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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

samedi 28 février 2009

L’offensive de printemps de Survie LR

Après une hibernation propice à la réflexion et aux préparatifs, Survie Languedoc-Roussillon a repris ses activités publiques à l’approche du printemps dans notre région. Le signal a été donné le vendredi 20 février à Villanière, où nous avons organisé deux projections du film de Camille de Vitry, Le prix de l’or, sur la mine d’or de Sadiola, au Mali, destinées à la population du bassin de Salsigne, qui n’avait pu se déplacer lors des projections organisées à Carcassonne lors de la Semaine de solidarité internationale de novembre 2007.
70 habitants du bassin, dont les maires de Villanières et de Salsigne, se sont déplacés pour les deux projections, qui ont été chaque fois suivies de débats animés par les militants de Survie et de l’Association des mineurs d’or de Salsigne. Tous nos remerciements à Mme le Maire de Villanières pour avoir mis à notre disposition la salle du Foyer de Villanières, à la CGT pour la mise à disposition du matériel de projection et à l’association Mines et Mémoire pour sa présence active.
L’offensive de printemps s’est poursuivie avec deux projections du film d’Agnès Fouilleux, Un aller simple pour Maoré, au Diagonal de Montpellier puis au Colisée de Carcassonne, chaque fois suivies d’un débat. En tout 250 personnes ont pu prendre connaissance du scandale françafricain représenté par la situation de Mayotte et de la campagne lancée par Survie contre le référendum organisé à Mayotte le 29 mars prochain.
Comme lors des projections-débats de Tolouse et Bordeaux des jours précédents, des partisans mahorais de la départementalisation de l’île, ont pu s’exprimer à chaque occasion et donner à ainsi à entendre la version des colonisés « battus, cocus et contents », totalement imperméables aux notions telles que « le droit prime la force » et « le respect des frontières issues de la colonisation », qui fait l’objet d’un consensus de la communauté internationale et a fondé les 20 résolutions de l’ONU condamnant l’annexion de Mayotte par la France.
Agnès est repartie pour Avignon. Elle reviendra dans notre région pour la projection-débat au cinéma
Le Castillet à Perpignan le jeudi 26 mars à 19h. Son film y sera projeté tous les jours du 25 au 31 mars.
Prochaine étapes de l’offensive : le génocide rwandais, avec l’exposition de Jomy Cuadrado et le film de Raoul Peck à Clermont-l’Hérault et la projecton-débat du film que vient de réaliser l'association Survie sur la complicité française dans ce génocide, le samedi 28 mars à 16 h, au Foyer de Maquens à Carcassonne. À cette occasion nous déploierons au Foyer de Maquens l’exposition de photos de
Julie Pudlowski, une photographe indépendante, réalisée en coopération avec Survie pour le 10ème anniversaire du génocide rwandais. Mardi 28 avril, nous recevrons notre ami de Grenoble, Samuël Foutoyet, qui vient de publier aux Éditions Tribord le livre Nicolas Sarkozy ou La Françafrique décomplexée (160 p., 4 € 50, que vous pouvez acheter sur nos tables de presse). RV à 20 h au Centre culturel Marcel-Paul, rue Fédou.
Nos amis de Survie Vaucluse et de l'association Pain et Liberté recevront Samuel le 12 mars à Vaison-la-Romaine (Mairie, salle du conseil municipal, 20 h30). Ce sera l'occasion d'un "zoom sur la politique africaine de la France" : "Le candidat Sarkozy promettait de mettre fin à la Françafrique: soutien aux dictateurs, relations clientélistes, affairisme, interventions militaires, émissaires officieux... Ses promesses de rupture sont-elles tenues ? Après 18 mois de présidence, il est déjà possible de faire un premier bilan."
FG, 28/2/2009

vendredi 27 février 2009

Clermont l'Hérault : une expo, un film et un débat sur le génocide rwandais

A l'initiative de l'association 9x9 au 29 : 04 99 91 01 45 – c.uzitof@orange.fr
Exposition "À propos des 1000 collines, esthétique d'un génocide", une réflexion plastique de Jomy Cuadrado,
à l'Espace des Pénitents, rue Henri-Martin, du 28 février au 15 mars 2009
Vernissage samedi 28 février
à 18h30 suivi de lectures de textes de Jean Hatzfeld et de chants à capella de Myriel Grosbard
Visite guidée mercredi 4 mars à 17h en présence du plasticien, suivie de la p
rojection du film « Sometimes in April », de Raoul Peck, au Cinéma Alain Resnais à 18h.Après le film, débat avec Survie et la MTMSI au bar à vin « Au fil du vin » (allées Salengro).
Partenaires : Librairie du Boulevard, Cave Au fil du vin, Cinéma Alain Resnais, SURVIE LR, MTMsi, Soutien de la Ville de Clermont l'Hérault
Renseignements : 04 99 91 01 45

Une vue de l'exposition

L'artiste au travail

Sur le film de Raoul Peck et le génocide rwandais, lire ci-dessous

Réforme de la présence militaire en Afrique, un an après : Cap ou pas Cap ?

Un an après le discours du Cap.
Communiqué de la Plateforme citoyenne France-Afrique
27 février 2009



Il y a un an, à l’occasion d’un déplacement en Afrique du Sud, Nicolas Sarkozy annonçait la renégociation des accords de défense liant la France à huit pays africains et promettait un contrôle accru du Parlement français sur les opérations extérieures, quelques jours à peine après l’appui logistique fourni par l’armée française aux troupes tchadiennes confrontées à une rébellion. Des promesses encourageantes mais insuffisantes, sans feuille de route précise avaient alors constaté les organisations de la Plate-forme citoyenne France-Afrique [1]. Celles-ci dressent aujourd’hui un bilan très mitigé de cette réforme qui malgré les timides aménagements apportés à l’article 35 de la Constitution, peine à entrer dans la phase opérationnelle.
Les inquiétudes et insatisfactions de la Plateforme citoyenne France-Afrique portent en particulier sur :

> la promesse de révision et de publication des accords de défense. À ce jour, la « remise à plat annoncée » n’a toujours pas eu lieu. Le calendrier envisagé initialement par la diplomatie française (inférieur à un an) n’a pas été respecté et le rôle du Parlement dans ce processus reste largement flou (consultation ou simple information ?).
> l’extension nécessaire de la renégociation aux autres accords de coopération militaire. Les accords de défense ne concernent que 8 pays africains [
2] et rien ne semble envisagé pour les autres pays avec lesquels la France a tissé de nombreuses relations de coopération militaire, policière, de gendarmerie (etc.) qui nécessitent également un réexamen. Le Tchad, par exemple, où stationnent depuis 1986 les troupes de l’opération Epervier n’est pas lié à notre pays par un accord de défense.
> le redéploiement de l’armée française en Afrique. Plus qu’une vraie volonté de mettre fin à un interventionnisme unilatéral, il s’agit pour la France de passer d’une logique de cantonnement à une logique de projection de forces et de réaliser des économies budgétaires substantielles. A ce jour, si certaines casernes sont amenées à être fermées (en Côte d’Ivoire et peut être au Sénégal ou au Gabon), le positionnement permanent de soldats dans des bases militaires françaises en Afrique n’est pas remis en cause. Il est pourtant aujourd’hui indispensable de concevoir la politique française de Défense dans un cadre multilatéral et de faire de l’Europe un partenaire majeur de l’Afrique en matière de paix et de sécurité. Nos organisations ont pris acte des engagements de la diplomatie française en ce sens mais réclament des processus de décision collective émancipés de l’influence excessive de certains Etats-membres ayant des intérêts géostratégiques à défendre.
> le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix. La volonté affichée de privilégier le renforcement des capacités africaines au détriment des interventions directes n’est pas une nouveauté et faisait partie des objectifs du redéploiement militaire français amorcé en 2005. L’absence de politique française de promotion des droits de l’Homme et de la démocratie dans un certain nombre de pays africains pose cependant clairement la question de l’opportunité de maintenir des relations militaires avec leurs régimes [
3] , le soutien apporté à ces derniers, qualifié à tort de « doctrine de la stabilité », étant par ailleurs loin de constituer un élément de maintien de la paix.
> le contrôle du parlement français sur les opérations militaires. Réclamé depuis longtemps tant par les parlementaires que par la société civile, il a fait l’objet d’un article de la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008 et permet aux parlementaires de se prononcer sur le maintien d’une opération militaire d’une durée supérieure à 4 mois comme ce fut le cas le 28 janvier dernier ou d’être informé avant chaque nouvelle opération. Malheureusement, ce contrôle, opéré a posteriori, encadré par des modalités de débat très limitées ne fait pour l’instant du Parlement qu’une simple chambre d’enregistrement des décisions gouvernementales.
Nicolas Sarkozy, attendu sur le continent africain à la fin du mois de mars, sera-t-il politiquement capable de mettre réellement en œuvre les engagements pris au Cap et de prendre le contre-pied de la politique interventionniste et favorable aux régimes autoritaires poursuivie jusque là ? Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons véritablement entrer dans l’ère d’une politique de la France en Afrique responsable et transparente, souhait exprimé dans le Livre blanc [
4] publié par nos organisations à la veille du discours du Cap, dont les préconisations en matière de droits de l’Homme, de démocratie, de transparence et de contrôle de la politique de la France en Afrique restent encore largement d’actualité.
Contacts :
Association Survie : Fabrice Tarrit ou Stéphanie Dubois de Prisque 01 44 61 03 25 fabricetarrit(a)orange.fr ou stephanie.duboisdeprisque(a)survie.org
Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement : Zobel Behalal 01 44 82 81 85 z.behalal(a)ccfd.asso.fr
Oxfam France-Agir Ici : Magali Rubino 01 56 84 24 40 mrubino(a)oxfamfrance.org
[
1] La plate-forme citoyenne France-Afrique regroupe une dizaine d’ONG françaises : ATTAC, Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-France), Centre de Recherche et d’Information pour le Développement (CRID), Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), Cedetim/Ipam, Mouvement de la paix, Oxfam France – Agir ici, Peuples Solidaires, Réseau Foi et Justice Afrique Europe (Antenne France), Secours Catholique / Caritas France, Survie.
[
2] - les 8 accords de défense à renégocier sont ceux signés après les indépendances avec la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Gabon, Djibouti, la RCA, le Sénégal, le Togo et les Comores
[
3] Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas dit lui-même au Cap que « le meilleur garant de la paix et de la sécurité en Afrique comme partout ailleurs, c’est la démocratie et la justice
[
4] Livre Blanc pour une politique de la France en Afrique responsable et transparente, paru aux éditions L’Harmattan.

Reform der französischen Militärpräsenz in Afrika, ein Jahr danach: Kap oder nicht Kap? Pressemitteilung der Bürgerplattform Frankreich-Afrika
Ein Jahr nach der Rede Sarkozys am Kap und vor seiner neuen Reise nach Afrika

mardi 24 février 2009

Un aller simple pour Maoré: un film à voir ! Une occasion unique de s'informer et de débattre sur Mayotte

MONTPELLIER 25 février - CARCASSONNE 26 février - PERPIGNAN 26 mars.

Un film d'Agnès Fouilleux

Tout savoir sur le film

Extrait du film


CE FILM EST SOUTENU AU NIVEAU NATIONAL PAR : SURVIE & RÉSEAU ÉDUCATION SANS FRONTIÈRES (RESF)
PARTENAIRE : L’HUMANITÉ

CALENDRIER DES PROJECTIONS

BORDEAUX Utopia - 05 56 52 00 03 - www.cinemas-utopia.org/bordeaux
Soirée unique débat en présence de la réalisatrice le 24 février.
MONTPELLIER Diagonal - 04 67 58 58 10 -
www.cinediagonal.com du 18 au 24 février. En plus : une soirée débat en présence de la réalisatrice le 25 février à 20 h.
CARCASSONNE - Cap cinéma Le Colisée - 09 75 75 54 01 -
http://www.cap-cine.fr/carcassonne/. Soirée unique débat en présence de la réalisatrice, avec Survie et RESF le jeudi 26 février à 20 h 30.
AVIGNON Utopia - 04 90 82 65 36 -
www.cinemas-utopia.org/avignon/ du 18 au 24 février.
en plus : une soirée débat en présence de la réalisatrice, avec Survie le 27 février.
NANTES - Le Concorde - 02 40 46 25 29 -
www.leconcorde.fr/
Soirée débat en présence de la réalisatrice et de Survie le 6 mars à 20h30.
SAINT RENAN - Le Bretagne
en plus débat en présence de la réalisatrice et de Survie le 8 mars à 20h30.
LANNION - Salle communale
Séance unique débat en présence de la réalisatrice et de Survie le 10 mars à 20h30.
CANNES - Studio 13 - du 18 au 24 mars.
VALENCE - Le Navire - 04 75 40 79 20 -
www.lenavire.fr du 25 au 31 mars.
en plus débat en présence de la réalisatrice et de Survie le 25 mars.
PERPIGNAN - Le Castillet du 25 au 31 mars.
en plus débat en présence de la réalisatrice et de Survie et CIMADE le 26 mars.
CASTRES - Le Lido du 25 au 31 mars.
en plus débat en présence de la réalisatrice et de Survie le 27 mars.
ANNECY - La Turbine - 04 50 46 18 34 -
www.laturbine-crangevrier.com/ du 1er au 6 avril,
en plus débat en présence de la réalisatrice le 2 avril à 20h30.
GRENOBLE - Mon Ciné - 04 76 44 60 11 - du 22 au 28 avril
en plus débat en présence de la réalisatrice le 22 avril.

lundi 23 février 2009

Mayotte, département français... illégal

Le référendum organisé par le gouvernement français à Mayotte le 29 mars prochain fera de cette île de l'Océan Indien le 101ème département français. Un département illégal. Survie lance une campagne contre ce référendum. Lisez ci-dessous.
Non au référendum illégal à Mayotte, territoire occupé !
Pétition adressée à Mmes et MM. Javier Solanas, Benita Ferrero-Waldner, Danuta Hübner, Louis Michel et aux membres du Parlement européen
La France entend organiser le 29 mars 2009 à Maoré (Mayotte) un référendum sur la départementalisation de cette collectivité d'outre-mer, suite à quoi la France envisage de la faire accéder au statut de Région Ultra Périphérique (RUP) de l'Union Européenne. Au sommet d'Addis Abeba de janvier 2009, les 53 pays de l'Union africaine ont été unanimes pour condamner une nouvelle fois ce référendum, ainsi que l'inscription de Mayotte dans la constitution française.A part la France, les pays de l'UE ont voté presque toutes les vingt résolutions de l'ONU reconnaissant Mayotte comme comorienne, et condamnant fermement la France depuis 1975.
Nous demandons aux instances de l'Union européenne, aux gouvernements et aux élus des pays membres d'exiger du gouvernement français qu'il respecte la législation internationale et les résolutions des Nations unies en :
- annulant le référendum illégal du 29 mars,
- abrogeant le visa Balladur de 1995,
- et en ouvrant de véritables négociations sous l’arbitrage d'instances internationales pour la restitution de Maoré à l’Union des Comores.
Pétition initiée par l’association
Survie
Signer la pétition en ligne ici

Départementalisation de Mayotte : un troisième référendum nul et non avenu
Communiqué de Survie

Le 29 mars 2009, le projet de loi sur la départementalisation de l’île de Maoré (Mayotte) sera soumis à référendum auprès des Mahorais-es. Ce statut de Département d’Outre-mer (DOM) renforcerait, à partir de 2011, « l’ancrage définitif » dans la France de Mayotte, qui deviendrait ainsi une « Région ultrapériphérique » de l’Union européenne. Un « ancrage » et un projet de référendum pourtant illégaux pour la communauté internationale au regard des vingt résolutions de l’ONU reconnaissant Mayotte comme comorienne, et condamnant fermement la France depuis 1975.

La fausse promesse des aides de l’UE
Outre les revenus minimes accordés par la France, le gouvernement fait croire aux Mahorais(es) que la départementalisation donnerait à Mayotte le même statut européen qu’aux actuels DOM. Comme l’explique le député Jean-Christophe Lagarde : « la départementalisation, si elle est, en tant que telle, sans effets sur le statut de Mayotte vis-à-vis de l'Union européenne [UE], appellera une nouvelle batterie de réformes, notamment fiscales, tendant à faire accéder ce territoire, au sein de l'Europe, au statut de Région ultrapériphérique [RUP] et, par là-même, aux financements communautaires. » (AN, séance du 11 février 2009.) C’est demander aux chancelleries des pays de l’UE de reconnaître Mayotte comme RUP rattachée à la France, alors que leurs États ont voté presque toutes les résolutions de l’ONU contre ce rattachement.

L’île de la cruauté
En tout état de cause, la départementalisation renforcerait de fait, via l’annexion pure et simple de Mayotte par la France, une situation humaine des plus dramatiques : de nombreuses familles séparées par la « frontière française » autour de Mayotte, les traversées clandestines sur de frêles embarcations au prix de nombreuses noyades (des milliers de morts depuis l’introduction du visa Balladur-Pasqua en janvier 1995). L’expulsion ensuite : en 2008, il y en a eu 13 000 depuis Mayotte, à comparer aux 29 000 depuis la métropole. Les conditions de vie des Comoriens traqués à Mayotte sont indignes d’une République, et aggravées par une campagne lancée en 2005 par le gouvernement sur le thème du « droit du sang ».[1]

La France ignore la légalité internationale
Rappelons que l’archipel des Comores (la Grande Comore, Anjouan, Mohéli, Mayotte) devait former en 1975 un État indépendant. Tournant le dos au droit onusien, qui impose le respect des frontières issues de la colonisation, la France conservera Mayotte dans son giron en procédant au décompte des suffrages du référendum île par île[2]. Mayotte sera donc rattachée à l’Hexagone par un statut mouvant, en toute illégalité. Au sommet d’Addis Abeba de janvier 2009, les 53 pays de l'Union africaine ont été unanimes pour condamner une nouvelle fois, ce référendum, ainsi que l’inscription de Mayotte dans la constitution française.
Parallèlement, la partie indépendante de l’Archipel a été déstructurée politiquement par une série de coups d’État organisés par des mercenaires français (Mayotte leur servant souvent de relais), ce qui explique l’extrême faiblesse économique de ce pays. C’est une stratégie jouée par la France pour conserver Mayotte : maintenir à Mayotte un niveau de vie supérieur à celui du reste de l’archipel des Comores, afin que les Mahorais préfèrent l’administration par la France à l’achèvement de la décolonisation. Mais en affaiblissant politiquement les Comores, (plus de 20 coups d'État ou coup tordus en 33 ans), en contrôlant le mieux possible leur régime par le biais des services secrets et des mercenaires (Bob Denard[3] et compagnie), en soutenant le séparatisme à Anjouan depuis 1997 (protection du colonel Mohamed Bacar[4]), la France espère aussi anéantir la revendication de la restitution de Mayotte.

Un retour à la légalité internationale est encore possible
Les responsabilités de la France sont donc accablantes. Paris doit cesser d’occuper illégalement les Comores, et d’empêcher les Comoriens de se saisir de leur histoire. La France doit se conformer à la légalité internationale. Nous demandons donc aux instances internationales (Union européenne et ONU) de faire pression sur le gouvernement de Paris pour qu’il :
- annule le référendum du 29 mars,
- abroge le visa Balladur de 1995,
- ouvre de véritables négociations sous l’arbitrage d'instances internationales pour la restitution de Maoré à l’Union des Comores.
Notes
[1] Cf. Billets d’Afrique et d’ailleurs, n°143 et n°170
[2] Cf. Pierre Caminade, Dossier Noir n°19 - Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale, Agone 2004.
[3] Cf. Billets d’Afrique et d’ailleurs, n°149, dossier spécial,
[4] Cf. Billets d’Afrique et d’ailleurs n°168

dimanche 22 février 2009

Un poster pour comprendre les Comores

Ce poster a été présenté au Festival international de Géographie 2008 de Saint-Dié-des-Vosges, dont le thème était : "Entre guerres et conflits : la planète sous tension". Présenté par le Master Systèmes d'Information et Informations Géographiques pour la Gestion et la Gouvernance des Territoires de l'Université Montpellier III, ce poster éclaire les différents aspects de la situation de l'archipel en appuyant sur le contexte géohistorique. La présentation du poster est particulièrement démonstrative, puisqu'elle permet d'appréhender à la fois le contexte historique (indépendance, revendications sécessionnistes, cas particulier de Mayotte), les atouts et contraintes de chacune des 4 îles, les enjeux géostratégiques de l'archipel à la fois en termes d'unité, de politique, de migrations, de piraterie maritime... L'originalité du poster vient également de l'analyse des "solutions", pensées sous l'éclairage d'un développement durable, comme voie de la stabilisation (économique, sociale, migratoire...) et de la sécurisation (politique, alimentaire, sanitaire, anti-piraterie, anti-corruption...)

cliquer sur l'image pour l'agrandir




samedi 21 février 2009

Parlons donc un peu de...Maoré (Mayotte)

· Les Comores, un archipel dans le Canal du Mozambique, entre Madagascar et l’Afrique de l’Est

· 4 îles : Ngazidja (« La Grande Comore »), Mohéli, Anjouan et Maoré (« Mayotte »)

· 700 000 habitants, dont 185 000 à Mayotte (dont 60 000 Comoriens « sans papiers »

Maoré devient française en 1841 : Andriantsouli, le pirate malgache qui règne sur l’île, se « met sous la protection » de la flotte de Sa Majesté Louis-Philippe, et signe un traité d’annexion après avoir vidé une caisse d’absinthe. La France généreuse proclame qu’elle veut mettre fin au règne des « sultans batailleurs » sur l’Archipel.

L’objectif de fait est de garder un pied dans l’Océan Indien, après la perte de l’Île Bourbon (« La Réunion »), occupée par l’Angleterre.

Traité d’annexion du 25 avril 1841

Article 1 – Le Sultan Andriansouli cède à la France, en toute propriété, l’île de Mayotte qu’il possède par droits de conquête et par convention et sur laquelle il règne depuis treize ans.

Art. 2 – En retour de la présente cession le Gouvernement français fera au Sultan une rente annuelle et viagère de mille piastres.
Les 3 autres îles sont occupées 40 ans plus tard par la France, qui établit un Protectorat. Les colons ne parviendront jamais à développer une économie de plantation réellement profitable : la canne à sucre, la citronnelle, la vanille, l’ylang ylang (plante à parfum) seront des échecs successifs.

La période 1880 -1889 est marquée par des guerres intestines, attisées par les « puissances », entre les 3 grands matriclans royaux de l’île, les Fwa’mbaïa (soutenus par Zanzibar et Londres), les Matswa-Piroussa (soutenus par Madagascar et Paris) et les Mdo’mbozi (soutenus par Dar-es-Salam et Berlin). La colonisation française s’impose finalement, non sans des soubresauts, notamment en 1915…

« Mayotte est, avant tout, une station maritime de premier ordre. En outre, par sa situation géographique, [...] à mi-chemin de l'Afrique et de Madagascar, Mayotte commande toutes ces régions. Ce sont ces raisons qui ont déterminé la France à s'y établir en 1841 »
Faymoreau, délégué au Conseil supérieur des colonies, 1899


Dates-clé

1886 la Grande Comore, Mohéli et Anjouan deviennent protectorat sous la direction du gouverneur de Mayotte qui garde un statut de colonie.

1908 l'ensemble des Comores est intégré sous l'autorité du gouvernement général de Madagascar et dépendances.
1946 les Comores sont séparées de Madagascar et deviennent
territoire d'outre-mer.
1958 les Comores refusent tant l'indépendance que la départementalisation
1961 statut d'autonomie interne
1966 La capitale
Dzaoudzi (Mayotte) est transférée à Moroni. Les prostituées de Dzaoudzi, voyant leur gagne-pain (les fonctionnaires) disparaître, créent le Mouvement populaire mahorais (lié à l’UDF sous Giscard et à l’UMP aujourd’hui).
1974 Référendum : 95% des électeurs comoriens votent pour l’indépendance, mais Paris décide de compter les résultats île par île. Mayotte ayant voté à 65% pour rester française, Paris décide qu’elle restera française.
1975 Les Comores proclament leur indépendance. En 33 ans, l’archipel vivra 20 coups d’État et coups tordus, 2 assassinats de présidents (Ali Soilihi 1978, Ahmed Abdallah 1989), une déportation de président (Said Mohamed Djohar), avec la participation active de mercenaires français mandatés par les gouvernements de Paris (Bob Denard & Co)
1976 Paris organise un référendum illégal pour « confirmer » l’appartenance de Mayotte à la France.
En 20 ans, 20 résolutions de l’ONU condamnent l’occupation illégale de Mayotte par la France. Laquelle poursuit imperturbablement son occupation.
29 mars 2009
3ème référendum. Mayotte risque donc de devenir le 101ème département français. En toute illégalité. Et l’Union européenne se tait.


APPEL À UNE MANIFESTATION UNITAIRE
LE 21 FÉVRIER 2009 À PARIS

TOUS ENSEMBLE EN SOLIDARITE AVEC TOUS LES PEUPLES A DECOLONISER
RASSEMBLEMENT PLACE JOFFRE (Champs de Mars)

Le peuple français doit connaître les pratiques et le vrai visage du colonialisme français qui impose, par la force, la partition des Comores alors que l’Europe veut s’unir pour faire face aux enjeux du 21ème siècle.
Le gouvernement de Sarkozy, dans la logique coloniale érigée en loi, veut ancrer, encore plus, l’île comorienne de Mayotte dans la France, en organisant en mars 2009 «
un référendum sur la départementalisation de Mayotte ».
Pourtant Mayotte est comorienne, en vertu des résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 3385 (XXX) du 12 novembre 1975, qui réaffirme «la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composées des îles d’Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli », comme le souligne la résolution 3291 (XXIX) du 13 décembre 1974 et d’autres résolutions de l’Assemblée générale.
Force est de constater que cette occupation illégale a conduit à son cortège de morts, de maltraitance et d’humiliations. En effet, depuis qu’en 1995, le gouvernement français a instauré un visa d’entrée à Mayotte pour entraver la libre circulation des Comoriens des autres îles. Les Comoriens qui veulent se rendre à Mayotte, à défaut de ce visa qui leur est impossible à obtenir, sont pourchassés et « noyés », ce qui s’est soldé par plus de 6000 morts dans le bras de mer séparant les îles d’Anjouan et de Mayotte (appelé le « plus grand cimetière marin »). Ceux qui ont survécu sont pourchassés et maltraités par la Police des frontières (PAF) : ils sont considérés comme des «clandestins» [chez eux] et représentent plus du tiers de la population vivant sur l’île de Mayotte !
Loi du plus fort contre le plus faible, au mépris du Droit International. Politique du chiffre et désastre humanitaire.
Depuis 33 ans, la France colonialiste développe dans l’île comorienne de Mayotte, une économie artificielle et une politique de l’assistanat ; la presse et les observateurs font état, jour après jour, du non respect flagrant du droit humain dans cette région (on a pu parler de «zone de non droit»).
Depuis 33 ans, La France colonialiste sème la terreur dans les 4 îles. Elle inflige à la partie indépendante des Comores, une déstabilisation chronique par une série de coups d’états organisés par des mercenaires français (conduits par le tristement célèbre Bob Denard).
En le cachant à son peuple, au nom de ses intérêts géopolitiques, ses intérêts supérieurs, elle continue de mettre en oeuvre une politique coloniale.
Il s’agit d’un programme délibéré de partition, de « séparation » des Peuples d’un même pays, d’une même zone géographique, au nom de « sa place dans le monde ».
La France maintient sa présence, non seulement dans l’océan Indien, mais aussi dans l’Océan Pacifique contre les Peuples Kanak, Wallisiens, Futuniens, Polynésiens ; dans l’Océan Atlantique contre les peuples Antillais et Guyanais. C’est ce qu’elle appelle, avec fierté, sa «France des 3 océans » !
Tous nos peuples doivent s’unir pour arrêter le processus de «mayottisation» froidement mis en œuvre depuis quelques décennies aux Comores; ce processus est destiné à être appliqué, par la suite, aux autres pays de l’empire colonial français.
Tous ensemble, disons NON au colonialisme, à l’occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte, au référendum sur la départementalisation !
Nous appelons tous les anticolonialistes à venir manifester leur solidarité envers les peuples opprimés du 21ème siècle. Pour en finir avec ces pratiques colonialistes d’un autre âge !

Organisations signataires de la semaine anticoloniale
ADAUPO, ACAT, ACCA, AFASPA, Afrique 21, AIPDRDA, AME, ARDHD, ATTAC AFRIQUE, amicale panafricaine, CAAC-COMORES, CADTM-France, Canalmoza, CCFD, CEDETIM, CIFDDH, Cimade, C.O.D.E, COFANZO, CNR-MUN, CNT, CTR TOGO, Comores-TV, Diascom, Droits devant, Douniaweb,FCD, FNEB, FFA, AIDSPK, gennevilliers pourtous, Greenpeace, IPAM, Les Amis de la Terre, MBDHP, Mouvement de la paix, Mouvement des Indigènes de la République, MRAP, Oxfam-France/Agir ici, Survie, ocomores.com, PCF, PCOF, PIT, Peuples Solidaires, plateforme panafricaine, Radio FPP, REBENUU, Réseau Féministe "Ruptures", Réseau "Sortir du nucléaire", SCPT, UPC-France...

Merci de signer la pétition «contre l’occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte» sur les sites ci-dessous
: http://www.sos-comores.org ; http://www.anticolonial.org


Débat à l’ Assemblée nationale, séance du 11 février 2009 (extrait)

M. Jean-Paul Lecoq (Gauche démocrate et républicaine, Seine-Maritime)
Ce visa, dit « visa Balladur », imposé par Charles Pasqua en 1994, a mis fin à la liberté de circulation entre les différentes îles ; j’avoue que cette situation n’est pas sans rappeler celle des Allemands séparés par le mur de Berlin. L’obtention de ce visa étant quasiment impossible, les Comoriens des autres îles sont très nombreux à tenter la traversée sans visa, parfois sur des embarcations de fortune. Cette situation est à l’origine de plus de 4 500 morts dans le bras de mer qui sépare Anjouan de Mayotte.
Ceux qui arrivent vivants sont immédiatement expulsés, ce qui a permis à notre ancien ministre de l’intérieur, M. Sarkozy, de dépasser son objectif de 12 000 expulsions en 2006. En effet, les autorités françaises effectuent à Mayotte en moyenne 50 expulsions par jour sur une population de 200 000 habitants, ce qui, rapporté à l’échelle de la France, représente l’équivalent de 4 millions d’expulsions en une année !
Des rafles gigantesques sont régulièrement organisées pour expulser ces indésirables, dans des conditions de violence inouïe. Selon l’association Survie, les maisons de ces « clandestins » sont régulièrement incendiées avec la bénédiction des maires, du préfet et sous la protection de la gendarmerie. Les victimes sont entassées dans des centres de rétention en attendant leur déportation vers les autres îles.
M. Philippe Gosselin (UMP Manche). Quel sens de la mesure !
M. Didier Quentin (UMP, Charente-Maritime). Le pire est toujours vrai, avec vous !
M. Jean-Paul Lecoq. Je voudrais aujourd’hui prévenir que Mayotte étant, au regard du droit international, un territoire des Comores illégalement occupé par une puissance étrangère, la France se rend coupable de « déplacements forcés de populations », qui constituent un crime contre l’humanité passible de la Cour pénale internationale.
M. Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre, Seine-Saint-Denis). Aïe aïe aïe !


Pour lire l'intégralité du débat à l'Assemblée nationale sur Mayotte, cliquer ici

vendredi 20 février 2009

15 ans après, un retour sur le génocide des Tutsi au Rwanda

Survie propose:
Le mercredi 4 mars à 18 h au Cinéma Alain Resnais, de Clermont-l’Hérault,
Projection du film « Sometimes in April », de Raoul Peck
Suivie d’un débat avec Survie et la MTMSI au bar à vin « Au fil du vin » (allées Salengro).
SOMETIMES IN APRIL
Réalisation : Raoul Peck
Avec : Idris Elba, Debra Winger, Pamela Nomvete, Oris Erhuero
Nationalité : USA/Rwanda/France
Production Velvet Films en association avec Yolo Films
Producteur : Daniel Delume
Année de production : 2005
Durée : 2h15 – Format 35mm

Année de production : 2005
Durée : 2h15 – Format 35mm



A l'initiative de l'association 9x9 au 29 : 04 99 91 01 45 – c.uzitof@orange.fr
Exposition "À propos des 1000 collines, esthétique d'un génocide", une réflexion plastique de Jomy Cuadrado,
à l'Espace des Pénitents du 28 février au 15 mars 2009
Vernissage samedi 28 février à 18h30 suivi de lectures de textes de Jean Hatzfeld et de chants à capella de Myriel Grosbard
Visite guidée mercredi 4 mars à 17h en présence du plasticien
Partenaires : Librairie du Boulevard, Cave Au fil du vin, Cinéma Alain Resnais, SURVIE LR, MTMsi Soutien de la Ville de Clermont l'Hérault



SYNOPSIS DU FILM
"Sometimes in April "retrace l’histoire du génocide de 1994 au Rwanda à travers le destin d’une famille, deux frères, l’un, militaire Hutu démissionnaire rescapé et marié à une femme Tutsi, l’autre, journaliste ayant diffusé des messages de haine sur la RadioTélévision des Mille Collines. Leur destin nous plonge au cœur des trois mois de massacre qui firent un million de morts en l’espace de 100 jours. En soulignant l’absence de réaction de la communauté internationale, le film nous amène ensuite devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda, encore en activité à Arusha en Tanzanie.
CRITIQUE
"Sometimes in April" se démarque nettement des autres fictions réalisées sur le génocide au Rwanda ("100 Days", "Hôtel Rwanda", "Shooting Dogs") par sa volonté d'entrer dans la complexité. Les autres films basaient leur récit sur des héros ayant essayé de parer à l'horreur à la faveur de reconstitutions basées sur des "faits réels", n'entraînant le spectateur que dans le sentimentalisme de l'effroi et de la désespérance pour finalement déboucher sur une rassurante happy-end affirmant la nécessité de l'humanité. Peck, au contraire, s'inspire de la réalité pour la transposer dans les différentes strates d'un scénario construit de toutes pièces. Il n'y a pas les bonnes victimes et les méchants génocidaires mais à travers la relation de deux frères aux choix opposés, Augustin et Honoré, la complexité d'un pays qui a dérivé.
Démarrant le film sur un rappel historique et sur des images coloniales, Peck ancre délibérément le génocide dans un processus historique où la colonisation n'a pas apporté la civilisation mais une discorde à la source des drames contemporains. Faisant d'Augustin un instituteur et le plaçant face à sa classe qui se pose la question dix ans après de savoir comment leurs parents ont pu en arriver là, il fait de la question de la mémoire le moteur d'une réflexion à vocation pédagogique. La fiction n'est là que pour donner corps au récit, évoquer les ressentis, rendre compte des différents vécus, transmettre les traces laissées par la tragédie.
Le passé et le présent s'imbriquent par un jeu de flash-back sur 1994 et d'actualité du processus de justice, du tribunal international d'Arusha aux gacaca, les tribunaux populaires.
Certes, la mémoire est douloureuse et difficile à saisir. Ce sont des pleurs à travers une cloison d'hôtel, Augustin qui peine à revoir son frère… Mais elle est possible si l'on veut bien revenir aux faits : la justice tient un grand rôle car elle est le seul lieu où les choses peuvent et doivent se dire. Elle est nécessaire, comme ce film l'est pour le peuple rwandais car il ne le dépossède pas de sa mémoire, ne se l'approprie pas, répond au contraire à sa demande de dire au monde ce que sa terrible expérience lui enseigne. Le film se situe ainsi dans l'actualité politique et humaine du conflit pour le pouvoir qui génère les conflits un peu partout sur la planète. Les exactions n'y sont que le produit d'un intérêt politique de domination et d'appropriation et non l'action des grands méchants inhumains. C'est un peuple qui se déchire, où chacun porte les stigmates de l'Histoire.
Le génocide ne fut possible au Rwanda qu’avec la complicité de la communauté internationale. Le film superpose sans détours la dénonciation de deux scandales : le rôle de la France qui entraîne l'armée et fournit les armes avant de protéger les génocidaires par le bouclier humain de « l'opération Turquoise » non sans avoir évacué ses ressortissants et rien qu'eux ; et l'incapacité de l'ONU à intervenir, embourbée dans sa méconnaissance du terrain, sciemment désinformée, et bloquée par les questions de vocabulaire de l'administration américaine refusant de nommer un génocide (et donc d’agir) ce qui sur le terrain relève du massacre organisé de centaines de milliers de personnes.
Tourné au Rwanda avec une équipe où les Rwandais tiennent une bonne place, "Sometimes in April" est tout sauf le placage d'une vision extérieure machiavélique. Entre les deux frères, c'est à la fois l'opposition et le partage. Augustin n'est pas la bonne victime mais un officier qui faisait des compromis face à la radicalisation idéologique et se masquait la réalité de la préparation des exactions. Honoré n'est pas non plus le froid génocidaire mais risque sa vie pour venir en aide à sa famille. Ils sont à eux deux la complexité d'un pays qui a glissé dans le pire sans savoir où il allait. Le génocide est un drame absolu et le film ne se termine pas bien. Nous ne sommes pas dans un film hollywoodien : la mort n'épargne pas les protagonistes. Hallucinante vision : des marais puants sortent des fantômes qui ne croient plus être vivants.
Il faudra retrouver ensemble de quoi survivre, comme ce rire que partagent les élèves qui regardent « Le Dictateur » de Chaplin. Et surtout retrouver la force de témoigner pour qu'aucun révisionnisme ne vienne nier demain ce que fut le martyre et le suicide d'un peuple, pour que nous restions vigilants alors que, comme le concluait Brecht dans « La résistible ascension d'Arturo Ui », "le ventre est encore fécond d'où est sortie la bête immonde".

LE RÉALISATEUR Raoul PECK
Passion pour l’image. Né en 1953 en Haïti, les souvenirs d’enfance du cinéaste sont marqués par la dictature de François Duvalier.
Après deux arrestations arbitraires de son père, ingénieur agronome, par le régime totalitaire de "Papa Doc", la famille Peck s’installe au Zaïre, désormais République démocratique du Congo (RDC).

Le pays vient juste d’accéder à l’indépendance et recrute des cadres d’origine haïtienne, noirs et francophones, pour remplacer les anciens cadres belges partis précipitamment. En 1963, Raoul Peck intègrera donc l’école de Léopoldville avant de poursuivre ses études secondaires à Brooklyn, puis à Orléans en France. Le baccalauréat en poche, il part pour l’Allemagne où il étudie l’économie et l’ingénierie industrielle. Après l’obtention de son diplôme à l’Université de Berlin, il cultive sa passion pour l’image en devenant journaliste et photographe. Il réalise alors plusieurs courts métrages, et parvient à entrer à l’Académie du film et de la télévision de Berlin dans la classe de 1988.
Raconter le réel : Dès sa première fiction, le traumatisme des années sous la dictature Duvalier est raconté à travers la quête d’un homme qui déménage à Brooklyn (New York), après sept ans de privations et de tortures à Fort Dimanche, une prison haïtienne. Raoul Peck enchaîne quatre ans plus tard avec le documentaire "La mort d’un prophète", en l’honneur de Patrice Lumumba, héros de l’indépendance congolaise. En 2000, avec le soutien de la chaîne à péage américaine HBO, il réalise un long métrage sur le même sujet : le film "Lumumba" retrace les deux derniers mois du parcours fulgurant du leader assassiné le 17 janvier 1961, en intégrant de nombreux éléments historiques permettant de suivre l’enserrement du complot qui lui a été fatal.

Le cinéma comme instrument de mobilisation : Donnant plus à penser que prenant parti pris, la touche personnelle du réalisateur se précise dans l’acuité de son regard sur le réel. Les responsabilités potentielles dans l’assassinat de Lumumba sont présentées avec sobriété et respect des résultats de l’enquête menée par Raoul Peck en personne. Selon le poète Jean-Claude Charles : “Fiction ou documentaire, l’écriture du réel est une question-clé dans le cinéma de Peck. (...) Ce cinéma nous conforte dans l’idée que les rapports fiction/réalité ne doivent pas être de simples collages. Ils ont une dimension structurelle.” Ce premier essai de fiction historique en terre africaine est alors un franc succès... à l’étranger, et surtout aux Etats-Unis. Les salles françaises restent frileuses face à ce nouveau regard sur l’histoire africaine. La performance lui vaut la reconnaissance de ses pairs. Elle se confirme en 2005 avec la fiction "Sometimes in April", réalisée sur les lieux même du génocide des Tutsi au Rwanda, ainsi qu’à New York et au siège du Tribunal Pénal International pour le Rwanda à Arusha en Tanzanie. Basé sur des témoignages réels, le film plonge dans l’horreur des massacres en pointant du doigt les Nations unies. Les œuvres de Raoul Peck sont engagées politiquement et socialement sur des thèmes de prédilection : l’héritage des dictatures post-coloniales, le racisme, l’arbitraire, la mondialisation, le capitalisme et de manière générale les violations des droits de l’homme. Désabusé par une courte expérience du pouvoir en tant que ministre de la Culture dans son pays natal de 1995 à 1997, sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide, le cinéaste se consacre aujourd’hui entièrement à son Art qu’il conçoit comme une aide à la réflexion sur notre environnement, un "témoignage à l’Histoire".

Filmographie :
Courts métrages : 1982 « De Cuba traigo un cantar », 1983 « Leugt » DFFB, 1983 « Exzerpt », DFFB, 1983 « Burial », DFFB, 1984 « Le ministre de l’intérieur est de notre côté », DFFB, 1984 « Merry Christmas Deutschland », DFFB Fictions et documentaires : « Haïtian Corner » fiction, 98’, Volkenborn/ZDF (1988), « Lumumba, la mort d’un prophète » documentaire-essai, 69’, Velvet Film/Cinéramma (1991), « L’Homme sur les quais » fiction, 105’, France/Canada (1993), « Desounen - Dialogue avec la mort » doc., 52’, Developing Stories II, BBC (1994),« Haïti, le silence des chiens » documentaire Arte, 52’ (1994), « Chère Catherine » doc. 20’, Velvet, JBA Prod., WDR, Dokumenta X (1997) » Corps Plongés » fiction, 96’, Velvet, JBA Production, Arte (1997), « Lumumba » fiction, 115’, JBA Production &Velvetfilm (2000), « Profit & Nothing but ! Or Impolite Thoughts on the Class Struggle », 57’, doc. Arte & Libération Films (2001), « Sometimes in April », fiction TV, 135’, HBO, (2005) « L’Affaire Villemin », fiction série TV, 6x30’ (2006)


POUR MÉMOIRE
Voilà seulement 15 ans, le 6 avril 1994, commençait un nouveau génocide des Tutsi du Rwanda. Des massacres à grande échelle et très bien préparés, perpétrés par les milices et l'armée rwandaise encadrant la population hutu, font dans ce pays d'à peine 7 millions d'habitants, en 100 jours, un million de victimes : des hommes, des femmes et des enfants, du bébé au vieillard. Des victimes essentiellement Tutsi, dont le seul tort était d'être nées Tutsi, mais aussi des Hutu modérés qui s'opposaient à l'élimination des Tutsi.
Il est important de rappeler que les prémices de ces affrontements ethniques au Rwanda remontent aux années de la colonisation, plaçant d'emblée l'Occident au cœur du problème par l’application de normes et de stéréotypes européens visant à « diviser pour régner ». En effet, les Hutu et les Tutsi, sans oublier les Twa, forment une même ethnie, le peuple des Banyarwanda, partageant la même langue, la même religion, le même territoire et les mêmes coutumes. Cette ethnie se divisait certes, non pas en tribus, mais en catégories socio-économiques qui ne s'affrontaient pas, puisqu’une personne pouvait changer de catégorie durant sa vie. Il n'était pas, alors, question de domination ou de pouvoir.

Ce génocide est le 5ème génocide du XXème siècle, après celui des Hereros (1904, Namibie, par l’armée allemande), des Arméniens, des Juifs et des Cambodgiens.
La mémoire d'un génocide est une mémoire paradoxale : plus le temps passe, moins on l'oublie. Elle fait naître aussi des thèses révisionnistes visant à en relativiser l'importance, et des thèses négationnistes niant son existence. C'est pourquoi il faut entretenir et enrichir cette mémoire.
Comme il existe un droit de mémoire, il existe un devoir de connaissance pour éviter que les crimes ne se répètent.

POUR EN SAVOIR PLUS

Emission Là-bas si j'y suis d'Alain Mermet, France – Inter –
http://www.la-bas.org/ - Rwanda
Ouvrages sélectionnés par RITIMO et SURVIE : voir ci-dessous

DÉBAT AVEC L'ASSOCIATION SURVIE L.R.
Membre de la Maison des Tiers Mondes et de la Solidarité Internationale
Assainir les relations franco-africaines
Combattre la banalisation du génocide
Promouvoir l’accès de tous aux biens fondamentaux

Crée en 1984 suite à l’appel des prix Nobel contre la faim dans le Monde, SURVIE est une fédération regroupant quelques 1800 adhérents répartis en 23 groupes régionaux. Elle fonctionne grâce à la mobilisation de ses adhérents et sympathisants, qu’ils soient spécialistes ou simples citoyens. SURVIE fonde son action sur la légitimité qui incombe à chacun d’interpeller ses élus et d’exiger un contrôle sur tous les secteurs de la politique.
www.survie.org ; survielr@wanadoo.fr

SELECTION D'OUVRAGES ET ARTICLES SUR LE RWANDA – FEVRIER 2009
Extrait de la base de données Ritimo : http://
www.ritimo.org
Centre de Documentation Tiers Mondes, membre MTMsi: cdtm34@ritimo.org

De la révolution rwandaise à la contre-révolution. Contraintes structurelles et gouvernance 1950-2003
GAKUSI, Albert-Enéas; MOUZER, Frédérique - PARIS : L'HARMATTAN, 2003, 152 P.Le Rwanda est passé d'une révolution socio-politique menée par l'élite hutu dans les années 1950 à une contre-révolution politico-militaire réalisée dans les années 1990 par les descendants de l'élite tutsi en exil. A chaque fois, la conquête du pouvoir s'est faite par la violence et la redistribution des ressources en faveur du groupe vainqueur. Les co-auteurs soutiennent l'idée selon laquelle les difficultés structurelles (conditions économiques et pression démographique) et la mauvaise gouvernance (pouvoirs criminels, influences étrangères destructrices, tensions intercommunautaires et institutions inadéquates) s'entretiennent mutuellement pour créer un cercle vicieux de violences politiques/pauvreté/conflits. Ils évoquent les changements institutionnels à opérer pour résoudre ces problèmes en évitant de nouvelles tragédies.
Une saison de machettes
HATZFELD, Jean - PARIS : SEUIL, 2003/09, 312 P.Quelques années après le génocide rwandais, Jean Hatzfeld est retourné au Rwanda où il a rencontré une douzaine de personnes ayant participé aux massacres, en attente d'un jugement ou déjà jugées. Il leur donne la parole. Hatzfeld analyse le processus du génocide, et tente de comprendre comment ces personnes ordinaires, pour la plupart de simples agriculteurs encadrés par les autorités locales, en sont venus à massacrer leurs voisins, sans aucun état d'âme.
L'horreur qui nous prend au visage : l'Etat français et le génocide au Rwanda
CORET, Laure (sous la dir. de); VERSCHAVE, François-Xavier (sous la dir. de) - PARIS : KARTHALA, 2005, 592 P.Ce livre retranscrit le travail intense de recherche et de réflexion mené par la Commission d'Enquête Citoyenne organisée du 22 au 26 mars 2004 à l'initiative de citoyens et associations. Ceux-ci estimaient que le génocide du Rwanda ne pouvait continuer à être l'objet d'un tel déni des autorités responsables et parmi elles, la France. Des rapports, paroles d'experts, témoignages sont regroupés afin de reconstituer les différentes étapes du génocide, son organisation et ses implications politiques mais aussi financières.
Accusations suspectes contre le régime rwandais : Paris et Kigali rompent leurs relations
BRAECKMAN, Colette - LE MONDE DIPLOMATIQUE, n°634, 2007/01, P. 6-7L'auteure fait le point sur la rupture des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, le 25 novembre 2006. Cette rupture fait suite aux neuf mandats d'arrêt lancés par la justice française en l'encontre de personnalités de l'entourage du président rwandais, Paul Kagamé. Le juge français accuse l'ex-parti de ce dernier, le FPR (Front Patriotique Rwandais) d'avoir perpétré l'attentat contre l'avion du président Habyarimana en 1994 ; cela signifierait que le FPR aurait provoqué le massacre de ses compatriotes Tutsi pour s'emparer du pouvoir. L'accusation est rejetée par le gouvernement de Kigali qui prétend que cette manœuvre a pour but de masquer les liens de la France avec le régime raciste d'Habyarimana et la responsabilité française dans le génocide
Rwanda, un génocide populaire
KIMOYO, Jean-Paul - PARIS : KARTHALA, 2008/04. 539 P. (HOMMES ET SOCIETES)
D'avril à juillet 1994, le Rwanda a connu un génocide qui a fait un million de victimes. Ce génocide, reconnu par la communauté internationale, a déjà été très étudié, surtout en ce qui concerne l'aspect politique et international. L'auteur traite, lui, du rôle de la société rwandaise elle-même, dans laquelle a mûri la haine qui a rendu possible ce massacre. Il analyse particulièrement et en détails, deux préfectures, qui étaient éloignées du front de guerre civile entre l'armée officielle et le FPR. Cette enquête montre un génocide "populaire" où les frustrations sociales face à l'Etat se mobilisent contre le bouc émissaire Tutsi, où même les aspirations démocratiques sont dévoyées en haine raciste. Ceci n'exonère en rien les tireurs de ficelles, politiques ou militaires, mais montre la profondeur du mal qui rongeait la société rwandaise depuis des décennies.
L'inavouable : La France au Rwanda
SAINT EXUPERY, Patrick (de) - PARIS : LES ARENES, 2004, 291 P.Patrick de Saint Exupéry a couvert pour le Figaro le drame rwandais de 1994. De retour en France, il enquête sur les relations en coulisse entre la France et le Rwanda, il dresse le bilan des responsabilités de la France dans ce qu'il appelle le "troisième" génocide du XXème siècle.
France Rwanda : les coulisses du génocide
KAYIMAHE, Vénuste PARIS : L'ESPRIT FRAPPEUR; DAGORNO, 2002/01. 362 P.
Le génocide des Tutsi du Rwanda, perpétré entre avril et juillet 1994, a emporté en 100 jours plus d'un million d'hommes, de femmes et d'enfants, pour la simple raison qu'ils étaient Tutsi, et a supprimé aussi de nombreux Hutu "coupables" d'avoir caché, protégé ou refusé de tuer des Tutsi. L'auteur qui a réussi à fuir au Kenya a perdu une grande partie de sa famille dans ces massacres. Il témoigne et décrit l'engrenage infernal et l'effarant soutien que la France a apporté pendant 20 ans au régime rwandais.

SELECTION SURVIE :
http://survie67.free.fr/liens.htm

Témoignages/Littérature/essais sur le génocide

DIOP Boubacar Boris, Murambi, le livre des ossements, Paris, Stock, 2000.
KAYITESI Annick, Nous existons encore, Michel Laffont, octobre 2004 260 p
LAMKO Koulsy, La Phalène des collines, Butare, Kuljaama, 2000, 157 p.
MUJAWAYO Esther et BELHADDAD Souâd, La fleur de Stéphanie, Rwanda entre réconciliation et déni,
Flammarion 2006
MUKAGASANA Yolande et MAY Patrick, La mort ne veut pas de moi. Document, Paris, Fixot, 1997, 267 p.
MUKAGASANA Yolande et MAY Patrick, N'aie pas peur de savoir. Rwanda : un million de morts. Une rescapée raconte, Paris, Robert Laffont, 1999.
MUKAGASANA Yolande et KAZINIERAKIS Alain, Les blessures du silence. Témoignages du génocide au Rwanda, Arles/Paris, Actes Sud/Médecins sans frontières, 2001.
STASSEN Jean-Philippe, Déogratias (BD), Aire libre, 2000, 80 p.
STASSEN Jean-Philippe, Pawa (BD)
TADJO Véronique : L'Ombre d'Imana. Voyage jusqu'au bout du Rwanda, Actes Sud, 2000
UMURAZA Chantal, Une jeunesse rwandaise, Karthala, 2008
WABERI Abdourahman Ali, Terminus. Textes pour le Rwanda, Moisson de crânes, Le serpent à plumes, 2000

Histoire du Rwanda, ethnisme et génocide :

BA Mehdi, Rwanda, un génocide français, L'esprit frappeur, 1997, 111 p.
BRAECKMAN Colette et Human Rights Watch, Qui a armé le Rwanda? Chronique d'une tragédie annoncée, Les dossiers du GRIP, Institut européen de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, n° 188, 4/94, Bruxelles, 78p.
CHRETIEN Jean-Pierre, L'Afrique Des Grands Lacs : Deux Mille ans d'histoire, Aubier, 2000, 411 p.
PERIES Gabriel et SERVENAY David, Une guerre noire - enquête sur les origines du génocide rwandais (1959-1994), La Découverte 2007
PRUNIER Gérard, Rwanda: le génocide, Paris, Dagorno, 1997

Le génocide et les médias :

CHRETIEN Jean-Pierre (dir.), DUPAQUIER Jean-François, KABANDA Marcel et NGARAMBE Joseph, Rwanda : Les médias du génocide, Paris, Karthala, 1995
MAS Monique, Paris Kigali 1990-1994, Lunettes coloniales, politique du sabre et onction humanitaire, pour un génocide en Afrique, Paris, L'Harmattan, 1999, 527 p.

L'implication de la France (livres vendus par Survie) :

BIDERI Diogène, Le massacre des Bagogwe. Un prélude au génocide des Tutsi. Rwanda (1990-1993), L’Harmattan, décembre 2008, 150 p.
GOUTEUX Jean-Paul, Un génocide sans importance : la France et le Vatican au Rwanda, Lyon, Tahin Party, 2007.
GOUTEUX Jean-Paul, Le Monde, un contre pouvoir ? Désinformation et manipulation sur le génocide rwandais, L'esprit frappeur, 1999, 202 p.
DE LA PRADELLE Géraud, Imprescriptible, l'implication française dans le génocide tutsi portée devant les tribunaux, Les arènes, 15 février 2005, 187 p.
FRANCHE Dominique, Rwanda. Généalogie d'un génocide, Les petits libres, 1997, 95 p.
KAYIMAHE Vénuste, France-Rwanda : les coulisses du génocide. Témoignage d'un rescapé, Dagorno-L'esprit frappeur, 2002, 359 p.
KIMONYO Jean-Paul, Rwanda un génocide populaire, Karthala, 2008
De SAINT-EXUPERY Patrick, L'inavouable, la France au Rwanda, Les arènes, 2004, 287 p.