Communiqué du Collectif de
Solidarité avec les Luttes Sociales et Politique en Afrique, 23 mai 2013
Le 26 mai 2013, des élections auront lieu en Guinée équatoriale afin
d'élire les conseils municipaux, les députés de la
Chambre des Représentants du peuple et les membres du Sénat. Ces élections
cachent la préparation de la succession du président Teodoro Obiang Nguema par
son fils Teodorin. Elles se préparent dans un climat de terreur[1].
Obiang père |
La Guinée
Équatoriale, État de 720 000 habitants, avec 76,8% de la population en
dessous du seuil de pauvreté[2] et 51 ans d’espérance de vie[3], est le troisième producteur de pétrole d’Afrique
subsaharienne. En avril 2013, le pays a été exclu de l’Initiative pour la
Transparence dans les Industries Extractives (ITIE)[4]. C’est un fournisseur important des États-Unis, mais
aussi de pays européens dont la France[5], l’Italie, et l’Espagne qui appuie actuellement le
régime. La relation entre les États français et équato-guinéen est marquée par
l’histoire de la Françafrique[6], et ses
pratiques qui perdurent comme le montrent les récents voyages de Claude Guéant
à Malabo[7]. La famille
de Teodoro Obiang Nguema, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1979 et plus
ancien chef d’État africain en activité, possède de nombreux biens immobiliers
en Europe. Dans l’affaire des Biens Mal Acquis[8], la justice
française a saisi l’hôtel particulier à Paris de son fils Teodorin, estimé à
plus de 100 millions d’euros.
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Obiang fils
Lire aussi Le monde selon Obiang fils
|
Lors des
dernières élections, sans observateurs internationaux[9], les listes
électorales faussées, votes multiples et autres intimidations, ont permis au
président Obiang d’être réélu avec des scores totalitaires : 97,85% en
1996, 97,1% en 2002, 95,37 % en 2009, et à son parti, le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), de
remporter toutes les élections. Celui-ci est quasiment parti unique. Les
citoyens doivent adhérer au PDGE pour espérer un emploi dans l’administration.
Les
militants d’opposition, leurs familles et leurs amis, subissent des menaces,
violences, détentions arbitraires, signalées régulièrement dans les rapports de
l’ONU, d’Amnesty International[10], ou de
Human Rights Watch[11]. Reporters
sans Frontières vient de condamner « le blocage par l’État équato-guinéen,
le 12 mai 2013, de l’accès à Facebook et à certains sites de
l’opposition »[12]. A l’étranger, les partis n’ont pas obtenu de
légalisation. Des opposants politiques purgent de longues peines de prison.
Depuis le « printemps arabe », la présence militaire et policière
s’est renforcée et les arrestations se sont multipliées.
Comment des pays européens
peuvent-ils accepter de dépendre du pétrole d’une dictature si
caricaturale ? Le Collectif de
Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique demande aux
gouvernements français et espagnol et à l’Union européenne de se concerter pour
dénoncer la répression actuelle et l’absence de démocratie en Guinée
Équatoriale, de faire pression sur les entreprises européennes opérant en
Guinée Équatoriale afin qu’elles cessent de rémunérer la famille Obiang,
d’adopter une attitude ferme en faveur de la démocratisation du pays et de la
défense des droits humains, y compris en
prenant en considération la situation de l’opposition politique en exil.
Collectif de Solidarité avec
les Luttes Sociales et Politiques en Afrique,
Les 14
signataires : Mouvement pour la Restauration Démocratique en Guinée
Equatoriale (MRD), Ça suffit comme ça ! (Gabon), Fédération des Congolais
de la Diaspora (FCD, Congo Brazzaville), Alliance Républicaine pour le
Développement (ARD, Djibouti, USN), Mouvement pour Renouveau Démocratique (MRD,
Djibouti, USN), Rassemblement National Républicain (Tchad), Alliance Nationale
pour le Changement Ile-de-France (ANC-IDF, Togo), Collectif des Associations
Contre l'Impunité au Togo – France (CACIT France), Survie, Afriques en lutte,
Sortir du Colonialisme, Parti de Gauche, Fédération pour une Alternative
Sociale et Ecologique, Europe Ecologie les Verts.
[1] 19 mai 2013, Une campagne
électorale sous haute tension : http://www.france-guineeequatoriale.org/News/1303.html
[2] Guinée E. croissance sans
développement ? http://www.dial.prd.fr/dial_publications/PDF/stateco/stateco105/limantinguiri.pdf
[5] 2010, exportation de
pétrole de la Guinée E. par destination : USA 29%, Espagne 14%, Italie
13%, Canada 10%, chine 7%, Brésil 6%, France 5%. Source : http://www.eia.gov/countries/cab.cfm?fips=EK
[6] sept. 2011, Affaire Bourgi
: La Guinée équatoriale dément... http://www.france-guineeequatoriale.org/News/471.html
[7] 8 mai 2013, Les voyages africains de Guéant
sont-ils "troublants"?, http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/Les-voyages-africains-de-Gueant-sont-ils-troublants-606299
[8] Association Sherpa : http://www.asso-sherpa.org/nos-programmes/ffid/campagne-ra/bma
[9] En 2011, pour la
présidentielle, la Guinée a refusé la venue des journalistes espagnols.
[11] 9.7.9, ‘Oil and Human Rights in Equatorial
Guinea’: http://www.hrw.org/reports/2009/07/09/well-oiled-0
[12] RSF : 3 mai
2013 : Obiang sur la liste des ‘prédateurs de la liberté de
l’information’ + 14 mai 2013, Facebook et des sites
d’opposition censurés: http://fr.rsf.org/guinee-equatoriale-facebook-et-des-sites-d-opposition-14-05-2013,44617.html
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Le Collectif
de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique se réunit chaque mois depuis 2009 à Paris. Il inscrit son travail dans le
sens d’un soutien aux démocrates africains et dans le sens d’une réforme
profonde de la politique française. Il a participé à de nombreux événements et
manifestations, et a poursuivi depuis 2009 un travail sur les élections, les
processus électoraux et les fraudes. Il constitue un espace de réflexion
collective grâce à ses réunions régulières, et un espace de plaidoyer et
d’échanges entre partis politiques et associations, de France et d’Afrique.
Le Collectif
de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique s’est particulièrement investi sur
certains évènements et crises, en mettant l’accent sur les processus
électoraux :
Avril 2013,
Togo, affaire des incendies, lettre à Laurent Fabius
Février 2013, Djibouti, Togo, Cameroun, Guinée C,
législatives : lettre ouverte à Assemblée Nationale
Février 2013, Djibouti,
élections législatives : communiqué
Janvier 2013, Togo,
élections législatives, lettre ouverte du collectif à l’Union européenne :
Juillet 2012, Congo Brazzaville,
élections législatives, communiqué du collectif:
Octobre 2011, Cameroun, élection présidentielle : dossier d’information, mobilisation et meeting:
2010 : cinquante ans des
indépendances : mobilisations dont une manifestation le 14 juillet
2010 :
Mars 2010, Togo, élection
présidentielle : mobilisation, plaidoyer vers UE, communiqué :
Juin 2009,
Mauritanie, déclaration du collectif