par Pauline T., Billets d'Afrique, octobre 2015
La conférence mondiale sur le financement du développement et l’anniversaire de la
première loi française sur le développement sont l’occasion de faire le point sur l’aide au développement.
La conférence d’Addis Abeba sur le
financement du développement
aura lieu un an après l’adoption, en
France, de la première Loi d’orientation
et de programmation de la politique de
développement et de solidarité
internationale, sous l’égide de Pascal
Canfin, alors ministre délégué chargé du
Développement (voir encadré). Mais que
faut-il attendre de l’aide publique au
développement (APD) ?
Vous avez dit aide ?
En 2012, les dépenses comptabilisées en
APD française atteignaient 9,4 milliards
d’euros selon les chiffres du « Rapport
bisannuel sur la stratégie française
d’aide au développement au Parlement ».
La majorité (66%) était de l’aide
bilatérale (relevant d’un lien direct avec
chaque pays supposément bénéficiaire),
les 34% restant passant par des canaux
multilatéraux, c’est-à-dire par les
institutions internationales du
développement. Plus du tiers de l’aide
multilatérale est destinée au Fonds
Européen de Développement, à la
Banque Mondiale et au FMI, institutions
spécialisées dans les politiques
néolibérales dont on connaît les effets
désastreux sur les pays en
développement (PED).
Les pays du continent africain restent
officiellement les destinataires
prioritaires de l’APD bilatérale
française : 52,5% de son montant leur a
été attribué en 2012, 38,5% rien que pour
l’Afrique subsaharienne, considérée dans
le rapport annexé à la loi de 2014 comme
« la dernière région du monde où la
question du sous-développement se pose
à l’échelle du continent ». Qu’en est-il
réellement de cet « effort » financier ?
La majeure partie de l’APD bilatérale à
destination de l’Afrique subsaharienne
(43%) ne correspond à aucun flux
financier entrant en Afrique : ce sont des
« actions sur la dette ». L’Afrique
bénéficie ainsi de plus de 90% des
actions sur la dette réalisées par la
France, notamment via les C2D (Contrats
de désendettement et de développement).
Il s’agit du refinancement par dons
d’échéances remboursées : le
remboursement reste dû, mais les
montants sont ensuite réaffectés à des
projets dont les entreprises françaises
implantées dans les pays concernés ne
manquent pas de capter les marchés (Cf.
Billets n°203, juin 2011). Alors que cette
dette a souvent été contractée par des
gouvernements illégitimes et corrompus,
et que son remboursement ne devrait
donc pas être exigé, la France a inventé
ce mécanisme au moment où d’autres
pays bailleurs accordaient des remises de
dette. Elle se permet même de
comptabiliser en APD les montants de
cette pseudo-annulation... pour les
recomptabiliser lors du refinancement par
dons. A tous les coups on gagne !
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