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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

samedi 29 décembre 2012

Acharnement politico-judiciaire contre Marc Ona Essangui dans sa lutte contre l’accaparement des terres par le groupe Olam au Gabon

par mouvement Ça suffit comme ça !, EELV, Parti de Gauche et Survie, 24/12/2012
Depuis de nombreuses années, la société civile gabonaise, notamment Brainforest, dont Marc Ona Essangui est responsable, n’a jamais cessé de se battre aux côtés des populations pour la défense de leurs droits, la protection de l’environnement et la transparence dans la gestion du pays.
En effet, alors que de nombreuses familles gabonaises n’ont toujours pas digéré la destruction non concertée de centaines d’habitations à Libreville en 2010 sans indemnisation ni relogement, le gouvernement gabonais décide de concéder près de 300 000 hectares de terre à la compagnie singapourienne Olam pour la production d’huile de palme et la réalisation de plantations d’hévéa cultures sans consulter au préalable les populations locales et avec une étude d’impacts biaisée, selon la société civile locale. Une contre-étude réalisée par les experts de la société civile gabonaise montre les dégâts environnementaux, sociaux et économiques du projet.
Une pétition ayant obtenu des milliers de signatures des communautés locales s’opposant au projet a eu le soutien d’une cinquantaine d’organisations internationales qui reconnaissaient par là le bien-fondé de cette lutte menée de front par Marc ONA ESSANGUI [1]. Malheureusement, toutes ces réactions n’ont pas suffi pour décourager le groupe Olam et le gouvernement gabonais qui se sont lancés dans des campagnes de séduction dans les médias et auprès des populations. Pourtant une réunion extraordinaire présidée par le Premier ministre du Gabon a réuni les différents protagonistes et décidé de surseoir au projet. Hélas, le président de la République et les membres de son cabinet qui sont les principaux promoteurs de cette structure asiatique ont rejeté cette décision consensuelle.
Contre toute attente et non satisfait de ne pouvoir réaliser les objectifs de leur propagande au profit d’un groupe dont la réputation reste peu recommandable [3] et au détriment de son peuple privé de ses terres, le régime gabonais, par le biais du chef de cabinet d’Ali Bongo, Liban Souleymane, décide de poursuivre Marc ONA ESSANGUI en justice aux motifs que ce dernier aurait cité son nom dans l’implication du dossier Olam.
Sachant que plusieurs appels à libération de dizaines de citoyens gabonais victimes de parodies judiciaires sont restés sans suite, que la santé du jeune Nicolas Ondo, leader du mouvement estudiantin, est préoccupante depuis sa sortie de prison et que les différents rapports sur les droits de l’homme dans le pays sont accablants, nous redoutons avec inquiétude et gravité que cette procédure judiciaire initiée par Liban Souleymane contre ONA ESSANGUI n’apparaisse comme une volonté manifeste du gouvernement gabonais d’empêcher la mobilisation du peuple gabonais contre un projet jugé scandaleux. Le fait qu’un journal proche du pouvoir ait rendu publique la convocation au tribunal de Libreville de Marc ONA ESSANGUI avant que ce dernier l'ait reçue lui-même, l’acharnement violent de groupes proches du pouvoir contre Marc Ona [3] sont autant de signaux qui ne trompent point.
Ce procès prévu le 26 décembre, en pleine période de fêtes de fin d’année, est un moyen de bâillonner le cri des populations mais surtout d’étouffer la contestation grandissante de ce projet d’Olam conduite par Marc Ona Essangui.
A la suite de la Convention de la Diaspora Gabonaise, nous confirmons notre soutien à Marc ONA ESSANGUI dans ses combats pour les droits des peuples et la gouvernance et nous invitons le gouvernement gabonais à plus de retenue et de respect de son peuple. Par ailleurs, nous invitons la communauté internationale à rester vigilante et à exiger du gouvernement gabonais le respect de ses engagements pour les droits de l’homme et de la bonne gouvernance.

mardi 25 décembre 2012

Faute d'un consensus sur un réel processus de transition démocratique, l'Égypte risque de connaître des heures sombres durant l'année à venir

Place Tahrir
par Rabha Attafworkshop19, 25 décembre 2012
L'Égypte vit en effet actuellement la plus grave crise politique depuis la destitution de Moubarak. Par sa déclaration constitutionnelle du 22 novembre dernier lui accordant des pouvoirs élargis, le président Mohamed Morsi a réussi à faire contre lui l'union sacrée de l'opposition, jusque-là dispersée. Les partis libéraux et la gauche ont en effet formé un Front de Salut National mené par Mohamed Al Baradei et Amr Moussa qui, ne l'oublions pas, était le ministre des Affaires Étrangères de Moubarak de 1991 à 2001.
Référendum
Devant les dizaines de milliers de manifestants contestant sa décision, Mohamed Morsi semblait avoir cédé en annulant son décret. Mais c'était en fait pour mieux rebondir en soumettant, par référendum, une nouvelle constitution au vote des Égyptiens. Il escomptait sans doute couper l'herbe sous les pieds à ses opposants ! Comme on pouvait s'y attendre, l'opposition conteste cette nouvelle Constitution adoptée dans l'urgence par une assemblée constituante majoritairement islamiste car amputée des libéraux et de la gauche. Ces derniers l'avaient quittée à grand fracas, pratiquant ainsi la politique de la chaise vide. Sauf que la nature a horreur du vide et qu'on ne peut pas hurler au loup après l'avoir laissé seul dans la bergerie !
Le résultat du référendum vient d'être confirmé par la commission électorale : 63,8% de oui, avec un taux de participation de 32,9% des 52 millions d'électeurs inscrits. Même si l'opposition hurle à la fraude - et c'est son rôle d'opposition !- l'Égypte de l'après-Moubarak demeure un pays où le clientélisme est roi. Les Frères Musulmans ont su s'implanter, durant ces trente dernières années, dans toutes les strates de la société égyptienne. Ils ont ainsi consolidé leur assise électorale. Il faut aussi garder à l'esprit le fait qu'en dehors du Caire et des bastions industriels où les syndicats sont encore puissants - et donc la gauche encore présente - le reste de l'Égypte est rural... et donc conservateur ! Aux yeux de la majorité des Égyptiens, les islamistes représentent l'ordre -alors que l'opposition figure le désordre, surtout au regard des manifestations de ce début décembre qui ont dégénéré dans la violence.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l'économie égyptienne est paralysée depuis janvier 2011, et que le FMI a conditionné l'octroi d'un prêt de 4,8 milliards de dollars à un retour à la stabilité politique. Concrètement cela signifie l'adoption d'une Constitution et d'un calendrier électoral pour des législatives, car l'Égypte n'a plus d'Assemblée populaire depuis la dissolution de cette dernière en juin dernier. Cette mise en garde du FMI - et sans doute du Conseil Suprême des Forces Armées qui garde la haute main sur la vie politique égyptienne - est certainement la principale raison du coup de force auquel nous avons assisté depuis fin novembre.

Dans ce contexte, l'annonce de la démission du vice-président Mahmoud Mekki ce 22 décembre, jour du vote de la Constitution, n'est pas surprenante. Il prévoyait déjà de démissionner depuis début novembre. Et la fronde menée par les juges contre la déclaration constitutionnelle de Mohamed Morsi - dans laquelle le président égyptien s'arrogeait notamment les pouvoirs judiciaires - l'a mis dans une posture de conflit d'intérêt. "J'ai réalisé depuis un moment que la nature du travail politique ne convient pas à ma formation professionnelle de juge", expliqua-t-il. Avant d'être nommé vice-président en août, Mahmoud Mekki était, en effet, un magistrat respecté qui a joué un rôle crucial en 2005, transformant la grogne des juges contre l'ingérence de l'exécutif dans les affaires de la justice en mouvement contre le régime de Hosni Moubarak. Précisons aussi que la nouvelle Constitution ne prévoit pas la fonction de vice-présidence.


Quoi qu'il en soit, l'adoption de la nouvelle Constitution ne mettra pas fin à la grave crise de gouvernance que connaît l'Égypte depuis plus d'un an. Certes, l'opposition a été prise de court mais n'a pas pour autant baissé les armes. Avant même l'annonce du résultat définitif du référendum prévu ce mardi, le Front de Salut National (FSN) a déjà déposé une série de recours auprès de la Commission judiciaire des élections. Mais, prévoyant que cette démarche n'invalidera certainement pas le résultat du référendum, cette opposition hétéroclite, constituée à la fois de libéraux, de socialistes, d'islamistes dissidents - dont Abdel-Moneim Abou El-Fotouh, qui s'était présenté à l'élection présidentielle après avoir claqué la porte de la Confrérie des Frères Musulmans- et de coptes, a fait savoir qu'elle continuerait à remettre en cause la Constitution en poursuivant les manifestations, ainsi que par tous les moyens démocratiques possibles.

Ce référendum "n'est pas la fin du chemin", mais "n'est qu'une bataille" dans le combat contre le pouvoir du président Morsi, a affirmé le FSN dans un communiqué, avant même l'annonce du résultat. Son chef de file, Mohamed El Baradei, déclarait notamment, dans un entretien lundi avec la chaine américaine PBS : "Le texte va passer. À mon avis, ce sera vraiment un triste jour pour l'Égypte parce que ce vote va institutionnaliser l'instabilité". Selon lui, la nouvelle Constitution devra être considérée comme un texte "intérimaire" jusqu'à la rédaction d'un nouveau projet sur la base d'un consensus.

La bataille du référendum vient donc de se terminer, mais la guerre sur la légitimité de la Constitution ne fait que commencer. D'autant que pour neutraliser la Haute cour constitutionnelle dans l'avenir, les membres de l'Assemblée constituante - dont la tâche se terminera avec la promulgation de la nouvelle Constitution - ont voté un article intérimaire qui servira de loi pour les prochaines législatives prévu dans deux mois. Un tiers de scrutin uninominal et deux tiers de proportionnelle avec listes ouvertes pour permettre aux indépendants de former des listes. Ce qui risque aussi de fragiliser l'opposition dont l'alliance de circonstance contre Mohamed Morsi ne résistera certainement pas à la multiplication des candidatures à la députation.

La vie politique égyptienne s'annonce donc houleuse dans les semaines à venir. Et ses différents acteurs s'étant enfermés dans une logique des camps, il faut s'attendre à une sortie du Conseil Suprême des Forces Armées pour rétablir l'ordre. Son dernier communiqué, suite aux dernières manifestations, était d'ailleurs ponctué par un « Nous ne laisserons pas faire ! ». En clair, une mise en garde destinée à remettre les pendules à l'heure. D'autant que la nouvelle Constitution maintient les prérogatives de l'armée, lui permettant même de juger les civils qui lui porteraient atteinte.

Est-on pour autant dans une impasse ? Pas si l'armée se cantonne à un rôle d'arbitrage et laisse le jeu politique se dérouler comme il se doit. La démocratisation est un long processus, surtout pour un pays qui sort à peine de soixante années de régime dictatorial. Les Égyptiens en font actuellement l'apprentissage, avec ses hauts et ses bas. Souhaitons qu'ils réussissent à dépasser leurs antagonismes pour éviter le pire, c'est à dire un pourrissement de la situation politique qui justifierait une restauration militaire directe ou maquillée !
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ISBN 978-9938-862-00-3
N° éditeur 862
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lundi 19 novembre 2012

Montpellier, 22 novembre 2012 à 20H00 : Haïti debout malgré tout

Projection-débat du film

Organisée par l’Association "Les Amis des Enfants d’Haïti"
Jeudi 22 novembre à 20H00
Résidence Universitaire La Colombière
Salle de l'Annexe
Route de Ganges - Montpellier Tramway Ligne 1 Arrêt Lapeyronie

Le film qui se situe dans l’avant et l’après séisme met en exergue cette dure réalité : les failles de ce séisme humain avaient ravagé le pays bien avant le tremblement de terre.
La bidonvillisation effrénée de Port Au Prince, provoquée par l’exode rural, est l’une des premières causes du bilan effroyable de la catastrophe : 1 Million de morts !
L’analphabétisme, un système de santé inexistant, la violence, la corruption, le chômage endémique et l’énorme problème environnemental maintenaient la population dans une logique de survie depuis des décennies.
Or, pour beaucoup de haïtiens, le tremblement de terre a représenté la terrible opportunité d’envisager la refondation du pays sur des bases nouvelles impulsées par la solidarité née de ce drame.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Ce film fait le point sur la reconstruction, le rôle de l’aide internationale et les difficultés dantesques auxquelles se heurte le pays.

Intervenants :
- Gilbert et Nicole BALAVOINE,  journalistes – réalisateurs du film
- Secours Catholique CARITAS
- Action Contre la Faim
- Médecins du Monde
- Nadia CHERKI : chargée de communication de l’Association "Les Amis des Enfants d’Haïti"

Déroulement de la soirée :
- 18H30 : Animations musicales par les groupes EPELO (de Toulouse) et TEMPO BRASIL (de Montpellier) 
- 20H00 : Projection du film
- 21H00 : Débat

samedi 17 novembre 2012

Belfort, 29 novembre : La Françafrique vue du Gabon


Les Amis de l’Emancipation Sociale,  les Amis du Monde Diplomatique  Nord Franche-Comté vous invitent à une conférence-débat sur le thème

La Françafrique vue du Gabon

en présence de Serge MOUNDOUNGA
 juriste et analyste politique

 

Jeudi  29 novembre  2012

20h30 à BELFORT Maison du peuple (salle 327) (entrée libre et gratuite)


Venez découvrir « l’ami » de la France, ce dictateur corrompu et corrupteur des élites politiques françaises, Ali Bongo, Président du Gabon, celui qui laisse son pays piller par les monopoles français. De Sarkozy à Fabius, le changement dans la continuité ? Le ballet des mallettes de fric va-t-il continuer ? La justice française récupèrera-t-elle les biens mal acquis (hôtels particuliers, voitures de luxe…) ? Venez en débattre.

Contact : 03 84 30 35 73

samedi 10 novembre 2012

"Paradis sous terre : comment le Canada est devenu la plaque tournante de l’industrie minière mondiale"

 Terre à terre
Emission Terre à terre
le samedi de 7h05 à 8h
Ecoutez l'émission52 minutes

L'industrie minière mondiale

10.11.2012 - 07:05 Ajouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobile
Avec William Sacher, docteur en sciences de l'atmosphère et du climat de l'université McGill à Montréal et Alain Denault, sociologue et philosophe, auteurs de "Paradis sous terre : comment le Canada est devenu la plaque tournante de l’industrie minière mondiale"  (Rue de L'échiquier, 2012)
Le livre sera en vente à Montpellier le 16 Novembre lors de la rencontre avec Ramatou SOLLI


jeudi 8 novembre 2012

Montpellier, 16 novembre : rencontre avec Ramatou Solli

http://www.facebook.com/events/336222109810370



Découvrez Ramatou Solli...
http://www.lagriffe-niger.com/index.php?option=com_content&view=article&id=339:interview--mme-solli-ramatou-coordonnatrice-du-groupe-de-reflexion-sur-les-industries-extractives-gren&catid=34:politique&Itemid=54
http://www.info-matin.com/index.php/economie5/1865-exploitation-miniere--derriere-luranium
http://www.maliweb.net/news/environnement/2012/03/21/article,56003.html
...et la "présence française au Niger"...
http://www.tresor.economie.gouv.fr/5014_situation-economique-du-niger-et-presence-francaise-fevrier-2012
http://www.lagriffe-niger.com/index.php?option=com_content&view=article&id=572:exploitation-de-luranium-au-niger--le-regime-du-president-issoufou-hausse-le-ton-contre-le-geant-areva&catid=34:politique&Itemid=54
... et plus...
Publiez ce que vous payez : témoignage du Niger
http://www.one.org/fr/blog/s%E2%80%99engager-pour-la-transparence-du-secteur-minier-temoignage-du-niger

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=LBqQQ3MVnBw

...et encore plus... 

http://survie.org/publications/livres/article/le-crime-continue

...et si voulez tout savoir, plongez dans notre librairie. Ces livres seront en vente le 16 novembre :

Global Witness, Les affaires sous la guerre, Armes, pétrole & argent sale en Angola
 
 Gilles Labarthe, L'or africain, Pillages, trafic & commerce international
 
Raphaël Grandvaux, Areva en Afrique, Une face cachée du nucléaire français
 
Xavier Montanyà, L'or noir du Nigeria, Pillages, ravages écologiques et résistances

Alain Deneault et William Sacher, Paradis sous terre, comment le Canada est devenu une plaque tournante pour l'industrie minière mondiale
 
Xavier Harel, Afrique, Pillage à huis clos. Comment une poignée d'initiés siphonne le pétrole africain
 

 

mercredi 24 octobre 2012

Montpellier, 27 octobre : Le Mali en débats

Note de lecture par Dominique Casajus sur le livre  de Charles Grémont, Les Touaregs Iwellemmedan (1647-1896). Un ensemble politique de la Boucle du Niger, Paris, Karthala, 2010, 552 p.
 La course à l’uranium : Falea, un village du Mali-Éviter le pire !
A écouter, l'émission de  Ruth Stégassy, Terre à terre Syndiquer le contenu 

Nucléaire 1 : Exploitation de la mine d’uranium de Faléa au Mali
06.10.2012 - 07:05
Ajouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobile
Avec Many Camara, professeur de sociologie, membre de l'ARACF (Association des ressortissants et amis de la commune de Faléa)

Ecoutez l'émission
 53 minutes
 
Emission Terre à terre le samedi de 7h05 à 8h

vendredi 12 octobre 2012

Hollande à Kinshasa : Françafrique et langue de bois

par Fabrice Tarrit, président de l’association Survie, Mediapart, 11 octobre 2012
Après quelques atermoiements et une déclaration supposée offensive sur l’absence de démocratie en RDC destinée à atténuer d’éventuelles critiques, François Hollande se rendra samedi à Kinshasa pour participer au sommet de l’OIF. Avec pour enjeu, sous couvert de promotion de la langue française et des valeurs républicaines, l’affirmation de la domination économique, politique et militaire de la France vis à vis de ses « partenaires » africains.
En langue de bois, la langue la plus courante dans les enceintes diplomatiques, « dictateur » se dit « chef d’Etat élu au terme d’un scrutin entaché de quelques irrégularités », se compromettre avec des régimes corrompus et répressifs se défend par la volonté de « ne pas pratiquer la politique de la chaise vide ». « État en déliquescence et en proie à la violence » se dit « Etat fragile » ou, si l’on veut se montrer un peu plus offensif, « Etat où la situation de la démocratie et des droits de l’Homme est inacceptable ».
En acceptant de participer au sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie de Kinshasa, et donc de se rendre sur les terres de Joseph Kabila, l’un des pires dictateurs du continent, imposé par les armes, la répression des opposants et la violation des urnes (à l’exemple de la mascarade électorale de novembre 2011), le Président de la République semble cependant bien enterrer définitivement ses promesses d’en finir avec le système de la Françafrique. Ce ne sont pas sa petite déclaration sur l’état des droits de l’Homme en RDC et quelques aménagements cosmétiques affichés dans le programme du déplacement présidentiel (escales à Dakar, rencontre d’opposants congolais) qui atténueront le choc du symbole. Celui de voir une nouvelle fois un chef de l’Etat français s’afficher aux côtés d’un parterre de chefs d’Etat supposés unis par une langue en partage, quand le terreau commun d’un bon nombre d’entre eux est la corruption et l’oppression, dans le cadre d’un Sommet de l’organisation porte-étendard de l’influence française qu’est la Francophonie.
De simple agence de coopération culturelle et technique (ACCT), en 1970, l’Organisation internationale de la Francophonie s’est muée de sommet en sommet en enceinte politique, avec la nomination d’un secrétaire général, l’adoption d’une Charte et un élargissement constant à des pays comptant parfois très peu de locuteurs français mais qui voient un grand intérêt à intégrer l’amicale des chefs d’Etat francophones, espace de solidarité politique à défaut d’être un vrai outil d’échange culturel et linguistique.
Malgré l’adoption de textes sur la défense de la démocratie, à l’instar de la déclaration de Bamako de 2000, l’OIF a en effet servi tout au long de son existence à conforter des dictateurs en place, tenant ses sommets à Brazzaville ou à Ouagadougou, envoyant des délégations complaisantes « observer » certaines élections (160 missions sur une vingtaine d’années, dont bien peu ont nourri la chronique pour leur esprit critique, à l’exemple de la caution apportée en octobre 2011 à l’élection présidentielle au Cameroun) ou acceptant dans ses rangs des dictateurs anglophones isolés politiquement.
Parmi les volets moins connus de l’activité de l’OIF figure également la « prévention des conflits », consacrée par la déclaration de Saint-Boniface, adoptée par l’OIF en mai 2006. Présenté comme un secteur de plus en plus stratégique pour cette organisation lors d’un colloque de l’OIF en 2009 à l’IRIS, s’appuyant principalement sur des activités de formation, ce glissement militaire de la Francophonie fait surtout redouter un nouvel habillage multilatéral de l’interventionnisme militaire français, en supplément des cadres onusien, européen (Eufor) ou de dispositifs comme RECAMP.
Ce déplacement intervient dans un contexte d’accélération du positionnement de l’exécutif français sur le terrain des relations franco-africaines, avec pour point focal la crise au Mali, qui alimentera à n’en pas douter les échanges formels et informels entre la délégation française et les chefs d’Etat africains présents à Kinshasa. Il serait à cet égard intéressant de savoir si le Président de la République osera parler de « situation des droits de l’Homme inacceptable » dans un pays comme le Tchad, dont la France négocie le soutien militaire à une intervention au Mali.
François Hollande et son gouvernement auront donc réussi l’exploit de s’approprier en quelques mois seulement toutes les composantes diplomatiques, politiques, monétaires et militaires de la Françafrique. Le terrain économique avec la promotion des intérêts d’Areva auprès du président nigérien Issoufou, reçu 11 juin dernier. Le terrain politique et diplomatique, avec les déplacements de ministres français au Tchad et au Burkina Faso fin juillet et l’accueil à l’Elysée d’Ali Bongo, Alassane Ouattara et Blaise Compaoré en l’espace de deux mois. Le volet militaire, avec pour point d’orgue l’activisme français dans les couloirs de l’ONU à New York pour imposer une intervention militaire dans le Sahel pilotée par la France. Et bien sût le volet monétaire, avec la célébration à Paris des 40 ans du franc CFA le 5 octobre dernier.
Ne manquait plus qu’un sommet de l’OIF pour, le temps d’une petite photo de famille, d’un discours de circonstance sur les valeurs et les droits à défendre (il est toujours utile d’animer un peu les repas de famille) et de quelques échanges avec des associations et opposants, continuer d’apporter du crédit à une organisation supposée linguistique qui n’a toujours été qu’un outil d’influence.
En langue de bois diplomatique, il est certes plus convenable de dire « Francophonie » que « Françafrique ».




mercredi 29 août 2012

Régime gabonais : le Parti socialiste et le gouvernement doivent se positionner fermement

par Survie, 28/8/2012

Tandis qu’au Gabon, la répression s’intensifie depuis deux semaines, la société civile demande au Parti socialiste français des explications sur l’invitation à l’université d’été de la Rochelle dont se prévaut le parti au pouvoir.
L’occasion pour l’association Survie, qui publie ici la lettre ouverte de la société civile gabonaise, d’exiger du PS et du gouvernement un positionnement clair vis-à-vis de la dictature d’Ali Bongo, qui continuera sinon à faire passer sa réception à l’Élysée le 5 juillet dernier pour une marque de soutien.
Alors que dans le communiqué publié suite à la réception du dictateur Ali Bongo par François Hollande, l’Élysée faisait état d’un « dialogue exigeant sur les questions de gouvernance, de lutte contre la corruption et de pluralisme démocratique » [1], aucun responsable gouvernemental n’a dénoncé la violente répression qui s’est abattue depuis le 15 août contre les militants de l’opposition politique et de la société civile au Gabon. Le mouvement « Ça suffit comme ça ! » avait alors appelé « la Communauté Internationale de se mettre, d’ores et déjà, aux cotés du peuple gabonais face à un pouvoir sans foi ni loi qui n’hésite pas à martyriser son peuple et qui court le risque de plonger le pays et la sous-région dans une catastrophe aux conséquences incalculables. » [2]
Ils ne s’attendaient pas à apprendre quelques jours plus tard, par la représentation diplomatique du Gabon au Maroc, que le pouvoir en place se félicitait de l’invitation de représentants du Parti Démocratique Gabonais (PDG) [3] à l’Université d’Été du PS à la Rochelle. Ils ont cherché à savoir à quel titre ceux-ci y auraient été invités, et se sont ainsi procuré une lettre officielle que le Parti socialiste aurait envoyée au PDG, et que nous reproduisons ici. Le mouvement « Ça suffit comme ça ! » a donc demandé au Parti socialiste, dans une lettre ouverte du lundi 27 août, de lui fournir « plus d’informations » sur une telle invitation. 
Le Parti socialiste avait justement communiqué, au lendemain de la réception d’Ali Bongo par François Hollande, sur « une relation qui change » et sur la prétendue « volonté de rompre avec les pratiques du passé, marquées par les dérives de la "Françafrique" » [4]. Pourtant, le gouvernement multiplie les gestes de continuité à l’égard des dictatures françafricaines, à l’instar des déclarations récentes du ministre Laurent Fabius selon lequel « il y a un changement de président de la République, un changement de gouvernement, mais les relations d’amitiés demeurent » [5].
En écho à la société civile gabonaise, l’association Survie invite donc le Parti Socialiste et le gouvernement à se prononcer publiquement sur cette invitation dont se prévalent des membres du PDG, et à condamner officiellement la répression actuelle au Gabon et le régime en place. 
Annexes :
[3] Parti fondé en 1968 par Omar Bongo, parti unique jusqu’en 1991, il est aujourd’hui toujours le parti de son fils, Ali, et du clan Bongo.
[4] Communiqué du Parti socialiste Gabon : une relation qui change Notons que le clan d’Ali Bongo n’avait pas eu la même lecture de cet entretien avec François Hollande, à en juger par sa communication sur la « reconnaissance des efforts déployés par les autorités gabonaises » (http://www.gaboneco.com/show_articl...)

samedi 14 juillet 2012

Biens Mal Acquis : diffusion d’un mandat d’arrêt contre Teodorin Obiang

par SHERPA et Transparence International France, 13/7/2012

Teodorín Obiang refuse de se présenter devant la justice

Diffusion d’un mandat d’arrêt international

Teodorín, alias "El Patrón"
Paris, le 13 juillet 2012. Monsieur Teodorín Nguema Obiang (TNO), fils du président de la Guinée Equatoriale et promu depuis peu deuxième vice-président[1], a pour la seconde fois refusé de se présenter chez les juges d’instruction Le Loire et Grouman en charge de l’affaire des Biens Mal Acquis. Ceux-ci l’avaient convoqué mercredi 11 juillet, afin de procéder à son interrogatoire de première comparution – préalable indispensable à sa mise en examen[2]. Le mandat d’arrêt, en suspens depuis la première convocation en mars[3], a été diffusé dans la foulée.
SHERPA et Transparence International France (TI France) saluent cette mesure, qui conforte une fois de plus les allégations portées par ces associations depuis 5 ans. La volonté des juges d’instruction de mettre en examen TNO n’est nullement une surprise tant les éléments à charge se sont accumulés ces derniers mois.
Par @t0adscroak

En septembre 2011, les magistrats avaient saisi plus d’une quinzaine de voitures de luxe lui appartenant : Maserati, Aston Martin, Rolls Royce, Porsche, Bugatti, Bentley, Ferrari…En février dernier, ce sont 3 pleins camions de biens de luxe, dont mobilier d’époque, œuvres d’art, bouteilles de vin que les juges avaient fait saisir durant une perquisition sans précédent de 10 jours.
Un patrimoine sans commune mesure avec ses revenus officiels : selon le Département de Justice américain, qui a engagé une procédure de confiscation de ses avoirs[4], TNO aurait dépensé plus de 300 millions de dollars entre 2000 et 2011, alors son salaire de ministre est estimé à 5 000 dollars par mois.[5]
« La diffusion d’un mandat d’arrêt à l’encontre d’un responsable politique en fonction est une étape judiciaire importante ; il est cependant trop tôt pour préjuger de l’issue de la procédure tant les obstacles sont nombreux… » nuance William Bourdon, président de SHERPA et avocat de TI France.
Au premier rang de ces obstacles, l’immunité diplomatique, et tout spécialement l’immunité de complaisance dont TNO pourrait bénéficier par l’intermédiaire de l’UNESCO. En effet, le 13 octobre 2011, le gouvernement Equato-guinéen a en effet décidé de nommer TNO au poste de délégué permanent adjoint de la Guinée Équatoriale auprès de l’UNESCO, deux semaines à peine après la saisie de ses voitures de luxe par la justice française. Rappelons que Pierre Falcone avait eu recours à ce même procédé afin de se soustraire à la justice dans l’affaire de l’Angolagate[6]. Il ne fait guère de doute que les motivations du gouvernement Equato-guinéen ne sont pas très éloignées de celles qui avaient présidées à la nomination de Monsieur Falcone – à savoir la volonté de contrarier le cours de la justice en France. Non seulement le timing est opportun, mais en outre le décret de nomination  indique très clairement que le Président de la République de Guinée Equatoriale a décidé de nommer Monsieur Teodorín Nguema Obiang Mangue « en réponse aux circonstances »[7].
La France, en tant qu’État hôte de l’UNESCO, a le pouvoir et le devoir de s’opposer à la nomination de « Teodorín » Obiang, en lui refusant le titre de séjour spécial auquel sont attachés les privilèges et immunités, permettant ainsi à la justice française de suivre son cours.
Il est inacceptable qu’une organisation internationale telle que l’UNESCO puisse être instrumentalisée aux fins de contrarier le cours d’une procédure judiciaire légalement ouverte en France.
SHERPA et TI france demandent solennellement au gouvernement français de déclarer TNO persona non grata ainsi que l’article 9 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques l’y autorise. Nous appelons par ailleurs le plus grand nombre à signer notre pétition en ligne en soutien à cette démarche.
En tant qu’avocat de TI France et président de SHERPA, Maître William Bourdon vous convie à un point presse lundi 16 juillet à 18.00 H à son cabinet, au 156 rue de Rivoli – 75001 Paris. Ce RDV permettra d’évoquer ce nouveau rebondissement dans l’affaire des Biens Mal Acquis, ainsi que le très controversé Prix UNESCO-Obiang pour la recherche en Sciences de la Vie[8], dont la remise est prévue le lendemain, mardi 17 juillet.
Pour participer à cette conférence de presse, merci de bien vouloir adresser un email à communication@asso-sherpa.org
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CONTACTS PRESSE
Maître William Bourdon, avocat de TI France et président de SHERPA | 01 42 60 32 60
Maud Perdriel-Vaissière | Rachel Leenhardt | 01 42 21 33 25