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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

mercredi 7 mai 2014

Faut-il désespérer du Mali d'IBK?


Le Professeur Issa N'DIAYE, mai 2014
par Issa N'Diaye, mai 2014

«Qu’allons-nous faire ?... Du 19 Novembre [1968] à ce jour, qu’ont fait nos gouvernements ? Pas grand-chose.Nous assistons à une période faite de résolutions creuses, de vœux pieux, de détournement de légitimité. Le Mali traverse une histoire où la violence a pris le pas sur la raison. Nous, jeunes du Mali, quel est notre avenir? Nous, femmes du Mali, quel est le nôtre ? Suivre tout simplement ? Peut-être pas ! Nous sommes fatigués d’un futur sans lumière. Il est temps que nous prenions conscience que nous sommes seuls et qu’être assisté en permanence, c’est être colonisé. Ici et là, jeunes et femmes, redressons la tête et les gouvernants seront nus. Redressons la tête pour qu’ici et là, la démocratie jeune et nouvelle, animée par le sang des martyrs… que les fascistes nous ont volée, refasse surface. Le printemps malien que nous vivons en ce moment manque cruellement d’expériences, de perspectives et surtout d’hommes et de femmes capables de l’animer. Mettons-nous dans la tête que lorsque nous disparaîtrons, nous emporterons avec nous une conviction. Il n’existe pour ainsi dire pas de problèmes insolubles, mais il y a peu d’hommes qui soient capables de trouver les solutions adéquates. Ce n’est pas que les hommes de nos jours soient sots, mais ils sont trop impliqués dans la gestion de leurs affaires quotidiennes. Ils n’ont plus le temps, ni la force, ni les idées pour regarder au-delà. Ils sont résignés… »
Ibrahima Ly : Extrait de l’Appel lancé par le Regroupement des Patriotes Maliens lors du Référendum constitutionnel de 1974.

Les anciens disaient que le pouvoir était un révélateur redoutable, qu'il mettait à nu celui qui l'exerçait, ses qualités, ses ressorts intimes et surtout ses défauts. Selon une sagesse populaire, le pouvoir est comme un fusil chargé à bloc dont il faut se méfier. Il ne faut jamais en faire un jouet. Il ne faut ni s'amuser avec, ni s'y accrocher. Certes, il faut le tenir fermement mais sans s'y agripper. En s'y agrippant trop, on en devient le jouet. Au lieu de diriger le pouvoir, il finit par vous diriger. Pour Amadou Hampâté Ba, le pouvoir est une drogue. Il agit à l'instar de l'alcool. Au premier verre, on est joyeux et on gambade dans tous les sens comme un cabri. Au second, on se prend pour un lion qui veut tout régenter. Au troisième verre, on veut être craint et semer la terreur. Mais au lieu d'être craint, on finit par être détesté par son peuple.

En observant le comportement actuel du Président du Mali, on a le sentiment étrange qu'il a bu les trois verres d'un trait, du fait de la rapidité avec laquelle l'enthousiasme populaire de départ a cédé la place au plus grand désarroi. Et s'il existait un baromètre fiable de l'opinion publique nationale, nul doute qu'il battrait le record d'impopularité de l'actuel président français.Son divorce rapide avec son peuple, à un semestre de sa prise du pouvoir, semble venir avant tout du choix malencontreux et à chaque fois raté des hommes de son entourage. On avait espéré et cru qu'il avait compris, tout compris, lui qui avait assisté à tout, d'un bout à l'autre, à la dégénérescence de la démocratie malienne et à la faillite de l’État. Il en avait été le témoin voire l'un des acteurs privilégiés parfois. Il connaît la réalité des institutions et des hommes. Il ne peut donc se prévaloir d'aucune excuse. Il sait ce qu'il fait et pourquoi il a choisi tel ou tel individu. Il connaît sa garde rapprochée en dehors et au sein de son parti, garde rapprochée plus affairiste que militante, incompétente et vindicative à souhait. Elle est aujourd'hui au cœur de son système de gouvernement dont le credo s'illustre parfaitement dans cette proclamation faite déjà en 2002, assez parlante d'elle-même selon laquelle "IBK serait son projet de société".

lundi 5 mai 2014

Affaire Sankara, nouveau déni de justice, la mobilisation continue

Le 30 avril 2014, Le tribunal de Grande instance de Ouagadougou s’est déclaré incompétent pour ordonner une expertise ADN afin d’identifier des corps enterrés à Dagnoen.
Nous accueillons, cette décision, avec tristesse, déception et colère et c’est désormais la révolte et la rage qui nous envahissent. Cette décision fait pourtant suite à une requête déposée par les avocats de la famille datant du 2 février 2011. Il a donc fallu 3 ans pour que des juges se déclarent incompétents ! Et la première requête en justice de la famille date quant à elle de 1997 !
La réalité du Burkina Faso, c’est que Blaise Compaoré est le seul véritable juge concernant l’affaire Sankara. Il panique à chaque fois qu’il en est question, redoutant d’être lui-même poursuivi, comme il panique a l’idée d’être poursuivi pour son rôle dans les guerres, du Libéria, de Sierra Léone et de Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle, toutes les procédures lancées au Burkina sur l’assassinat de Thomas Sankara sont bloquées.
Mais la famille Sankara est en droit de pouvoir se recueillir sur une tombe authentifiée comme celle du défunt président Thomas Sankara. La famille Sankara, les familles des collaborateurs de Thomas Sankara assassinés avec lui, les peuples africains, et tous les héritiers politiques de Thomas Sankara demandent aujourd’hui la vérité et la justice.