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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

vendredi 16 avril 2010

Radio Mille Collines au Rwanda : archives sonores d’un génocide

Deux émissions de Megahertz sur France Culture (3 et 10 avril 2010)
À écouter et télécharger ici (avant respectivement le 2 et le 9 mai 2010 :
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/megahertz/fiche.php?diffusion_id=82697
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/megahertz/fiche.php?diffusion_id=83123

1 - La Radio Mille Collines, officiellement la RTLM, Radio Télévision Libre des Mille Collines, a rapidement été surnommée Radio Télé La Mort. Créée par des extrémistes hutus comme une arme de guerre contre les accords d’Arusha, la RTLM s’impose dans un premier temps comme une radio populaire et branchée, fameuse pour la bonne musique dont elle agrémente des discours déjà orientés. Après le 6 avril 1994, et l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana, elle devint, avec la machette, l’emblème et l’outil du dernier génocide du 20ème siècle.
Cette première émission d'une série de deux consacrée à la radio rwandaise 1000 Collines, tristement célèbre pour son rôle dans le génocide d’environ 800 000 Tutsis, représentant pas loin de 10% de la population du pays, pourrait s'ouvrir par deux citations, extraites de l’ouvrage de Jean Hatzfeld, Une Saison de machettes, pour lequel il avait recueilli les paroles d’un groupe de tueurs.
La première est de Serge Daney, se situe hors du contexte rwandais, mais prend un sens à la lumière de ce qui s’est passé au Rwanda, il y a quasiment 16 ans jour pour jour : « La radio est sans commune mesure le plus dangereux des médias. Elle détient un pouvoir unique, incomparable et terrifiant parce qu’elle pénètre sans aucune retenue dans l’intimité profonde des individus, n’importe où et à tout moment. »
La seconde citation est celle d’un des tueurs, Adalbert, qui explique comment : « les radios ont exagéré pour chauffer les esprits. Les noms de « cancrelats », de « serpents », ce sont elles qui nous les ont enseignés. La malfaisance des radios était bien trop calculée pour pouvoir la contrer. »
Avec Marcel Kabanda, historien, consultant à l'UNESCO, co-auteur du livre "Rwanda, les médias du génocide" (avec Joseph Ngarambe et Joseph Dupaquier, sous la direction de Jean-Pierre Chrétien), aux éditions Karthala, 1996 et Nestor Bidadanure, journaliste, chercheur universitaire dans le domaine de la « Résolution des conflits"
Invités
Marcel Kabanda.  Historien
Nestor Bidadanure.  Journaliste et chercheur

2- Georges Ruggiu, speaker italo-belge de la Radio 1000 Collines a été condamné à 12 ans de prison par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, pour incitation publique et directe au génocide et est aujourd’hui libre. Ferdinand Nahimana, co-fondateur et idéologue de la Radio Mille Collines a été condamné à 30 ans d’emprisonnement par le TPIR et est actuellement détenu au Mali dans une prison des Nations Unis. Simon Bikindi, chanteur célèbre des ondes des Mille Collines a été condamné en décembre 2008 à 15 ans de prison par ce même TPIR.
Ces trois hommes nous posent au moins deux questions : comment la radio peut-elle devenir l’instrument d’un génocide ?, sujet que nous avons abordé samedi dernier, Et comment mesurer la responsabilité juridique de personnes qui appellent au meurtre par la voie des ondes, sans se saisir eux-mêmes d’une machette ? C’est de cela que nous parlons ce samedi parce que le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, qui siège à Arusha, en Tanzanie, a été, aussi, l’occasion d’un procès des médias en général, et de la Radio Télévision Libre des Mille Collines en particulier. Cette RTLM est surnommée Radio Télé La Mort pour son rôle dans le génocide des Tutsis qui s’est déroulé entre avril et juillet 1994 au Rwanda, mais entre un surnom et une condamnation, il y a des dizaines de milliers de pages, des milliers d’heures d’audience et des années de procédure : une matière dont se sont emparés nos deux invités aujourd’hui, chacun avec leurs outils.
Invités
Raphaëlle Maison.  professeur de droit international public à l’université de Picardie - Jules Verne
Christophe Gargot, cinéaste documentariste.  Christophe Gargot est né en avril 1968 à Poitiers (France).
Diplômé du Master Nouveaux Médias de l'Ensci/Les Ateliers (2001) et de l'EPSCI/Groupe ESSEC (1991), il intervient comme consultant sur des projets internationaux notamment dans les domaines des Droits de l'Homme et se consacre également depuis plusieurs années à la production/réalisation de documentaires. En 2001, il entreprend un premier travail d'analyse des archives audiovisuelles du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), autour d'une question : "Quelle est la capacité de l'image à témoigner ?". Ce travail le conduit à s'intéresser de très près à la fois aux activités du TPIR ainsi qu'à l'émergence d'une justice transitionnelle au Rwanda, les Gacaca, où il se rend en 2002, et dont il suit l'évolution par la suite.
En 2003, il s'installe à Marseille et réalise un premier documentaire, Hé M'Sieur. En 2005, la rencontre avec le producteur Christophe Gougeon (Atopic) donne naissance au projet d'un documentaire pour interroger, 60 ans après le procès de Nuremberg, la contribution singulière de la justice internationale dans des contextes post-conflictuels au travers de l'exemple rwandais. En mars 2007, le tournage commence. En juillet 2008, le film D'ARUSHA À ARUSHA est terminé.

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