbes… Areva Resources Southern Africa, la holding regroupant les activités minières du géant nucléaire français en Afrique (à l’exception du Niger et du Gabon), affiche une géographie à vous faire perdre le nord. Cette entité regroupe les gisements d’uranium autrefois détenus par la société canadienne UraMin, cotée à Londres et Toronto, rachetée par Areva en juin 2007 pour un montant de 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros). Rebaptisée Areva Resources Southern Africa, cette structure dispose aujourd’hui de filiales en Namibie, en République centrafricaine, au Sénégal et en Afrique du Sud. Devenue propriété du groupe nucléaire français, cette holding est pourtant toujours immatriculée... aux îles Vierges britanniques, un paradis fiscal notoire. Pas aux yeux de l’OCDE, qui a retiré l’archipel de sa « liste grise » après qu’il eut signé, en 2009, des conventions portant sur l’échange de renseignements en matière fiscale avec douze pays, parmi lesquels… d’autres paradis fiscaux. Comme les îles Caïmans ou les îles de Jersey et Guernesey, les îles Vierges britanniques figurent désormais sur la « liste blanche » des « juridictions qui ont substantiellement mis en place la norme fiscale internationale ».
Crise globale oblige, les temps ont changé, l’heure est à la « moralisation du capitalisme financier ». Ne dites plus « paradis fiscal », mais « pays à la fiscalité très faible ou avantageuse ». Avec la signature, l’an dernier, d’une convention bilatérale, la France a elle aussi blanchi ce territoire d’outre-mer du Royaume-Uni où l’impôt sur les sociétés n’existe pas. Championnes des avantages fiscaux, comptables et juridiques accordés aux banques, fonds de pension et autres trusts immatriculés sur leur territoire, les îles Vierges britanniques sont classées au 16e rang des paradis fiscaux les plus opaques et les plus nocifs par le Tax Justice Network, une coalition d’ONG. À une centaine de kilomètres à l’est de Porto Rico, sous les cocotiers de cette cinquantaine d’îles, dont seulement une quinzaine sont habitées, on ne compte pas moins de 830 000 sociétés enregistrées, pour seulement 24 000 habitants. Soit 34 sociétés par habitant… Tout à ses projets de filialisation des activités minières d’Areva, qui doivent servir de prélude à l’ouverture du capital, voire à la privatisation du groupe nucléaire, l’État français, actionnaire majoritaire (87 % des titres et 93 % des droits de vote), ne semble pas s’émouvoir de cette immatriculation exotique. Contacté, Areva n’avait pas donné suite à nos sollicitations, hier, à l’heure où nous mettions sous presse. Mais après tout, où est le problème ? Nicolas Sarkozy lui-même l’avait annoncé, dès le 24 septembre 2009 : « Il n’y a plus de paradis fiscaux. Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est fini. »

L’affaire qui embarrasse le nouveau PDG d’Areva

par François Labrouillère - Parismatch.com, 19/6/2011
L’affaire qui embarrasse le nouveau PDG d’Areva
Luc Oursel et Anne Lauvergeon. | Photo Remi OCHLIK/IP3/MaxPPP

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Le remplacement d’Anne Lauvergeon par Luc Oursel à la tête d’Areva fait resurgir l’embarrassant dossier de la filiale UraMin, révélé par Paris Match en avril dernier. Immatriculée dans un paradis fiscal –les Iles Vierges Britanniques-, cette société a été rachetée par Areva, en 2007, au prix astronomique de 1,8 milliard d’euros. Mais, à ce jour, ses gisements d’uranium, en Afrique du Sud, Centrafrique et Namibie, n’ont toujours rien produit.


Auditionnée par la commission des finances de l’Assemblée nationale, le 14 juin dernier, deux jours avant l’annonce du non renouvellement de son mandat, Anne Lauvergeon, la présidente sortante d’Areva, n’a pas manqué d’être interrogée sur le rachat à prix d’or, en juin 2007, de la petite société UraMin. Le député PS du Maine et Loire Marc Goua, lui a notamment demandé si cette filiale, aujourd’hui rebaptisée Areva Resources Southern Africa, allait nécessiter des provisions supplémentaires dans les comptes d’Areva, signalant le fait que quatre ans après son acquisition elle n’avait toujours pas produit le moindre tonnage d’uranium. Anne Lauvergeon s’en est tirée par des réponses générales, soulignant que le prix d’acquisition d’UraMin avait été avalisé par la banque Rothschild et que l’uranium est un « processus long », où « quand on fait une mine, entre le moment où on repère qu’il y a de l’uranium et celui où on démarre la mine, il y a en moyenne quinze ans ». Ces justifications risquent de paraître un peu courtes à Luc Oursel, le prochain PDG d’Areva, et aux députés de la commission des Finances qui pourraient réclamer des investigations plus approfondies sur le sujet. Certains parlent même d’ « affaire Areva », eu égard à l’ampleur des sommes en jeu et aux conditions de l’acquisition en bourse d’UraMin.

    Un titre qui flambe en bourse avant l’offre d’Areva

    Tout commence le 15 juin 2007, quand Areva, le champion français du nucléaire, met sur la table 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) pour s’offrir la petite société d’origine canadienne UraMin Inc., cotée à Londres et Toronto et immatriculée à Tortola, aux Iles Vierges britanniques. C’est l’acquisition la plus importante dans l’histoire du groupe présidé par Anne Lauvergeon. Un coup comme les aime « Atomic Anne », l’une des rares femmes à diriger une entreprise de cette taille. Avec les gisements détenus par UraMin en Afrique son idée est de consolider la place d’Areva parmi les premiers producteurs mondiaux d’uranium. UraMin a été payé au prix fort. Cette « start-up » de l’exploration minière, créée en février 2005, à l’initiative de Stephen Dattels, vieux routier du secteur et ancien du groupe aurifère Barrick Gold, n’a alors que deux ans d’existence. Aucun de ses gisements n’est encore en exploitation. Principale curiosité de l’entreprise : son titre flambe en bourse et sa valeur est multipliée par quatre durant les six mois ayant précédé l’offre d’Areva. Pour le plus grand profit des petits malins ayant achetés des actions UraMin durant cette période. Mais début 2007, les places sont chères dans l’uranium. Les cours du combustible nucléaire atteignent des sommets. Et selon les affirmations du groupe à l’époque, Areva dit pouvoir miser sur une exploitation rapide des gisements rachetés, avec les premières productions attendues pour 2009-2010 en Namibie.

    426 millions d’euros de dépréciations

    Quatre ans plus tard, la mirifique acquisition d’UraMin, tarde à tenir ses promesses. Comme en témoignent les tableaux du dernier rapport financier d’Areva, aucun des trois principaux gisements africains n’a encore produit le moindre kilo d’uranium. En Afrique du Sud et en Namibie, surtout, les études menées peinent à confirmer les ressources promises des gisements et les quantités d’uranium qui pourront finalement être produites. A Bakouma, en Centrafrique, les réserves ont été revues à la hausse. Toutefois une « rallonge » financière a dû être consentie aux autorités locales, à l’issue de tortueux pourparlers menés par divers émissaires français. Et l’isolement du pays nécessitera de lourds travaux d’infrastructures avant de pouvoir commencer à exploiter industriellement le gisement. En Namibie, l’exploitation du gisement de Trekkopje devrait enfin démarrer en 2013. Mais la faible qualité du minerai impose 1 milliard d’euros d’investissements supplémentaire et une consommation abondante d’eau, ressource rare sous ces latitudes. Pour ne rien arranger, le cours de l’uranium est en chute libre depuis les plus hauts de 2007. Autre coup dur : le groupe chinois CGNPC (China Guangdong Nuclear Power Company), client d’Areva, qui devait racheter au groupe français, fin 2008, 49% de la filiale UraMin, a finalement décidé de renoncer à la transaction.
    Autant d’impondérables ayant nécessité pour 426 millions d’euros de « dépréciations d’actifs » dans les comptes 2010 d’Areva. Et ce n’est sans doute qu’un commencement. Le dossier UraMin a certainement pesé dans la balance, au moment où Anne Lauvergeon bataillait pour être reconduite dans ses fonctions. « Des attaques sans fondement, rétorque-t-on au siège du groupe. UraMin est un investissement à long terme, valorisé sur la base des cours de l’uranium, qui ne peut être jugé sur seulement trois ou quatre ans». L’entreprise publique en veut pour preuve la mission demandée par l’Etat à l’expert-comptable René Ricol, qui a récemment conclu à la parfaite clarté des comptes d'Areva. « Le nucléaire fait partie de ces industries où il faut savoir payer un peu cher des actifs stratégiques, plaide un proche du dossier, venant au secours d’Anne Lauvergeon. Chez France Telecom, on a beaucoup accusé l’ex-PDG Michel Bon d’avoir surpayé la filiale de téléphonie mobile Orange. Mais sans Orange, aujourd’hui France Telecom serait mort. » Point final


    Noir Canada, Pillage, corruption et criminalité en Afrique

    Note de lecture sur le livre d’Alain Deneault (avec Delphine Abadie et William Sacher), Ed. Ecosociété, Montréal 2008
    par Philippe Cazal, Survie Languedoc-Roussillon, 14/6/2011

    Un Dossier Noir d’Alain Deneault et William Sacher sur l'activité minière et le rôle pivot du Canada comme paradis judiciaire devrait être édité en partenariat avec Survie début 2012. Il n’est jamais trop tard pour lire « Noir Canada », l’un des ouvrages majeurs d’Alain Deneault (avec le concours actif de William Sacher et Delphine Abadie).

    Dans Noir Canada, Alain Deneault explique le rôle déterminant des bourses de Vancouver puis, aujourd’hui, de Toronto dans l’activité des sociétés minières, canadiennes ou autres. Dans les années 90, les pouvoirs publics ont attribué à cette bourse la fonction de financer la relance de l’industrie minière canadienne. Elle a pour rôle d’attirer les capitaux, en particulier les capitaux à risque. Et elle est suffisamment peu regardante sur les pratiques des sociétés minières pour que tout « se passe bien ».
    Peu importe si les sociétés minières, en particulier les « juniors » (celles qui découvrent les gisements sans avoir forcément les moyens d’investir dans l’exploitation), s’adonnent à la spéculation, pour faire de gros profits sur la valeur de leurs actions, plutôt que de participer au développement économique des pays où elles prospectent. Le jeu est ensuite de se faire racheter par une « major », qui aura les moyens d’investir dans l’exploitation du site et de capter la plus grande partie des richesses issues du sous-sol de la région concernée.
    Le gouvernement canadien participe à la promotion de ce système en accordant aux sociétés minières des mesures fiscales et réglementaires avantageuses, qui contribuent à créer le « climat d’affaires » nécessaire. Mais aussi il édicte une législation laxiste, qui plutôt que de mettre ces sociétés devant leurs responsabilités, au sujet notamment de leurs activités douteuses en Afrique, s’attache à leur garantir au contraire une protection juridique.
    Ce climat d’affaires attire bien entendu également les investisseurs étrangers : 60 % des sociétés minières mondiales sont inscrites à la Bourse de Toronto.
    Paradis judiciaire, le Canada est aussi en relation avec les paradis fiscaux. Il a par exemple mis en place un « corridor fiscal » avec la Barbade, qui permet aux sociétés installées dans ce paradis fiscal de rapatrier leurs bénéfices au Canada sans être imposées.
    L’état d’esprit qui règne autour de la Bourse de Toronto n’est pas étranger au fait que le Canada est le seul pays au monde dont l’industrie minière est intégrée verticalement : une intégration qui comprend les entreprises minières, les sociétés de courtage, les fabricants d’équipement, l’université…

    Un climat très favorable aux prédateurs

    Le livre illustre largement le comportement des sociétés minières « canadiennes » et autres (la composition du capital de ces grandes sociétés relativise souvent leur identité nationale).
    C’est l’Afrique, bien sûr, qui est le théâtre privilégié de leur activité. Parce que ce continent regorge de ressources minières mais aussi parce qu’il est particulièrement vulnérable à l’action des prédateurs.
    53 % des entreprises minières d’exploration qui travaillent en Afrique sont canadiennes et 45 % des sociétés minières toutes vocations confondues.
    « Noir Canada » donne des exemples de leur comportement :
    En Tanzanie, où Sutton est accusée d’avoir exproprié sans indemnisation les « creuseurs artisanaux » mais aussi d’avoir détruit leurs habitations et d’avoir bouché leurs trous au bulldozer (1996). Au passage, 52 creuseurs auraient été ensevelis dans leurs trous.
    Au Mali (Sadiola) où Iam Gold et Anglo Gold exploitent l’or avec des coûts qui sont parmi les plus bas du monde (2003…). Et pour cause : elles ne prennent nullement en compte le milieu humain et naturel : les habitants soufrent de maladies respiratoires graves dues aux poussières (et aussi de leur teneur en arsenic), les femmes sont très nombreuse à subir des fausses-couches et le décès d’enfants en bas âge est très élevé, à cause du cyanure qui pollue l’eau potable…
    Au Ghana, ce sont les manifestants, qui protestent contre un millier de licenciements, qui se voient tirer dessus par la police (neuf mineurs tués en 1999).
    La partie sur le Congo Kinshasa est particulièrement développée. Ce pays est très riche en minerais de toutes sortes. Et les sociétés minières sont fortement impliquées dans son histoire politique de ces dernières décennies.
    Mobutu pillait tout seul les richesses de son pays. Les sociétés minières se sont occupées de financer et d’armer Laurent Désiré Kabila pour le chasser… et prendre leur part du pactole. En échange de leur appui, elles se font accorder des contrats d’exploitation « léonins », où elles se voient attribuer des concessions pour une bouchée de pain et avec très peu d’imposition. Au détriment bien sûr des sociétés minières nationales, en particulier la Gecamines, et sans aucune contribution au développement économique du Congo.
    Lorsque Kabila, arrivé au pouvoir (1998), voudra s’affranchir de leur tutelle et unifier le pays, les minières se retournent contre lui et s’allient à l’Ouganda et au Rwanda. Chacun de ces pays crée, en enrôlant des Congolais, un mouvement de lutte armée, l’Ouganda le RCD, le Rwanda le MLC (de Jean-Pierre Bemba). C’est à qui contrôlera le maximum de territoires miniers, en mettant le pays à feu et à sang. Les sociétés minières sont toujours gagnantes : elles arment les uns et les autres et garantissent ainsi, quoi qu’il arrive, leurs droits d’exploitation.
    Le trafic d’armes, qui est un moyen de régner, peut devenir l’activité principale. Comme en Sierra Leone où « on exploite le diamant pour vendre des armes plutôt que l’inverse ». L’activité minière est alors une couverture.
    Les exactions liées aux compagnies minières en Afrique ne peuvent se résumer aux débordements de quelques sociétés. Les sociétés minières bénéficient, pour le moins, d’un climat favorable : lorsque par exemple le FMI incite les gouvernements à privatiser les mines, en échange de prêts ou « d’aides au développement » ; ou lorsque la Banque Mondiale participe au capital  d’une société qui exploite le sous-sol au mépris des populations (Sadiola, au Mali).

    « L’ami de l’Afrique »

    Le troisième grand thème du livre est l’étude de la façon dont les pouvoirs publics canadiens eux-mêmes favorisent et couvrent ces activités de leurs sociétés à l’étranger.
    L’un des aspects de la doctrine des pouvoirs publics est le suivant : « Un des principaux rôles du gouvernement est de fournir l’assise capable de légitimer les relations de marché aux yeux des citoyens ».
    Alain Deneault étudie le discours de ces pouvoirs publics sur la surveillance des sociétés minières et montre que dans les faits ils s’emploient à les protéger de toute remise en cause.
    Il s’inspire par exemple de la loi étatsunienne (2002) sur le contrôle des investissements financiers (qui fait suite à la faillite d’Enron)… tout en l’édulcorant. Les contrôles sont en fait peu appliqués. De même, on est peu exigeants vis-à-vis des sociétés cotées sur la réalité de la valeur économique qu’elles déclarent.
    Le Canada « Ami de l’Afrique » l’est surtout en paroles. Il ne fait rien pour chercher la responsabilité de ses sociétés accusées de crimes dans plusieurs pays d’Afrique.
    Le Canada n’est par ailleurs pas avare de discours en faveur de la paix tout en étant le 6e pays exportateur d’armement.
    Un chapitre sur la francophonie montre que le Québec n’a pas su mettre en œuvre une politique plus exemplaire que celle de l’instance fédérale. La francophonie lui a permis d’accéder aux tribunes internationales, à condition de ne pas remettre en cause la ligne de la France, et donc de signer, à côté des dictateurs africains, des déclarations lénifiantes sur les droits de l’Homme et la démocratie.
    L’un des rôles de la francophonie, explique Alain Deneault, c’est de mettre en avant une doctrine économique, celle qui lui est dictée notamment par Michel Camdessus, membre de son « haut conseil » et ex-directeur du FMI, « l’acteur des plans d’ajustement structurel ».
    « Comment amener la société civile canadienne à se remettre en cause par rapport à son attitude coloniale ? », se demande l’auteur en conclusion. Les fonds de retraite et les placements publics peuvent-ils continuer longtemps à prospérer sur l’exploitation des richesses de l’Afrique ? D’ailleurs, les Canadiens doivent prendre conscience que « le continent noir est le laboratoire des modalités d’exploitation que l’on s’apprête à imposer chez nous ».
    Quant à la France, ce livre y fait souvent indirectement allusion. L’auteur relie à plusieurs reprises ses observations sur les positions des pouvoirs publics ou des sociétés minières canadiennes aux travaux de François-Xavier Verschave sur la Françafrique. Le « noir Canada » et la « Françafrique », deux mondes qui participent d’une même logique.
     Dessin paru dans Le Couac, illustrant les poursuites judiciaires dites SLAPP (poursuites-bâillon) engagées par la multinationale Barrick Gold contre les éditeurs et auteurs du livre. L'entreprise réclame...6 millions de dollars, ce qui risque de faire de Noir Canada le livre le plus cher du monde !


    Anne-Marie Voisard
    Éditions Écosociété 
    C.P. 32 052, comptoir Saint-André 
    Montréal (Québec)
    H2L 4Y5
    514.704.4980
    Courriel : amvoisard[at]ecosociete.org
    Alain Deneault 
    Auteur de Noir Canada 
    514.523.1093 
    Courriel : alain.deneault[at]sympatico.ca

    Objet : campagne de soutien d’Écosociété et des auteurs de Noir Canada 

    Les Éditions Écosociété et les auteur·e·s de Noir Canada – Delphine Abadie, Alain Deneault et William Sacher – contesteront les 29 et 30 juin prochains la poursuite de six millions de dollars que leur intente pour « diffamation » la multinationale de l’or Barrick Gold. Ils se prévaudront alors des nouvelles dispositions du Code de procédure civile  adoptées par l’Assemblée nationale en juin 2009 pour lutter contre les poursuites abusives. Ils demanderont notamment à la Cour d’ordonner à Barrick Gold de verser aux auteurs de Noir Canada une provision pour les frais de l’instance question qu’ils puissent minimalement disposer des ressources nécessaires pour se défendre.

     

    L'appel du génocidaire rwandais de Carcassonne jugé cet automne à Arusha

    Cliquer à deux reprises sur le document pour l'agrandir
    Source : Midi Libre, 16/6/2011

    samedi 11 juin 2011

    Radio Françafrique n° 32 : Le Maroc en lutte pour la démocratie!

    Emission diffusée ce dimanche 12 juin à 17h et rediffusée le samedi 25 juin à 9h sur Radio Campus Toulouse 94 mhz 

    Ce mois ci, Françafrique, l’émission radio de l’association SURVIE sur la Françafrique, cette relation particulière de la France avec ses anciennes colonies, se penche sur la lutte du peuple marocain pour la démocratie.  Des interviews de militants lors de la manifestation nationale du 24 avril à Rabat, de Khadija Ryadi, présidente de l'AMDH (Association Marocaine des Droits Humains) et des extraits de la conférence-débat à Toulouse de Me Abdellatif Hatimi, fondateur et président de l'Association Marocaine pour l'Indépendance de la Magistrature.
     Remerciements à Karavan et la Maison de Quartier de Bagatelle pour nous avoir permis d'enregistrer le son.

    Sazrko L'Africain, un livre de Gilles Labarthe

    • 236 pages
    • Editeur : Hugo et Compagnie (24 mars 2011)
    • ISBN-10: 2755607149
    • ISBN-13: 978-2755607147
    • Prix : 17, 95 €
    Décrypter les relations sulfureuses, voire schizophrènes que l’homme de pouvoir Sarkozy entretient avec ses homologues des anciennes colonies, au sud du Sahara, s’avère édifiant pour qui veut comprendre la formidable ascension à la tête de l’État, puis le maintien au pouvoir de « l’homme le mieux informé de France ».
    Bien des spécialistes ont présenté Nicolas Sarkozy comme une « page blanche » en évoquant ses relations avec l’Afrique. Ce fils d’immigré hongrois aurait été le seul président français, depuis le général De Gaulle, a pouvoir enfin aborder le continent noir sans préjugés. Sans dette ni compromission avec les potentats locaux. Sans amitié pour les dictateurs sanguinaires. Sans réseau personnel. Un décideur qui pourrait enfin incarner la rupture, le changement…
    En réalité, le jeune gaulliste Nicolas Sarkozy a été « formé » dès les années 1970 par les meilleurs praticiens RPR de la de la France-à-fric.
    Un essai d’investigation qui lève le voile sur cette mystification et s’emploie à décortiquer le rôle joué par les principaux mentors politiques et financiers du nouveau président. Contrairement au discours officiel, ce dernier a poursuivi avec d’autres acteurs la tradition gaulliste sur le continent noir.
    Ce retour sur « l’initiation au monde noir » de l’actuel président explique les secrets de sa formidable ascension à la tête de l’État, fournit des clefs de lecture essentielles pour appréhender sa conception de la politique étrangère, si contestée aujourd’hui, au Nord comme au Sud, et révèle enfin – mieux que tout autre domaine, les failles de « l’omni-président », de celles qui ressurgissent dans toute situation de crise.
    Gilles Labarthe est un ethnologue et journaliste d’investigation suisse.
    Il a effectué de nombreux séjours en Afrique, notamment pour des enquêtes et reportages sur les questions du développement, du trafic des matières premières et de la fuite de capitaux.
    Correspondant freelance à Paris pendant quatre ans (de 2002 à 2006) pour divers titres de la presse d’information suisse, il s’est intéressé aux scandales politico-financiers des années Chirac, et a fondé une agence de presse spécialisée et indépendante, DATAS.

    Une interview de l'auteur sur TV5 Monde le 31 mars 2011 

    La Dette ou la Vie : un livre nécessaire

    Alors que les politiques d’austérité se développent en Europe, le CADTM sort son nouveau livre !
    Pour le recevoir au plus vite, vous pouvez le commander directement au CADTM (chèque à l’ordre du CADTM en précisant nom et adresse de livraison) : 
    France : CADTM, 17 rue de la Bate, 45150 Jargeau, France (france@cadtm.org) 
    Belgique : CADTM, 345 avenue de l’Observatoire, 4000 Liège, Belgique (belgique@cadtm.org)
    384 pages - 20 euros 
    ISBN Aden : 978-2-930402-96-3 / ISBN CADTM : 978-2-930443-16-4

    «  La Dette ou la Vie  » 
    Sous la direction de Damien Millet et Eric Toussaint
    En 2007-2008 éclate la crise la plus importante depuis celle de 1929. Les banques sont sauvées à coup de centaines de milliards de dollars et d’euros par les petits soldats du G20 aux ordres de la finance mondiale et les États financent ce sauvetage en appliquant au Nord l’équivalent des plans d’ajustement structurel de sinistre mémoire au Sud. Cet ouvrage analyse méticuleusement l’enchaînement des processus ayant submergé le Nord à cette occasion, des États-Unis à la Grèce, de l’Islande aux pays d’Europe de l’Est, du Japon à la zone euro, tout en examinant les conséquences pour le Sud.
    Il y avait le premier monde, celui du bloc occidental sous la guerre froide ; le deuxième monde, celui du bloc soviétique ; le tiers-monde regroupant les peuples du Sud soumis aux diktats des deux autres mondes. Le deuxième monde s’est effondré au début des années 1990 avec la chute du Mur de Berlin. Aujourd’hui, avec la crise qui a éclaté aux États-Unis en 2007-2008, c’est le premier monde qui bascule. La face de la planète entière s’en trouve durablement changée. Il reste deux catégories principales : la poignée de ceux qui profitent de ce capitalisme inique, et la grande majorité qui le subit. Cet ouvrage veut expliquer ce changement fondamental et apporter des alternatives radicales pour s’attaquer à cette logique dont nous ne voulons pas.

    Les Auteurs

    Olivier Bonfond, économiste, CADTM Belgique (Liège) 
    Jérôme Duval, Patas Arriba / CADTM Espagne (Valence) 
    Pascal Franchet, contrôleur des impôts, CADTM France (Rennes) 
    Antony Guillonneau, économiste, stagiaire au CADTM (Bordeaux) 
    Yvette et Mike Krolikowski, CADTM France (Nîmes) 
    Cécile Lamarque, CADTM Belgique (Liège) 
    Damien Millet (dir.), professeur, porte-parole du CADTM France (Orléans) 
    Daniel Munevar, économiste, CADTM Colombie (Bogota) 
    Virginie de Romanet, CADTM Belgique (Bruxelles) 
    Éric Toussaint (dir.), docteur en sciences politiques, président du CADTM Belgique (Liège) 
    Renaud Vivien, juriste, CADTM Belgique (Liège) 
    Darius Zalega, collaborateur du Monde diplomatique, Pologne (Katowice)

    Table des matières

    Introduction 
    Extension des domaines de la lutte 
    - Damien Millet
    Chapitre 1 
    Historique et perspectives de la crise de la dette au Nord 
    - Éric Toussaint 
    Une politique du choc différée - La crise de la dette menace les banquiers européens - Au secours des banques ouest-européennes et états-uniennes – La peur des dominos - Une dette privée bien plus lourde - Après les plans d’austérité en Europe.
    Chapitre 2 
    La religion du marché 

    - Éric Toussaint 
    Les milliards du culte - Sacrifices sur l’autel.
    Chapitre 3 
    Le retour en force du FMI en Europe 

    - Jérôme Duval 
    Une crise qui tombe à pic - Derrière la rhétorique du changement, toujours le même FMI - La Hongrie empêchée de choisir une autre voie - L’Ukraine empêchée d’augmenter les salaires - Le FMI salue l’austérité, la Lettonie la juge inconstitutionnelle - La Roumanie et la Serbie sous le choc de l’austérité - Déni de démocratie en Grèce - L’Irlande emboîte le pas - Préparer les opinions publiques - L’Europe des peuples - Quelques rappels utiles sur Dominique Strauss-Kahn - Ultralibéral, anti-démocratique et pro-Washington.
    Chapitre 4 
    Islande : du paradis à l’enfer grâce aux marchés
     

    - Yvette et Mike Krolikowski 
    Désastreuses privatisations – L’arrivée du FMI - Icesave : la population refuse de payer - Nouvel accord en vue - Une nouvelle Constitution ? – Triste état des lieux.
    Chapitre 5 
    Grèce : Tout un symbole de dette illégitime
     

    - Éric Toussaint 
    Des éléments évidents d’illégitimité de la dette publique - L’emballement de l’endettement au cours de la dernière décennie - Le comportement odieux de la Commission européenne - Multiples atteintes aux droits sociaux depuis 2010 - L’exigence d’un audit de la dette gagne du terrain.
    Chapitre 6 
    La crise irlandaise : fiasco complet du néolibéralisme
     

    - Éric Toussaint 
    L’Irlande, un exemple ? - Aide insuffisante contre austérité fracassante.
    Chapitre 7 
    Europe de l’Est : entre pays émergents et Union européenne
     

    - Daniel Munevar 
    Financement externe et expansion du secteur bancaire européen - Crédit privé et spéculation - Crise économique et dette publique - L’augmentation de la dette publique est le résultat, et non la cause.
    Chapitre 8 
    Pologne, la domination des fonds de pension
     

    - Darius Zalega 
    Privatisation des profits, socialisation des pertes - Le nœud coulant de la dette – Croisade bruxelloise.
    Chapitre 9 
    L’Union européenne et la zone euro en crise
     

    - Éric Toussaint 
    Une intégration européenne jugée très négative - Un centre et une périphérie au sein de l’UE - Les aides empoisonnées de la Commission européenne et du FMI - L’émission des eurobonds - La perspective d’un plan Brady pour les pays européens les plus endettés.
    Chapitre 10 
    Dette publique de la France : des vérités qui dérangent 

    - Pascal Franchet 
    Une campagne idéologique mensongère - Quelle charge de la dette ? - Rétablir la réalité des chiffres - Des remboursements colossaux - 37 % des dépenses publiques - Vers une remise en cause de cette dette publique ?.
    Chapitre 11 
    La Belgique menacée par sa dette
     

    - Olivier Bonfond 
    Ajustement structurel à la sauce belge - Une gestion saine de la dette publique (1993–2007) ? - Au final, combien la Belgique a-t-elle remboursé depuis la crise de la dette de 1982 ? - Crise capitaliste et dette publique belge - Vers une crise de la dette belge ?.
    Chapitre 12 
    Alternatives pour une Union européenne solidaire
     

    - Éric Toussaint 
    Réaliser un audit de la dette publique afin d’annuler la partie illégitime – Stopper les plans d’austérité, ils sont injustes et approfondissent la crise - Instaurer une véritable justice fiscale européenne et une juste redistribution de la richesse. Interdire les transactions avec les paradis judiciaires et fiscaux. Lutter contre la fraude fiscale massive des grandes entreprises et des plus riches – Remettre au pas les marchés financiers, notamment par la création d’un registre des propriétaires de titres, par l’interdiction des ventes à découvert et de la spéculation dans une série de domaines. Créer une agence publique européenne de notation – Transférer sous contrôle citoyen les banques au secteur public – Socialiser les nombreuses entreprises et services privatisés depuis 1980 – Réduire radicalement le temps de travail pour créer des emplois tout en augmentant les salaires et les retraites – Refonder démocratiquement une autre Union européenne basée sur la solidarité.
    Chapitre 13 
    Convergences entre mouvements sociaux en Europe
     

    - Éric Toussaint
    Chapitre 14 
    États-Unis, antre de la dérégulation financière 

    - Daniel Munevar 
    Régulation financière et stabilité économique - L’âge d’or de la déréglementation : l’administration Clinton - Guerres et baisses d’impôts : l’administration de Georges W. Bush - La Grande Récession : causes et conséquences - Dette publique aux États-Unis : quelles perspectives ?
    Chapitre 15 
    Décennies perdues au Japon
     

    - Daniel Munevar 
    Un scénario familier - Une dette publique colossale, mais apparemment sous contrôle.
    Chapitre 16 
    Quels sont les points communs entre dette publique des pays en développement et dette publique au Nord ?
     

    - Damien Millet et Éric Toussaint 
    Mêmes créanciers, mêmes effets… - FMI partout, justice nulle part !.
    Chapitre 17 
    La dette publique : cette aliénation de l’État
     

    - Karl Marx
    Chapitre 18 
    Dangereuse insouciance pour la dette publique au Sud
     

    - Éric Toussaint 
    Des montants astronomiques au Nord - Une conjoncture qui génère des illusions - Des évolutions que le Sud n’est pas en mesure de contrôler - Des actions énergiques pour empêcher un bégaiement de l’Histoire - Stiglitz apporte de l’eau au moulin de la suspension de paiement.
    Chapitre 19 
    Là où le Sud nous montre la voie
     

    - Éric Toussaint 
    Audit de la dette publique sous contrôle citoyen - Recours par les États à des « actes souverains » - La Constitution équatorienne : un modèle en matière d’endettement public - Développer des initiatives d’intégration régionale qui renforcent la solidarité - Fathi Chamkhi devant le Parlement européen.
    Chapitre 20 
    Comment suspendre le paiement des dettes publiques sur une base légale
     

    - Cécile Lamarque et Renaud Vivien 
    Rembourser la dette publique n’est pas une fatalité - Une austérité à l’encontre des obligations relatives aux droits humains - Quels textes juridiques invoquer ?.
    Chapitre 21 
    Comment déclarer la nullité des dettes publiques en toute légalité
     

    - Cécile Lamarque et Renaud Vivien 
    Les vices du consentement - La cause illicite ou immorale du contrat - L’usage illicite des fonds prêtés - Pour des actes unilatéraux contre la dette illégitime.
    Annexe 1 
    Les chiffres de la dette 2011
     

    - Damien Millet, Daniel Munevar et Éric Toussaint
    Annexe 2 
    Les plans d’austérité en Europe
     

    - Antony Guillonneau et Virginie de Romanet
    Glossaire

    vendredi 10 juin 2011

    Montpellier, 10 juin : Soirée culturelle et artistique sur les révolutions dans le monde arabe

    Vendredi 10 juin  Maison pour Tous François Villon (quartier Petit Bard) Alco, rue des Araucarias 34080 Montpellier  ( contact 06 28 06 64 64 )

    • 15h : projection de films sur les luttes sociales dans le monde arabe : Ultras Tahrir , film égyptien sur la place Tahrir ;  Redeyef: le combat de la dignité ( film sur la révolte du bassin minier de Gafsa en Tunisie); Agrobusiness européen dans le Souss et manifestation de la population de Tamassint dans le Rif et la lutte des mineurs d’Iminé dans la région d’ Ouarzazate en 2005 ( Maroc )
    • 18 h : discussion-débat autour des luttes sociales dans le monde arabe et des évolutions en cours, en présence de militants du monde arabe.
    • 19h30 Musique maghrébine et arabe  ( entrée libre , PAF) organisé par  l’Association des travailleurs maghrébins en France ( ATMF)
      Puerta del Sol, Madrid, mai 2011. Photo Reuters

    mardi 7 juin 2011

    Déclaration du président de la Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest



    DÉCLARATION DU PRÉSIDENT DE LA RECOWA-CERAO
    (Regional Episcopal Conference Of West Africa –Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest)

    par Mgr. Théodore Adrien Cardinal SARR, Archevêque de Dakar, 22 avril 2011

    1. Dans toutes leurs églises à travers le monde, les chrétiens catholiques ont célébré, hier Jeudi 21 Avril 2011, la scène si parlante du Lavement des pieds de ses Apôtres par Jésus–Christ. Lui le Seigneur et le Maître, à genoux devant chaque disciple pour lui laver les pieds, nous a adressé un enseignement des plus éloquents sur le Pouvoir, qui est et doit toujours être service des autres, et non service de soi.
    Méditant cette scène évangélique, nous n’avons pu nous empêcher de repenser aux récents et bien tristes évènements de la Côte d’Ivoire, et à toutes les dérives de la soif démesurée du Pouvoir en Afrique et ailleurs dans le monde.
    En communion avec les Evêques membres de la Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest, la RECOWA-CERAO, j’adresse la présente Déclaration aux chrétiens et aux citoyens des pays de notre Afrique de l’Ouest, à leurs dirigeants, ainsi qu’à ceux du monde.
    Devant l’effroyable gâchis humain, auquel nous avons tous assisté, à travers les évènements de la Côte d’Ivoire et de la région, l’Eglise manquerait à sa mission prophétique, si sa voix  se taisait par timidité, par lâcheté, ou par compromission.
    2. Nous condamnons fermement et sans réserve toutes les dictatures et tous les impérialismes, quelles que soient leurs couleurs. L’Eglise protestera toujours contre tous ceux qui abusent d’un pouvoir, qui leur est confié. Elle protestera toujours contre toutes les dictatures et les impérialismes ; elle protestera toujours contre tous les pouvoirs absolus et corrompus. Elle protestera toujours contre la soif démesurée du pouvoir, qui amène les dérives de toutes sortes. Elle désapprouvera toujours les chefs d’Etat, qui s’installent présidents à vie, et organisent des élections souvent frauduleuses, pour se maintenir au pouvoir.
    Fidèles à l’enseignement de Jésus–Christ, nous proclamons haut et fort : « Pas de pouvoir pour soi, mais le pouvoir pour son peuple ! Pas de pouvoir pour se servir, se faire servir ou être servi, mais le pouvoir pour servir les autres ! »
    Nous rappelons aux hommes politiques qu’ils ne peuvent détenir un pouvoir absolu, mais un pouvoir régulé par des valeurs et des normes supérieures, telles la paix du pays, le devoir de prévenir et soulager les souffrances des populations, le respect absolu de la vérité des urnes… Nous sommes pour le respect absolu des lois démocratiques et de la volonté du peuple, qui s’exprime à travers les urnes électorales.
    3. Le cinquantième anniversaire de l’indépendance de plusieurs pays africains à peine célébré, nous venons d’être témoins des bien tristes évènements de la Côte d’Ivoire et d’ailleurs, parmi lesquels le piétinement et même la destruction des symboles de la dignité et de la souveraineté d’une Nation…
    De tels évènements  doivent amener tout un chacun à s’interroger sur le droit d’ingérence, ou le droit d’intervention humanitaire au nom de la Communauté internationale. Au nom de notre mission prophétique, nous rappelons, à l’Union Africaine et à l’Organisation des Nations Unies, l’urgence d’élaborer des normes admises par tous, pour préciser les conditions acceptables de toute ingérence politique ou intervention humanitaire dans un pays souverain, afin que soient évitées à tout prix l’application de la loi des plus forts, ou de la loi des deux poids deux mesures, ou encore la promotion camouflée d’intérêts particuliers sous couvert de la Communauté des Nations.
    4. Et maintenant, au nom de Dieu qui « nous a donné pour ministère de travailler à la réconciliation » (2 Co 5, 16-21), et dans le sillage du deuxième Synode Africain, qui a eu pour thème « l’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix », nous lançons un appel pressant à tous les responsables politiques et religieux. Qu’ils mettent en œuvre sans délai toutes les ressources éthiques de leur capital social et religieux, pour la tâche de longue haleine, que sera la construction de la paix véritable,  par la promotion de la justice et de la réconciliation ; cette paix dont le siège reste le cœur de chaque homme et de chaque femme.
    Nous souhaitons que ces responsables soient les premiers acteurs de la ?Commission Vérité et Réconciliation?, qui ne devrait pas tarder à être créée. Nous affirmons, avec le Pape Benoît XVI, que « la violence et la haine sont toujours un échec », et constituent « un chemin sans avenir ».
    5. Méditant aujourd’hui, Vendredi 22 Avril 2011, la Passion et la Mort de Jésus-Christ, l’Innocent arrêté, condamné, maltraité et exécuté injustement, nous prions et appelons à la prière pour toutes ces populations de la Côte d’Ivoire, victimes d’exécutions absurdes, ou de pillages honteux, forcées pour beaucoup à l’exil, hors de leur région ou de leur pays.  
    La guerre est une injure à la sainteté de Dieu. Nous implorons sa miséricorde, tant sur les victimes que sur les bourreaux. Nous lui demandons d’accorder à tous la transformation des cœurs, qui rend possibles la reconnaissance des fautes, le pardon, la réconciliation et la paix.
    6. Enfin, nous en appelons vivement à la solidarité active de tous les chrétiens, de toutes les  communautés chrétiennes, et de toutes les populations de l’Afrique de l’Ouest ! Nous recommandons en particulier, aux responsables religieux, l’organisation urgente de collectes, dont les produits seront envoyés immédiatement aux structures appropriées de la Côte d’Ivoire, pour le soulagement de tant de souffrances humaines.
    7. Les évènements que nous venons d’évoquer et beaucoup d’autres, en Afrique et dans le monde, pourraient conduire à désespérer, à pleurer sur notre condition humaine, parfois si mesquine et si misérable. Nous chrétiens, nous nous préparons à célébrer Pâques, fête de la Résurrection de Jésus-Christ. Accueillant et laissant grandir en nous l’amour de Celui, qui nous a aimés jusqu’au bout, en donnant sa vie pour nous sauver, laissons-nous pousser par son Esprit sur les chemins de la réconciliation, de la solidarité, de l’amour fraternel et de la paix, pour construire l’Afrique nouvelle, que nous attendons de tous nos vœux.
    « Afrique, lève-toi, prends ton destin en mains, et marche !» (Message de la deuxième Assemblée spéciale du Synode des Evêques – octobre 2009).
    Fait à Dakar, en ce Vendredi Saint