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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

dimanche 15 mars 2015

"L'histoire contemporaine de l'Afrique, c'est le panafricanisme"
Entretien avec Amzat Boukari-Yabara




par Anne Bocandé
Africultures


Dépoussiérer le panafricanisme. C'est ce que propose le chercheur Amzat Boukari dans son ouvrage paru chez La Découverte, Africa Unite ! Une histoire du panafricanisme. Africultures l'a rencontré.

Vous évoquez le panafricanisme comme un concept philosophique, un mouvement sociopolitique, ou une doctrine de l'unité politique. Quelle est la définition du panafricanisme ?
http://tlaxcala-int.org/upload/gal_9908.jpg
Amzat Boukari-Yabara
Historien, spécialiste de l'Afrique.
Originaire du Bénin et de la Martinique, Amzat Boukari-Yabara est titulaire d'une maîtrise en histoire du Brésil (Paris-Sorbonne, 2005), d'un master en sciences sociales (EHESS, 2007) et d'un diplôme d'études latino-américaines (IHEAL, 2011). Sa thèse de doctorat en histoire et civi­lisations de l'Afrique (EHESS, 2010) interroge les divers aspects du panafricanisme et des mouvements révolutionnaires contemporains à partir de la biographie politique et intellectuelle de l'historien guyanien Walter Rodney.
Il est notamment l’auteur de Nigeria (De Boeck, 2013) ; Mali (De Boeck, 2014); Africa unite ! (La Découverte, 2014); Walter Rodney (1942-1980) : les fragments d’une histoire de la révolution africaine (Présence africaine, 2015).
Le panafricanisme est né à la fin du XVIIIe siècle, à peu près en même temps que le libéralisme et le socialisme. Donc, c'est une idéologie très ancienne qui se distingue des deux autres par sa conscience historique, par son identité " géographique ". Le panafricanisme est lié à un continent, un espace. Le panafricanisme est l'équivalent pour l'Afrique, du concept de l'Occident pour l'Europe. L'Australie, l'Amérique du Nord, l'Europe de l'Ouest, se regroupent dans un même imaginaire dit " occidental " qui montre que la division du monde est en réalité le reflet de la circulation des hommes et des idées. De la même manière, est panafricaine toute société gardant une identité africaine dans son évolution, dans son rapport à l'autre, et dans son rapport à l'idée d'émancipation.

D'autre part, il y a un aspect historiographique : quand on dit que l'histoire de l'Afrique contemporaine commence en 1885 avec la conférence de Berlin, ou en 1960 aux indépendances, cela n'a aucun sens. Mon intérêt était de montrer que le panafricanisme est né en même temps que le libéralisme et le socialisme qui sont liés à la Révolution française, à la Révolution américaine, à l'industrialisation, etc. L'histoire contemporaine de l'Afrique, c'est le panafricanisme. C'est exactement la même profondeur historique. Donc, par conséquent, si on veut écrire l'histoire de l'Afrique, il faut partir du panafricanisme.

Vous précisez que c'est une histoire liée à un continent, à un espace, mais pas nécessairement à une couleur de peau. C'est-à-dire ?
Le panafricanisme a d'abord été un pan-négrisme, un sentiment de solidarité entre les Noirs déportés aux Amériques dans le cadre de la traite transatlantique. Ce crime contre l'humanité a accompagné l'essor du capitalisme, c'est-à-dire le système le plus perfectionné d'exploitation et de domination globale de l'homme par l'homme, et donc le système à l'origine du monde tel que nous le connaissons aujourd'hui. Le racisme - qui stigmatise et assimile la peau noire à la condition servile dans les Amériques - a eu pour réponse une auto-identification, cette fois-ci positive, des Noirs à l'Afrique, mais une Afrique qui était plus imaginée que représentée. Cette imagination vient des passages sur l'Éthiopie dans la Bible ou dans les récits d'esclaves, et donnera plus tard les écrits de la Renaissance de Harlem et de la Négritude.

D’Épervier à Barkhane et de Fabius à Fabius

par Odile Tobner, Billets d'Afrique, mars 2015, éditorial


Le 26 janvier, les forces de l’ordre ouvraient le feu contre les élèves de terminale du lycée Pascal Yoadimnadji de Doba, dans le sud du Tchad, qui manifestaient contre la modification des règles d’inscription au baccalauréat, faisant cinq morts, dont trois lycéens.
Police au lycée de Kelo 1
Le 21 février, Laurent Fabius se rendait à Ndjaména pour assurer le Président Idriss Déby de l’amitié chaleureuse du Président français. La France a fait du Tchad la base de son dispositif Barkhane, censé combattre la menace djihadiste au Sahel. Ce même Fabius dirigeait le gouvernement qui, en 1986, installait le dispositif Épervier, par lequel la France affirmait son emprise militaire sur ce pays. Le prétexte était alors de le protéger des menées de Kadhafi.