· Les Comores, un archipel dans le Canal du Mozambique, entre Madagascar et l’Afrique de l’Est
· 4 îles : Ngazidja (« La Grande Comore »), Mohéli, Anjouan et Maoré (« Mayotte »)
· 700 000 habitants, dont 185 000 à Mayotte (dont 60 000 Comoriens « sans papiers »
Maoré devient française en 1841 : Andriantsouli, le pirate malgache qui règne sur l’île, se « met sous la protection » de la flotte de Sa Majesté Louis-Philippe, et signe un traité d’annexion après avoir vidé une caisse d’absinthe. La France généreuse proclame qu’elle veut mettre fin au règne des « sultans batailleurs » sur l’Archipel.
L’objectif de fait est de garder un pied dans l’Océan Indien, après la perte de l’Île Bourbon (« La Réunion »), occupée par l’Angleterre.
Traité d’annexion du 25 avril 1841
Article 1 – Le Sultan Andriansouli cède à la France, en toute propriété, l’île de Mayotte qu’il possède par droits de conquête et par convention et sur laquelle il règne depuis treize ans.
Art. 2 – En retour de la présente cession le Gouvernement français fera au Sultan une rente annuelle et viagère de mille piastres.
Les 3 autres îles sont occupées 40 ans plus tard par la France, qui établit un Protectorat. Les colons ne parviendront jamais à développer une économie de plantation réellement profitable : la canne à sucre, la citronnelle, la vanille, l’ylang ylang (plante à parfum) seront des échecs successifs.
La période 1880 -1889 est marquée par des guerres intestines, attisées par les « puissances », entre les 3 grands matriclans royaux de l’île, les Fwa’mbaïa (soutenus par Zanzibar et Londres), les Matswa-Piroussa (soutenus par Madagascar et Paris) et les Mdo’mbozi (soutenus par Dar-es-Salam et Berlin). La colonisation française s’impose finalement, non sans des soubresauts, notamment en 1915…
« Mayotte est, avant tout, une station maritime de premier ordre. En outre, par sa situation géographique, [...] à mi-chemin de l'Afrique et de Madagascar, Mayotte commande toutes ces régions. Ce sont ces raisons qui ont déterminé la France à s'y établir en 1841 »
Faymoreau, délégué au Conseil supérieur des colonies, 1899
Dates-clé
1886 la Grande Comore, Mohéli et Anjouan deviennent protectorat sous la direction du gouverneur de Mayotte qui garde un statut de colonie.
1908 l'ensemble des Comores est intégré sous l'autorité du gouvernement général de Madagascar et dépendances.
1946 les Comores sont séparées de Madagascar et deviennent territoire d'outre-mer.
1958 les Comores refusent tant l'indépendance que la départementalisation
1961 statut d'autonomie interne
1966 La capitale Dzaoudzi (Mayotte) est transférée à Moroni. Les prostituées de Dzaoudzi, voyant leur gagne-pain (les fonctionnaires) disparaître, créent le Mouvement populaire mahorais (lié à l’UDF sous Giscard et à l’UMP aujourd’hui).
1974 Référendum : 95% des électeurs comoriens votent pour l’indépendance, mais Paris décide de compter les résultats île par île. Mayotte ayant voté à 65% pour rester française, Paris décide qu’elle restera française.
1975 Les Comores proclament leur indépendance. En 33 ans, l’archipel vivra 20 coups d’État et coups tordus, 2 assassinats de présidents (Ali Soilihi 1978, Ahmed Abdallah 1989), une déportation de président (Said Mohamed Djohar), avec la participation active de mercenaires français mandatés par les gouvernements de Paris (Bob Denard & Co)
1976 Paris organise un référendum illégal pour « confirmer » l’appartenance de Mayotte à la France.
En 20 ans, 20 résolutions de l’ONU condamnent l’occupation illégale de Mayotte par la France. Laquelle poursuit imperturbablement son occupation.
29 mars 2009
3ème référendum. Mayotte risque donc de devenir le 101ème département français. En toute illégalité. Et l’Union européenne se tait.
APPEL À UNE MANIFESTATION UNITAIRE
LE 21 FÉVRIER 2009 À PARIS
TOUS ENSEMBLE EN SOLIDARITE AVEC TOUS LES PEUPLES A DECOLONISER
RASSEMBLEMENT PLACE JOFFRE (Champs de Mars)
Le peuple français doit connaître les pratiques et le vrai visage du colonialisme français qui impose, par la force, la partition des Comores alors que l’Europe veut s’unir pour faire face aux enjeux du 21ème siècle.
Le gouvernement de Sarkozy, dans la logique coloniale érigée en loi, veut ancrer, encore plus, l’île comorienne de Mayotte dans la France, en organisant en mars 2009 «un référendum sur la départementalisation de Mayotte ».
Pourtant Mayotte est comorienne, en vertu des résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 3385 (XXX) du 12 novembre 1975, qui réaffirme «la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composées des îles d’Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli », comme le souligne la résolution 3291 (XXIX) du 13 décembre 1974 et d’autres résolutions de l’Assemblée générale.
Force est de constater que cette occupation illégale a conduit à son cortège de morts, de maltraitance et d’humiliations. En effet, depuis qu’en 1995, le gouvernement français a instauré un visa d’entrée à Mayotte pour entraver la libre circulation des Comoriens des autres îles. Les Comoriens qui veulent se rendre à Mayotte, à défaut de ce visa qui leur est impossible à obtenir, sont pourchassés et « noyés », ce qui s’est soldé par plus de 6000 morts dans le bras de mer séparant les îles d’Anjouan et de Mayotte (appelé le « plus grand cimetière marin »). Ceux qui ont survécu sont pourchassés et maltraités par la Police des frontières (PAF) : ils sont considérés comme des «clandestins» [chez eux] et représentent plus du tiers de la population vivant sur l’île de Mayotte !
Loi du plus fort contre le plus faible, au mépris du Droit International. Politique du chiffre et désastre humanitaire.
Depuis 33 ans, la France colonialiste développe dans l’île comorienne de Mayotte, une économie artificielle et une politique de l’assistanat ; la presse et les observateurs font état, jour après jour, du non respect flagrant du droit humain dans cette région (on a pu parler de «zone de non droit»).
Depuis 33 ans, La France colonialiste sème la terreur dans les 4 îles. Elle inflige à la partie indépendante des Comores, une déstabilisation chronique par une série de coups d’états organisés par des mercenaires français (conduits par le tristement célèbre Bob Denard).
En le cachant à son peuple, au nom de ses intérêts géopolitiques, ses intérêts supérieurs, elle continue de mettre en oeuvre une politique coloniale.
Il s’agit d’un programme délibéré de partition, de « séparation » des Peuples d’un même pays, d’une même zone géographique, au nom de « sa place dans le monde ».
La France maintient sa présence, non seulement dans l’océan Indien, mais aussi dans l’Océan Pacifique contre les Peuples Kanak, Wallisiens, Futuniens, Polynésiens ; dans l’Océan Atlantique contre les peuples Antillais et Guyanais. C’est ce qu’elle appelle, avec fierté, sa «France des 3 océans » !
Tous nos peuples doivent s’unir pour arrêter le processus de «mayottisation» froidement mis en œuvre depuis quelques décennies aux Comores; ce processus est destiné à être appliqué, par la suite, aux autres pays de l’empire colonial français.
Tous ensemble, disons NON au colonialisme, à l’occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte, au référendum sur la départementalisation !
Nous appelons tous les anticolonialistes à venir manifester leur solidarité envers les peuples opprimés du 21ème siècle. Pour en finir avec ces pratiques colonialistes d’un autre âge !
Organisations signataires de la semaine anticoloniale
ADAUPO, ACAT, ACCA, AFASPA, Afrique 21, AIPDRDA, AME, ARDHD, ATTAC AFRIQUE, amicale panafricaine, CAAC-COMORES, CADTM-France, Canalmoza, CCFD, CEDETIM, CIFDDH, Cimade, C.O.D.E, COFANZO, CNR-MUN, CNT, CTR TOGO, Comores-TV, Diascom, Droits devant, Douniaweb,FCD, FNEB, FFA, AIDSPK, gennevilliers pourtous, Greenpeace, IPAM, Les Amis de la Terre, MBDHP, Mouvement de la paix, Mouvement des Indigènes de la République, MRAP, Oxfam-France/Agir ici, Survie, ocomores.com, PCF, PCOF, PIT, Peuples Solidaires, plateforme panafricaine, Radio FPP, REBENUU, Réseau Féministe "Ruptures", Réseau "Sortir du nucléaire", SCPT, UPC-France...
Merci de signer la pétition «contre l’occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte» sur les sites ci-dessous: http://www.sos-comores.org ; http://www.anticolonial.org
Débat à l’ Assemblée nationale, séance du 11 février 2009 (extrait)
M. Jean-Paul Lecoq (Gauche démocrate et républicaine, Seine-Maritime)
Ce visa, dit « visa Balladur », imposé par Charles Pasqua en 1994, a mis fin à la liberté de circulation entre les différentes îles ; j’avoue que cette situation n’est pas sans rappeler celle des Allemands séparés par le mur de Berlin. L’obtention de ce visa étant quasiment impossible, les Comoriens des autres îles sont très nombreux à tenter la traversée sans visa, parfois sur des embarcations de fortune. Cette situation est à l’origine de plus de 4 500 morts dans le bras de mer qui sépare Anjouan de Mayotte.
Ceux qui arrivent vivants sont immédiatement expulsés, ce qui a permis à notre ancien ministre de l’intérieur, M. Sarkozy, de dépasser son objectif de 12 000 expulsions en 2006. En effet, les autorités françaises effectuent à Mayotte en moyenne 50 expulsions par jour sur une population de 200 000 habitants, ce qui, rapporté à l’échelle de la France, représente l’équivalent de 4 millions d’expulsions en une année !
Des rafles gigantesques sont régulièrement organisées pour expulser ces indésirables, dans des conditions de violence inouïe. Selon l’association Survie, les maisons de ces « clandestins » sont régulièrement incendiées avec la bénédiction des maires, du préfet et sous la protection de la gendarmerie. Les victimes sont entassées dans des centres de rétention en attendant leur déportation vers les autres îles.
M. Philippe Gosselin (UMP Manche). Quel sens de la mesure !
M. Didier Quentin (UMP, Charente-Maritime). Le pire est toujours vrai, avec vous !
M. Jean-Paul Lecoq. Je voudrais aujourd’hui prévenir que Mayotte étant, au regard du droit international, un territoire des Comores illégalement occupé par une puissance étrangère, la France se rend coupable de « déplacements forcés de populations », qui constituent un crime contre l’humanité passible de la Cour pénale internationale.
M. Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre, Seine-Saint-Denis). Aïe aïe aïe !
Pour lire l'intégralité du débat à l'Assemblée nationale sur Mayotte, cliquer ici
1 commentaire:
Les Mahorais sont Français, comme les Basques et les Bretons
Je ne comprends pas toujours la haine des "Métropolitains" quand on parle de Mayotte. En fait les Mahorais ne demandent pas à devenir Français, ou à rentrer dans la République... Ils sont Français, comme leurs parents, grands-parents et plusieurs générations avant... Ils demandent juste à disposer des mêmes lois et règles que tous les Français, comme notre Constitution le stipule.
Alors arrêtez de raconter des inepties sur le coût, la religion ou les soucis à venir de cette départementalisation. Ne nous parlez pas de décolonisation, ce combat date d'un siècle... Vous êtes un peu en retard. C'est juste le simple respect des Mahorais, qui sont autant Français que les Basques, les Bretons ou les Aveyronnais.
Pour information sur ceux qui baratinent que Mayotte a la même histoire, la même culture que les autres îles des Comores, il suffit d'y vivre pour savoir le contraire. Grande Comore et Anjouan sont restés des sultanats où une minorité descendants d'Arabes musulmans dirigent d'anciens esclaves africains depuis leurs médinas et refusent la démocratie. Mohéli est une île sans médina, peuplée essentiellement de descendants d'esclaves, noirs, et l'île est très agréable, paisible, agricole.
Mayotte, la plus proche de la Grande île, est peuplée pour moitié de Français originaires de Madagascar, pour moitié de descendants d'esclaves. Il n'y a pas de médina, pas de sultanat, pas d'implantation arabe historique, à part une simple petite mosquée à Tsingoni. Les Français se sont d'abord installés à Mayotte et à leur contact les Mahorais - des gens très intelligents, très ouverts, peut-être le bon poisson qu'on y mange - ont rapidement découvert la force de l'école laïque, de l'égalité, de la liberté et ne retourneront jamais avec l'Union des Comores islamique et toujours dirigée par une caste de familles qui pillent ces îles depuis des générations, volent l'argent de l'aide internationale, disposent de passeports français (européens) pour eux et leurs enfants et empêcheront toujours la majorité des descendants d'escalves de s'éduquer et développer leur pays.
Je ne comprends pas qu'une association comme la vôtre, qui se bat pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, pour la liberté des peuples, veuillent empêcher les Mahorais de s'exprimer comme ils l'ont fait à plusieurs reprises. Je ne comprends pas que parce que nous avons choisi la France, nous avons tort. Sortez de vos carcans et essayez de nous comprendre avant de vociférer sur notre sort. Nous sommes tout à fait capable de choisir notre destin. Nous demandons seulement que nos "cousins" comoriens respectent notre choix et se mettent au travail, s'occupent de développer leur île, nous respectons leur choix, respectez le nôtre.
Ahmed Abdou
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