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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

samedi 1 janvier 2011

Côte d'Ivoire : bras de fer et danger de guerre

Manifestations contre l'augmentation des prix
des produits de première nécessité, avril 2008
Réunion mensuelle de Survie
Mardi 4 janvier 2011 à 18 h, salle 2, Espace Martin Luther King, 27 Boulevard Louis Blanc à Montpellier, trams Corum
Ordre du jour : la situation en Côte d'Ivoire et le rôle de la France.


Côte d’Ivoire : la France pyromane ne doit pas jouer au pompier
Communiqué de Survie, 23/12/2010

L’association Survie rappelle que la France porte une grande responsabilité dans la crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis 8 ans. Malgré ce que prétendent l’ONU et les puissances occidentales, les conditions n’étaient pas réunies pour éviter une large fraude, particulièrement au Nord du pays. La seule issue semble désormais l’apaisement entre les deux camps et non l’affirmation de la victoire de l’un sur l’autre. La France doit procéder au retrait de son opération militaire au profit de troupes internationales sous commandement onusien.
Pour la première fois de leur histoire, les citoyens ivoiriens ont voté dans une élection présidentielle véritablement pluraliste et ouverte. Malgré des conditions extrêmement défavorables, la participation fut massive. Mais depuis trois semaines, la Côte d’Ivoire est séquestrée par « deux présidents ». Tandis que l’un, Laurent Gbagbo, se crispe sur son pouvoir, la « communauté internationale » est en passe d’imposer l’autre,Alassane Ouattara, aux Ivoiriens.
Pour cerner l’immense responsabilité de la diplomatie française dans l’impasse que vit actuellement la Côte d’Ivoire, il est nécessaire de poser quelques jalons historiques.
À l’automne 2002, l’Élysée refuse l’application des accords de défense à une Côte d’Ivoire en proie à une rébellion armée approvisionnée par un pays voisin. Au contraire, un cessez-le-feu est imposé, entérinant la partition du pays.
En janvier 2003, lors des accords de Marcoussis, la diplomatie française impose l’entrée des rebelles dans le gouvernement ivoirien. À Abidjan, des manifestants refusent que les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur soient confiés aux rebelles, comme le prévoyait l’exécutif français.
En novembre 2004, un engrenage tourne au drame. Au cours d’une offensive aérienne de l’armée ivoirienne sur les zones rebelles, neuf soldats français de l’opération Licorne et un civil américain trouvent la mort. Craignant un putsch orchestré par l’armée française après qu’elle a détruit l’aviation militaire ivoirienne, des manifestants envahissent certains quartiers d’Abidjan.L’armée française tire sur des manifestants, faisant plus de soixante morts.
Les accords de Pretoria d’avril 2005 calquent la structure de la Commission Électorale Indépendante (CEI) sur le plan de table des négociations de Marcoussis, aboutissant à une surreprésentation des rebelles, assurant aux partis d’opposition une large majorité [1]. Dans la foulée, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) est créé à Paris, réconciliant deux anciens ennemis [2], Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, autour d’un accord électoral destiné à assurer la victoire de l’un des deux sur Laurent Gbagbo. L’Union Européenne impulse, à travers les Nations Unies, un Programme d’Appui aux Processus Électoraux dont la CEI est le principal bénéficiaire. Le descriptif de ce programme [3] laissait déjà augurer un passage en force :
« Pour les prochaines échéances électorales, il est à prévoir que le problème de confiance se posera avec une acuité encore plus grande et exigera le recours à des pouvoirs décisionnels exceptionnels pour contrecarrer l’incapacité d’atteindre des consensus politiques en temps utile. »
Début 2007, depuis Ouagadougou, Michel de Bonnecorse, chef de la cellule africaine de l’Élysée sous Jacques Chirac, annonce que la fin de la rébellion n’est pas un préalable aux élections [4]. Quelques semaines plus tard, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, leader de la rébellion, et Blaise Compaoré, président du Burkina, signent les accords de Ouagadougou : Guillaume Soro devient premier ministre. Fin 2007, un accord complémentaire a pour unique objet de confier à la société française Sagem Sécurité le volet technique de l’élaboration des listes électorales [5].
Ce 2 décembre 2010, le Conseil Constitutionnel ivoirien, essentiellement favorable à Laurent Gbagbo, constate l’expiration du délai imparti à la CEI pour annoncer les résultats provisoires. En effet, la CEI a échoué à trouver un consensus sur l’ampleur d’irrégularités dans le scrutin. Le président de la CEI Youssouf Bakayoko se rend alors au Golf Hôtel, où se trouvent déjà Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Guillaume Soro, le représentant du secrétaire général de l’ONU et les ambassadeurs français et américain. Ces derniers lui promettent protection jusqu’à l’aéroport, en échange de la proclamation de résultats. Bakayoko annonce la victoire de Alassane Ouattara devant les caméras occidentales. Le lendemain, le Conseil Constitutionnel annonce l’invalidation du scrutin dans sept départements de la zone contrôlée par les rebelles et la victoire de Laurent Gbagbo.
Pays déchiré, par Noémi, thepot
Prétendre organiser une élection satisfaisante sans mettre fin à la partition du pays [6] était absurde. On s’étonne qu’aucune autorité internationale ne l’ait exigé sérieusement. Malgré les énormes moyens mis en œuvre, le scrutin n’a pas offert les garanties brandies par l’ONU.
Croire que l’élection présidentielle sortirait la Côte d’Ivoire de la crise était un leurre. Aucun des candidats du second tour ne sera capable à lui seul de guérir la société ivoirienne de ses plaies. Ni Alassane Ouattara, l’économiste libéral qui a fait carrière dans les grandes institutions financières internationales, l’adepte des privatisations, des coupes dans les budgets sociaux et autres plans d’ajustement structurel, l’ami très apprécié de l’Élysée. Ni Laurent Gbagbo, le socialiste devenu rapidement allié des grands groupes français, le nationaliste souvent - et sans doute volontairement - ambigu.
Il est urgent que les initiatives d’apaisement soient privilégiées [7]. Si la « communauté internationale » a une once de bon sens, c’est dans cette voie qu’elle doit pousser les acteurs de cette crise et non dans le refus de voir la réalité et dans l’illusion qu’on peut imposer une solution de force à un pays divisé. Le risque est de plonger la Côte d’Ivoire dans la violence.
Nous demandons que tout soit fait, à commencer par le retrait de l’opération Licorne au profit d’un renforcement de l’ONUCI, pour la réconciliation des Ivoiriens et non pour assurer la victoire d’un camp sur l’autre, ce qui serait lourd de menaces pour l’avenir de la Côte d’Ivoire.
Contact presse :
Stéphanie Dubois de Prisque - Chargée de communication
stephanie.duboisdeprisque(a)survie.org
01 44 61 03 25
06 89 31 17 18
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À propos de l’évolution de la situation actuelle en Côte d’Ivoire
Communiqué du Parti Communiste du Bénin, 27/12/2010

Dans une première prise de position en date du 7 décembre 2010 sous le titre "A PROPOS DE LA SITUATION ACTUELLE EN COTE D’IVOIRE", le Parti Communiste du Bénin déclarait :
« Dans le cas de la Côte-d’Ivoire 2010, les Français avaient fait leur choix avant le scrutin et c’était OUATTARA et ils ont mis et mettent tout en œuvre pour qu’il triomphe et accède au palais présidentiel pour servir leurs intérêts. Toute la « communauté internationale » est mobilisée à cette fin et on a même inventé un concept nouveau : la certification du résultat par l’ONUCI qui se place ainsi au-dessus des instances nationales, comme si la Côte-d’Ivoire était sous protectorat. Il est donc en tout cas inadmissible pour tout patriote et démocrate cette ingérence des puissances étrangères en Côte-d’Ivoire qui piétine sa souveraineté, ingérence allant jusqu’à des menaces d’interventions armées.

 Quant à GBAGBO, derrière ses discours et airs nationalistes, il a fini de tout brader aux multinationales françaises et autres, n’a plus rien à offrir ; ses manières brutales, tyranniques et de corruption ont fini par lasser nombre de ses partisans de première heure et font de lui un agent usé et moins crédible pour les Français ; il ne peut contenir la rébellion créée par ces mêmes Français et OUATTARA, et il faut que ce dernier prenne les rênes pour éteindre le feu de la guerre allumée par eux-mêmes et stabiliser le pays. GBAGBO est lâché et doit partir. »
Depuis lors, l’évolution de la situation est grosse de dangers pour le peuple ivoirien et tous les peuples d’Afrique. Chaque camp s’accroche aux résultats qui le proclament vainqueur. Le pays se retrouve avec deux Présidents.
Fort du soutien de la « communauté internationale », OUATTARA se veut le Président légitime et désigne le chef de guerre Guillaume SOR0 comme son Premier Ministre. Pour tenter de briser son isolement dans l’Hôtel du Golf sous la haute protection des forces de l’ONUCI et des forces françaises, OUATTARA et SOR0 ont fait appel au soulèvement populaire avec les forces armées des « Forces Nouvelles » pour prendre d’assaut la Radio Télévision et la Primature. Cet appel qu’il faut bien appeler une insurrection armée a échoué. Il ne pouvait en être autrement, faute de préparation auparavant du peuple à assumer cette insurrection. Après cet échec, les menaces des puissances étrangères sur le camp GBAGBO se font plus pressantes et prennent la forme de sanctions et d’ultimatum.
Mais devant le constat que les sanctions et autres menaces des puissances occidentales (France, Angleterre, Allemagne et Etats-Unis notamment) ne semblent régler la question du pouvoir à leur profit, le camp OUATTARA-SOR0 franchit un seuil des plus dangereux en faisant appel ouvertement à l’intervention de forces étrangères pour s’installer au pouvoir en Côte d’Ivoire. Faire appel à des troupes étrangères à venir agresser son propre pays afin d’accéder au pouvoir est indigne, inadmissible et doit être dénoncé et combattu par tout patriote et démocrate. C’est une ingérence intolérable réprouvée par la morale internationale. A leur suite, comme si c’était convenu dans un partage des rôles, les puissances occidentales poussent la CEDEAO à prendre la relève et décider le 24 décembre 2010 d’une intervention armée en Côte-d’Ivoire pour y déloger GBAGBO du pouvoir si ce dernier ne cédait aux injonctions que doit lui porter une ultime mission de trois présidents (dont Boni YAYI) représentant la CEDEAO. Ainsi, les puissances occidentales qui ne peuvent intervenir directement s’affairent dans les coulisses pour pousser leurs hommes au pouvoir en Afrique à aller commettre les forfaits qu’ils n’osent pas assumer publiquement. Comme des lâches, elles appellent leurs compatriotes à quitter la Côte d’Ivoire avant d’y mettre le feu sans se soucier du sort des nombreux ressortissants des pays africains.
Mais quelle que soit sa provenance, une intervention étrangère en Côte-d’Ivoire qui n’a agressé aucun pays, est inadmissible. Les interventions armées étrangères pour des "missions civilisatrices", "rétablir la démocratie" ou des "raisons humanitaires" ont fait trop de dégâts de par le monde et notamment en Afrique. On ne peut accepter le renouvellement de tels crimes de droit international sous aucun prétexte. La question de la démocratie en Côte-d’Ivoire, comme dans tout pays, doit et ne peut être durablement réglée que par les peuples de ces pays eux-mêmes.
L’histoire, même récente, a suffisamment montré que les puissances occidentales ne sont pas des philanthropes et que face à leurs intérêts vitaux (énergie, marchés, etc.) elles ne reculent devant aucune forfaiture : manipulations, mensonges, assassinats, crimes de masses. Ainsi, de même que l’on sait aujourd’hui les mensonges pour justifier l’invasion et la guerre par les USA en Irak, de même les raisons et la vérité sur ce qui se passe réellement en Côte-d’Ivoire seront un jour connues. Mais ces expériences donnent suffisamment de leçons aux peuples pour dire NON à toute intervention étrangère, d’où qu’elle vienne, pour soi-disant régler des problèmes, en lieu et place d’un peuple.
C’est pourquoi, le Parti Communiste du Bénin reste convaincu que les solutions à la crise que traverse la société ivoirienne viendront avant tout du peuple ivoirien lui-même. L’appel à l’intervention étrangère pour déloger un Président battu mais qui s’accroche au pouvoir ne serait que l’aboutissement des ingérences politiques et militaires dont la Côte-d’Ivoire est victime, la transformant en protectorat. Il dénonce toute intervention armée étrangère en Côte d’Ivoire et exige le départ de toutes les forces étrangères présentes sur le territoire ivoirien, qu’elles soient officielles (ONU-CI, Licorne, 41ème BIMA) ou officieuses (mercenaires).

Le PCB dit : Troupes étrangères hors de Côte d’Ivoire ! Vive la souveraineté du peuple ivoirien !
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Rawlings préconise une approche pacifique à la crise ivoirienne
par Nicole Bancouly, Notre Voie
L’ancien président ghanéen, Jerry John Rawlings, a réitéré son appel pour une retenue extrême dans la gestion de la crise en Côte d'Ivoire. Dans un message publié jeudi, trois jours après qu'il a réclamé de la retenue et de la maturité de la part de tous les acteurs de la crise, le Président Rawlings a dit que la situation en Côte d' Ivoire n'était pas un simple conflit électoral, mais un enchevêtrement des complexités ethniques et politiques qui devaient être gérées avec tact et diplomatie plutôt que par des allusions ouvertes à l’usage de la force. L'ancien Président a déclaré que les résultats contestés indiquent clairement que la Côte d'Ivoire est abruptement divisée en lignes ethniques, fait dont devrait se préoccuper les parties prenantes telles que la CEDEAO, l'UA et l'ONU au moment où elles étudient des options pour résoudre l'impasse.
“Les deux hommes au centre du conflit ont indiqué leur volonté d’accepter un recompte ou une revérification des résultats par des observateurs neutres. Y a-t-il une raison cachée à ne pas vouloir accepter l’offre faite par les deux parties ?
Il est également important que nous ne nous précipitions pas dans aucune forme d'intervention de force. Cela ne garantira pas une résolution définitive de la crise et peut au contraire exacerber une situation déjà volatile qui pourrait résulter en une guerre civile complète avec des effets désastreux sur les populations de toute la sous-région.
Les tentatives de recueillir du soutien pour une intervention militaire ne sont pas fondées et exposeront plutôt l’hypocrisie de l'ONU, la CEDEAO et l'UA.
Des résultats d'élection plus outrageants ont eu lieu sans intervention. Comment pouvons-nous justifier une intervention dans ce cas, quand les résultats sont si serrés et divisés selon des lignes ethniques ? Laissez-nous étudier toutes les options de paix disponibles plutôt qu'une intervention militaire, qui ne peut pas aboutir à une transition politique pacifique en Côte d'Ivoire.
La situation est certainement embarrassante pour l’Afrique, mais tout aussi inquiétant est le fait que les médias internationaux ont fait l’impasse sur beaucoup d’éléments. Des rapports de certains principaux observateurs des élections condamnant la conduite des élections dans plusieurs parties du pays ont été totalement ignorés par les médias internationaux. Dans certaines régions, le nombre de suffrages exprimés est plus élevé que le nombre total de votants. Dans une région, il y a 159.788 suffrages exprimés pour 48.400 votants. Ceci, additionné au fait que dans certaines régions, le personnel de la commission électorale et certains agents électoraux n'ont pas été autorisés à contrôler le processus, appelle à ce qu’une enquête appropriée soit instamment diligentée. Il y a tant de questions cruciales sans réponse. Les détails du rapport de l’envoyé de l’Union africaine, le Président Thabo Mbeki, devraient être rendus publics pour aider à mieux comprendre la nature de la situation.
Il est également impératif que la CEDEAO convoque une réunion d’urgence pour inviter les deux parties au centre de la crise ainsi que des représentants de toutes les missions d'observation qui ont couvert les élections à présenter leur cas. C'est ce qui a été fait par le passé et cela nous fera avancer d’un grand pas dans la recherche de la solution.
Nous devons agir avec précaution pour le bien des populations de Côte d'Ivoire qui sont les vraies victimes de cette tragédie. J'invite la CEDEAO et les autres institutions internationales impliquées dans la crise à analyser la situation avec la plus grande attention et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour la résoudre d'une façon pacifique», a dit le Président Rawlings.

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