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Blog régional de l'association Survie (Aude, Gard, Hérault,Lozère,Pyrénées-orientales)

mercredi 22 avril 2015

Les dérives du Forum social mondial: vers la fin du processus ?

par Mimoun Rahmani ميمون الرحماني
Mimoun Rahmani est membre d'ATTAC/CADTM Maroc, du Conseil de pilotage du Forum social  maghrébin  et du groupe de coordination  du Comité pour  l'annulation de la dette du tiers-monde (CADTM). Il représente le Réseau CADTM international au Conseil international du Forum social mondial.

Genèse du FSM
Le Forum social mondial (FSM) est né suite à l’émergence du mouvement anti-mondialisation pendant les années 1990, notamment le soulèvement des zapatistes contre l’ALENA en 1994, la campagne contre l’accord multilatéral sur l’investissement (AMI) en 1998 et la grande mobilisation en 1999 à Seattle contre le sommet de l’OMC, avec près de 50 000 participants venus du monde entier.
C’était un contexte politique et idéologique marqué par le démantèlement du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide ayant entrainé l’hégémonie des USA et de l’idéologie libérale, mais aussi par l’émergence des mouvements sociaux en lutte contre les politiques ultralibérales dictées par les institutions économiques internationales (FMI, BM, OMC) dans le cadre du Consensus de Washington.
Les ennemis du FSM étaient donc bien identifiés : le Forum économique mondial de Davos, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce, les multinationales, les USA en tant qu’empire…
La charte de principes de Porto Alegre définit le FSM comme étant « un espace ouvert de réflexion, de débat d’idées démocratiques, de formulation de propositions, d’échange d’expériences et d’articulation en vue d’actions efficaces entre les mouvements sociaux et organisations de la société civile qui s’opposent au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d’impérialisme… »
Le Forum social mondial n’est donc pas un simple évènement de débat d’idées et de proposition d’alternatives au néolibéralisme. Il est aussi un processus continu qui vise la construction d’actions communes à l’échelle planétaire. En d’autres termes, le FSM devra jouer le rôle de catalyseur des luttes sociales, rendre les luttes plus visibles, dans l’objectif global de renforcer la lutte commune contre le néolibéralisme et, d’une manière générale, contre la globalisation capitaliste, afin de contribuer à inverser les rapports de force au niveau mondial.
Cependant, le FSM connait des dérives de plus en plus graves qui l’ont « réduit à l’insignifiance »[1], faisant de cet espace une simple foire internationale des associations et ONG de développement. Commercialisation à outrance au sein de l’espace du Forum, sous-traitance de certains aspects de l’organisation à des sociétés privées, frais d’inscription élevés, présence de délégations officielles et des intégristes islamistes, financement du Forum par des gouvernements antidémocratiques et d’autres sources de financement incertaines, enregistrement d’activités en totale contradiction avec la charte de principes du FSM…
S’ajoute à cela la crise interne que connait le Conseil international (CI) du FSM dont les commissions ne sont plus opérationnelles, ni d’ailleurs le groupe de liaison qui jouait le rôle de coordination entre les commissions et préparait les réunions dudit conseil. Les décisions sont le plus souvent préparées à l’avance par une minorité qui contrôle le CI, essentiellement des membres des grandes ONG dont la présence et l’influence sont de plus en plus importantes devant la faiblesse des mouvements sociaux et des mouvements de lutte.
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jeudi 16 avril 2015

Togo : nouvelle parodie électorale en vue, la France doit enfin prendre ses distances

par Survie, 15/4/2015
Dans 10 jours aura lieu l’élection présidentielle au Togo, petit pays emblématique de la Françafrique. Afin d’alerter l’opinion publique et d’exiger des autorités françaises une condamnation sans équivoque du régime togolais, arrivé et maintenu au pouvoir par la force et la fraude, l’association Survie publie un dossier hors-série de son journal Billets d’Afrique consacré aux relations France-Togo.
PDF - 1.7 Mo
Dossier hors série de Billets d’Afrique sur le Togo avril 2015
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Scrutin à un tour, non limitation des mandats, appareil sécuritaire bien en place, impunité, tous les ingrédients sont réunis pour un nouveau hold-up électoral au Togo. La population togolaise, excédée par l’incurie des pouvoirs publics, est-elle condamnée à rester prisonnière du clan Eyadema ? Installé et soutenu politiquement, économiquement et militairement par la France depuis près de 50 ans, ce régime a à son actif des décennies de répression féroce et a fait du Togo un des pays les plus pauvres du monde. A la mort du dictateur Eyadéma père, la tentative de donner un vernis démocratique à la prise de pouvoir par son fils Faure Gnassingbé s’était soldée par un bilan catastrophique lors d’une pseudo-élection, il y a 10 ans presque jour pour jour, où l’armée était notamment intervenue violemment dans les bureaux de vote pour voler les urnes : les violences du régime, avec des tirs à balles réelles sur la foule, avaient fait 500 à 800 morts, et provoqué l’exode de plusieurs dizaines de milliers de réfugiés.
L’impunité dont jouissent les responsables militaires togolais n’empêche pas la France, toujours liée au Togo par un accord de défense renouvelé en 2011, de maintenir sa coopération sécuritaire : les derniers chiffres disponibles indiquent que 14 coopérants militaires français étaient encore détachés au sein de l’armée togolaise en 2011 [1], et aucune réduction n’a été annoncée par l’exécutif socialiste depuis 2012. En novembre 2013, Faure Gnassingbé était reçu à l’Élysée par un François Hollande vantant l’engagement du Togo aux côtés de la France au Mali et la coopération économique entre les deux pays, sans évoquer les actes de répression commis au Togo cette même année. Un an plus tard, Vincent Bolloré inaugurait le troisième quai du port autonome de Lomé, un chantier pharaonique obtenu par son groupe avec l’appui diplomatique des autorités françaises. Loin de tirer les leçons de la récente insurrection burkinabè qui a renversé l’allié de toujours Blaise Compaoré, et à l’opposé des déclarations de « normalisation » des relations franco-africaines, les autorités françaises se compromettent à nouveau par leur complicité avec une dictature notoire.
Les discours tenus par François Hollande lors du dernier sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), à Dakar fin novembre 2014, semblent également en parfait décalage avec le silence actuel de la diplomatie française sur les conditions de préparation de cette mascarade électorale, à laquelle participent des experts de l’OIF à la demande du régime.
Comme le rappelle Fabrice Tarrit, président de Survie, « à l’exception de l’Algérie en 2014, le Togo est le premier pays du champ françafricain, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, à organiser une parodie d’élection. Celle-ci va avoir lieu dans un contexte social particulièrement tendu et alors que la contestation gronde également au Gabon, au Tchad, dans les deux Congos. Si François Hollande voulait tenir son engagement concernant la Françafrique, il gèlerait immédiatement la coopération militaire avec ces régimes, à commencer par le Togo, et refuserait de recevoir à l’Élysée des chefs d’État qui se maintiennent au pouvoir par la force  ».
Afin d’alerter l’opinion publique et d’interpeller les autorités françaises et européennes sur cette sinistre farce en préparation, l’association Survie publie en ligne un dossier hors-série de son journal Billets d’Afrique intitulé « Le Togo à nouveau entre violence et mascarade électorale ». Dans le prolongement des ouvrages déjà publiés par l’association [2], ce dossier revient sur le règne du général Eyadéma et, à sa mort, sur les conditions d’accès au pouvoir de son fils Faure Gnassingbé. Il offre un décryptage de la situation politique actuelle au Togo et fait le point sur l’impunité dans le pays et la coopération sécuritaire de la France.
A cette occasion, l’association Survie demande aux autorités françaises :
  • la mise en place de relations diplomatiques minimales avec le régime togolais
  • une prise de distance nette de la diplomatie française vis à vis du processus électoral en cours
  • la suspension immédiate de la coopération sécuritaire française avec le Togo
[1] Avis présenté le 30 mars 2011 par le député Christophe Guilloteau au nom de la commission de la Défense nationale et des forces armées, sur le projet de loi (N° 3196), adopté par le Sénat, autorisant l’approbation de l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République togolaise instituant un partenariat de défense (http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r3291.asp )
En 2010, l’un de ces coopérants militaires français avait provoqué un scandale par son attitude vis-à-vis d’un journaliste togolais (la vidéo est toujours en ligne sur https://www.youtube.com/watch?v=wcVvyhgu_2M). Le fait qu’il soit alors conseiller du Chef d’état-major de l’armée de terre togolaise n’avait en revanche pas choqué, comme s’il était normal que les coopérants français occupent des fonctions très haut placées dans l’organigramme de l’appareil répressif des dictatures africaines.

[2] Voir notamment Survie (coord.) Avril 2005, le choix volé des Togolais (L’Harmattan, 2005), et G. Labarthe, Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux, Dossier Noir n° 20 (Agone, 2005 ; édition revue & actualisée, 2013)

dimanche 12 avril 2015

Pouvoirs politique, militaire, économique : qui dirige en Afrique ?
Palabre Survie LR avec Fabrice Tarrit le 29 avril à Montpellier



Quoi de nouveau en Françafrique ?

De Sarkozy à Hollande, l'attitude de la France vis-à-vis de ses "anciennes" colonies d'Afrique varie en apparence; les entreprises se multinationalisent, la concurrence, chinoise ou autre, s'accentue… Mais qu'est-ce qui a vraiment changé ?
Fabrice Tarrit, président de Survie, en donnera une analyse actualisée.


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