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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

mercredi 25 mars 2009

Biens mal acquis : N. Sarkozy doit demander des explications sur la mort de Bruno Jacquet Ossebi

A l’occasion de la visite présidentielle au Congo-Brazzaville le 26 mars 2009
Communiqué de presse 25 mars 2009



Trop de coïncidences. Le 21 janvier 2009, Bruno Jacquet Ossebi, journaliste franco-congolais qui dénonçait de longue date le régime de Denis Sassou Nguesso [1], a vu sa femme et les deux enfants de 9 et 11 ans de celle-ci disparaître dans l’incendie de son domicile. Lui-même, brûlé au second degré mais dont le diagnostic vital semblait positif, est mort dans la nuit du 1er au 2 février à Brazzaville alors que son rapatriement à Paris, demandé par la France, était prévu le lendemain [2]. Le même 21 janvier, à Saint-Ay (région d’Orléans), un incendie a ravagé le pavillon d’un autre militant congolais, Benjamin Toungamani, sans faire de victime.
Outre leur attache commune avec le Congo, Benjamin Toungamani et Bruno Jacquet Ossebi [3] ont tous deux affiché une détermination sans faille à voir aboutir la plainte pour recel de détournement de fonds publics déposée en France le 2 décembre dernier contre trois chefs d’Etat africains, dont Monsieur Denis Sassou Nguesso, ainsi que les membres de leur entourage. Après des mois d’investissement, Benjamin Toungamani avait dû renoncer à se constituer partie civile par crainte de représailles à l’encontre de sa famille. Quant à Bruno Jacquet Ossebi, dés le lendemain de la plainte du 2 décembre, il avait sollicité l’association Sherpa à plusieurs reprises afin de savoir de quelle manière il lui serait possible de rejoindre la procédure.
Les associations sont extrêmement préoccupées par les circonstances de sa disparition et par le silence qui entoure cette affaire. Elles dénoncent le contexte de répression qui sévit au Congo-Brazzaville à l’encontre des acteurs de la société civile.
Elles appellent en outre Nicolas Sarkozy pour qu’il exige, lors de sa visite au Congo-Brazzaville, que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Contacts : Association Sherpa Maître Bourdon 06 08 45 55 46 Maud Perdriel-Vaissière 06 83 87 97 34 CCFD-Terre solidaire Jean Merckaert 01 44 82 81 23

Notes
1 En animant notamment les sites
http://www.mwinda.org/ et http://congo-biensmalacquis.over-blog.com/
2 Voir le rappel des faits ci-après.
3 Dès 2006, le CCFD a pu apprécier la qualité du travail du journaliste franco-congolais Bruno Jacquet Ossebi en préparant son document de travail sur les biens mal acquis : Biens mal acquis… profitent trop souvent. La fortune des dictateurs et les complaisances occidentales, mars 2007 :
http://www.ccfd.asso.fr/ewb_pages/d/doc_1641.php


Benjamin Toungamani

Monsieur le Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Paris, le 25 mars 2009
Monsieur le Président,
A la veille de votre déplacement en République du Congo, les associations signataires souhaitent attirer votre attention sur la mort du journaliste franco-congolais Bruno Jacquet Ossebi, dans un contexte où les atteintes aux droits de l’Homme par le régime congolais sont nombreuses. Voici les faits.
Le 21 janvier 2009 au petit matin, à Brazzaville, un incendie se déclenche dans la maison qu’occupe Bruno Jacquet Ossebi, avec sa compagne et les deux petites filles (11 et 9 ans) de cette dernière. Toutes trois ont péri brûlées vives tandis que Bruno est transporté à l’hôpital militaire de Brazzaville.
Le même jour, à Saint-Ay (près d’Orléans), un incendie s’est déclaré au domicile d’un autre militant congolais, Benjamin Toungamani, sans faire de victime. Outre leur attache commune avec le Congo, Benjamin Toungamani et Bruno Jacquet Ossebi ont tous deux affiché une détermination sans faille à voir aboutir la plainte pour recel de détournement de fonds publics déposée en France le 2 décembre dernier contre trois chefs d’Etat africains, dont Monsieur Denis Sassou Nguesso, ainsi que les membres de leur entourage.
Après des mois d’investissement, Benjamin Toungamani avait dû renoncer à se constituer partie civile par crainte de représailles à l’encontre de sa famille [1].
Quant à Bruno Jacquet Ossebi, dés le lendemain de la plainte du 2 décembre, il avait sollicité l’association Sherpa à plusieurs reprises afin de savoir de quelle manière il lui serait possible de rejoindre la procédure [2] .
La mort de Bruno Ossebi est pour le moins suspecte. Tandis que le Ministère français des Affaires étrangères préparait son rapatriement vers la France, et alors même que l’état de Bruno Jacquet Ossebi semblait s’être stabilisé, ce dernier est subitement décédé dans la nuit du 1er au 2 février.
Outre son soutien à l’action menée en France contre les Biens Mal Acquis, Bruno avait peu avant son décès mis en ligne un article sur le journal congolais Mwinda.org. Intitulé « Pétrole contre poignée de dollars ». Cet article révélait que le Congo et le groupe français BNP Paribas s’apprêtaient à mettre au point un préfinancement pétrolier pour un montant de 100 millions de dollars [3].
Outre la publication de cet article, Bruno Ossebi avait pris soin d’avertir la Banque Mondiale par un courrier électronique en date du 19 janvier 2009 (soit 2 jours avant l’incendie déclenché à son domicile) [4]. Pour mémoire, ce genre d’opération est strictement interdit par le FMI dans le cadre de son programme d’aide aux Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).

Notes
1 Une plainte pour menaces a été déposée devant le Procureur de la République d’Orléans.
2 Compte tenu de son activisme, il ne fait aucun doute que toute la correspondance de Bruno faisait l’objet d’une surveillance étroite du régime.
3 Un préfinancement pétrolier consiste à accorder un prêt à un Etat moyennant un droit de gage sur la production de barils de pétrole brut à venir. Cette pratique est propice à la corruption et à accélérer l’endettement des économies du Sud. La République du Congo s’est engagée à plusieurs reprises à y renoncer au titre de l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).
4 La copie de ces échanges se trouve en la possession des associations signataires.

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