Communiqué de Survie, 6/7/2016
La
Cour d’Assises de Paris vient de condamner deux anciens bourgmestres
rwandais, Octavien Ngenzi et Tito Barahira, à la réclusion criminelle à
perpétuité pour leur participation au génocide des Tutsi dans la commune
de Kabarondo, en avril 1994.
Partie civile dans ce procès, Survie rend
tout d’abord hommage au remarquable travail du Collectif des Parties
Civiles pour le Rwanda (CPCR) sans qui ce procès n’aurait jamais eu
lieu. Survie prend ensuite acte que par cette condamnation pour
génocide, la Cour d’Assises de Paris reconnaît à nouveau, comme lors du
procès de Pascal Simbikangwa en 2014, que le génocide des Tutsi est bien le fruit d’un « plan concerté ».
Les débats ont montré comment ce génocide avait été planifié par les
autorités gouvernementales de l’époque, puis mis en œuvre par des unités
de l’armée et de la gendarmerie, par les milices extrémistes hutu et
par une partie de la population hutu. A l’échelon préfectoral, les
bourgmestres ont été un relais essentiel de la mobilisation génocidaire.
La Cour a pu l’établir en l’espèce pour MM. Ngenzi et Barahira, l’un
bourgmestre en fonction, l’autre ancien bourgmestre.
Par ailleurs, magistrats et jurés ont su rejeter les thèses négationnistes qui leur ont été présentées. L’audition de témoins de contexte les y a aidés. Après avoir rappelé qu’ « il n’y a pas de génocide sans Etat, sans préparation par un Etat », l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau avait ainsi estimé que l’idée d’un « double génocide » constituait la forme la plus élaborée du négationnisme : si nul ne conteste les crimes de guerre commis par l’armée du Front Patriotique Rwandais (FPR) au Congo, cette forme de réciprocité est « perverse », avait-t-il jugé. L’historienne Hélène Dumas avait pour sa part déclaré que présenter le génocide comme une guerre inter-ethnique relève selon elle du négationnisme.
La Cour d’Assises de Paris a enfin été confrontée, pour la première fois dans une enceinte judiciaire, à la question des responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi. Stéphane Audoin-Rouzeau, interrogé le 12 mai 2016 par un juré sur le rôle des puissances étrangères, a ainsi souligné que la France n’avait pas voulu voir ce que signifiaient les massacres de Tutsi commis entre 1990 et 1994, avant le déclenchement du génocide ; que durant cette période, les militaires français avaient volé au secours des Forces Armées Rwandaises (FAR) en passe d’être défaites par le FPR ; que la première semaine de l’opération Turquoise (22 juin – 22 août 1994) ne relevait pas d’une intention humanitaire mais de co-belligérance avec le gouvernement génocidaire pour empêcher la progression du FPR ; que la France avait laissé passer les génocidaires sans les arrêter lorsqu’ils fuyaient vers le Zaïre, avec pour conséquence l’installation aux frontières du Rwanda de camps de réfugiés et d’organisations politico-militaires qui voulaient prendre leur revanche.
Par ce procès et ce verdict de condamnation à la peine maximale, la justice française s’honore de contribuer à la connaissance de la vérité concernant le génocide des Tutsi et à la fin de l’impunité des génocidaires rwandais présents sur notre sol. Il reste à espérer que des moyens supplémentaires lui soient attribués car au rythme actuel des instructions et des procès, il y a tout lieu de craindre que les rescapés ne meurent avant de voir condamner leurs bourreaux.
Par ailleurs, magistrats et jurés ont su rejeter les thèses négationnistes qui leur ont été présentées. L’audition de témoins de contexte les y a aidés. Après avoir rappelé qu’ « il n’y a pas de génocide sans Etat, sans préparation par un Etat », l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau avait ainsi estimé que l’idée d’un « double génocide » constituait la forme la plus élaborée du négationnisme : si nul ne conteste les crimes de guerre commis par l’armée du Front Patriotique Rwandais (FPR) au Congo, cette forme de réciprocité est « perverse », avait-t-il jugé. L’historienne Hélène Dumas avait pour sa part déclaré que présenter le génocide comme une guerre inter-ethnique relève selon elle du négationnisme.
La Cour d’Assises de Paris a enfin été confrontée, pour la première fois dans une enceinte judiciaire, à la question des responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi. Stéphane Audoin-Rouzeau, interrogé le 12 mai 2016 par un juré sur le rôle des puissances étrangères, a ainsi souligné que la France n’avait pas voulu voir ce que signifiaient les massacres de Tutsi commis entre 1990 et 1994, avant le déclenchement du génocide ; que durant cette période, les militaires français avaient volé au secours des Forces Armées Rwandaises (FAR) en passe d’être défaites par le FPR ; que la première semaine de l’opération Turquoise (22 juin – 22 août 1994) ne relevait pas d’une intention humanitaire mais de co-belligérance avec le gouvernement génocidaire pour empêcher la progression du FPR ; que la France avait laissé passer les génocidaires sans les arrêter lorsqu’ils fuyaient vers le Zaïre, avec pour conséquence l’installation aux frontières du Rwanda de camps de réfugiés et d’organisations politico-militaires qui voulaient prendre leur revanche.
Par ce procès et ce verdict de condamnation à la peine maximale, la justice française s’honore de contribuer à la connaissance de la vérité concernant le génocide des Tutsi et à la fin de l’impunité des génocidaires rwandais présents sur notre sol. Il reste à espérer que des moyens supplémentaires lui soient attribués car au rythme actuel des instructions et des procès, il y a tout lieu de craindre que les rescapés ne meurent avant de voir condamner leurs bourreaux.
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